lundi 28 décembre 2009

Comment fait-on pour mettre 200 personnes dans sa poche?

Steve ici, il sait y faire. Cependant, je doute qu'il ne se soit jamais consciemment fait la remarque; qu'il soit arrivé à un calcul lui permettant d'obtenir ce résultat. Je pense qu'on sait y faire ou non.

Il y a des gens qu'on manipule, d'autres qu'on va tout simplement charmer. Si on est un petit cul de 30 ans de Victoriaville P.Q. et qu'on s'attend de la vie à rien de moins que de mettre du pain sur notre table par le biais de chansons d'amour, sans réveil-matin branché à 6h30 5 jours/sem, sans autobus bondés, sans client frustré à l'autre bout du fil, on a intérêt à être doué...

Bon d'accord, Steve est rendu au stade du public conquis depuis belle lurette. Ça ne le dispense pourtant pas de devoir poursuivre l'opération charme s'il veut continuer à s'offrir un beau multi-grains à peine défourné à la boulangerie du coin.

La discussion est toute fraîche dans mon disque dur: dans la vie comme au hockey (bon, je sais que c'est une vieille référence de pub télé des années 80, de Quick je crois; m'en fous) on joue tous une game. Tu m'es utile, je vais donc te l'être, ou à ton beau-frère. On se sert les uns des autres. On veut arriver à une fin, tant mieux si c'est donnant-donnant ou si mon plaisir fait aussi le tien.

Bref, on manipule. On peut aussi appeler ça du charme si l'autre est conscient et consentant à être manipulé...

L'homo sapiens, dans de grands élans visant sa survie, déploie tout un arsenal de stratégies afin d'être le primate toiletté et non celui qui toilette. Je ne crois pas que ce soit si répréhensible, c'est simplement un signe d'adaptation. Survival of the fittest. Pas très charitable tout ça, mais bon, quand est-ce que la nature s'est avérée l'être???

Pour Steve, ça devrait aller pour un petit bout; il vend du rêve, de la magie, des petits nuages sur lesquels on peut se réfugier béatement l'espace de quelques heures...

Pour nous, tous les zombies du métro, on a intérêt à ramer afin de trouver les bons boutons où peser.

Sinon, c'est le pain tranché qui nous guette...

mercredi 23 décembre 2009

Il a l'air d'un fantôme. Pourtant...

Onirique, il flotte dans le cadre, insaisissable. On dirait qu'il attend juste qu'on pèse sur Play afin que cet extrait d'un flashback de film fantastique nous replonge dans le moment tragique où il disparaît. On voudrait lui saisir la main avant qu'il ne franchisse cette porte qui va irrémédiablement l'extirper de notre réalité.

Bon, ok, c'est creepy. J'arrête. J'écoute trop de films...

Noël qui approche me fait penser aux fantômes dans nos vies. Ceux qui sont dorénavant d'un autre monde (si cela est possible, à vous de décider) comme ceux qui sont toujours animés mais qu'on a effacé de notre vie.

Ou ceux qui nous ont rayé de la leur...

Il y a aussi le fantôme de celui avec qui on a partagé un moment festif qu'on sait enfui à jamais.

Il y avait ce gars, Dany, quand j'avais peut-être 20 ans. Il semblerait que les cellules de son cerveau ont décidé de se reproduire à un rythme effréné. J'ai le doux souvenir d'une très modeste et savoureuse veillée de Noël de cégepiens qui s'appliquaient à refaire le monde.


Puis il y a Guillaume qui a donné le coup de marteau ultime le 23 novembre dernier. Ça va sûrement faire un gros trou dans son mur familial demain.

Je pense à ce père que j'ai choisi de ne pas réapprivoiser; je me demande néanmoins de quoi avait l'air ses humbles réveillons avant qu'il ne décide qu'il est l'heure d'aller fêter ailleurs.

Et puis il y a cette famille qui ne se peut plus d'en être une. Et puis celle qui change de définition.

Parfois je me dis que c'est Noël tel qu'on l'espère qui est le pire des fantômes. Ces derniers temps, j'ai constaté une importante lassitude face à ce fatidique 25 décembre. Les gens semblent accablés par toutes ses conventions. J'en connais même qui ont pleinement choisi de réveillonner seul.

Personnellement, je ne l'appréhende pas. Je sais que je ne vais pas me réveiller le 26 au matin en me disant que c'est un autre Noël qui m'a échappé. Celui-ci, pour une fois, il va me ressembler.

La vie est vachement évanescente. Faites gaffe. Les enfants grandissent, les parents grisaillent, n'oubliez pas d'être heureux un peu. Qui sait ce dont demain sera fait.

jeudi 17 décembre 2009

«Attention, ça créé une dépendance.»

De son air désabusé, c'est la dernière chose que M. Fido m'a dit avant que je ne quitte sa boutique avec mon nouveau jouet.

On pourrait penser qu'il venait de conclure une vente, mais ce n'est pas vraiment ça. Fidèle à ma routine consommatoire, j'avais préalablement magasiné sur internet, je savais précisément ce que je voulais, je me suis rendue au point de vente, j'ai décliné toutes les offres de gizmo non compris, ai rempli les formalités, payé et ai quitté.

Pas exactement une vente difficile.

Bien qu'elle puisse sembler précipitée, ce fut néanmoins une décision d'achat longuement soupesée.

Je craignais en effet la dépendance. Je ne voulais pas devenir celle qui emmerde des étrangers dans l'autobus avec les banalités de son quotidien. Je ne voulais pas que mon bel objet rutilant me dépouille de ma pudeur. Je ne voulais pas non plus qu'on puisse à l'avenir me rejoindre en tout temps.

Mais surtout, je ne voulais pas précipiter la mort longuement annoncée de l'écrit (celle évoquée dans un billet du 22 juillet; j'entre dans une phase rétrospective on dirait...).

Pourtant, j'y participe. À tout le moins, à sa mort annoncée dans sa forme papier-crayon.

J'ai donc décidé de faire mes devoirs; je me suis pourvu d'une discipline quasi anale me prémunissant contre les méfaits terribles de cette technologie potentiellement envahissante. Une espèce d'étiquette cellulaire:

Ainsi, qu'à cela ne tienne si cela doit me coûter 2 fois 15 sous, mes messages textes ne contiennent que des phrases complètes, ponctuées et conjuguées au meilleur de ma connaissance.

Je respecte m. Employeur qui s'attend à ce que je ferme mon joujou téléphonique pendant les heures de travail (pourquoi diable voudrais-je d'ailleurs l'utiliser, étant alors déjà encombrée d'un téléphone analogique?).

Je ne réponds généralement pas lorsque je suis en compagnie d'une autre personne. Les boîtes vocales, c'est pas pour les chiens. Il me semble que c'est la moindre des courtoisies pour la personne devant nous qui nous fait don de son temps. C'est comme croiser une connaissance dans la rue et ne pas lui présenter la personne qui vous accompagne déjà; c'est vachement rude.

Vive les messages textes! Pas d'étalage de vie privée dans des circonstances inconvenantes. Personne d'ainsi importunée ou réveillée à l'autre bout du signal satellite. Comme pour le courriel, l'Autre prend connaissance de votre besoin de communication au moment qui lui convient et peut vous répondre à 3h du matin si ça lui chante.

Et puis disons-le, quelle belle surprise lorsque quelqu'un vous fait le cadeau d'un message aussi loufoque qu'inattendu alors que vous êtes en train de vous faire chier à choisir entre le pain brun multi-grains et le 9 céréales!

Je suis donc somme toute relativement immunisée de toute dépendance cellulaire. Je peux l'affirmer maintenant que ça fait un bon 9 mois depuis la mise en garde de m. Fido.

C'est d'ailleurs en apercevant ce dernier l'autre soir, perdu dans le fond de sa boutique, dépourvu de tous clients et donc de travail, que j'ai pensé à vous entretenir de ce sujet.

Il parlait dans son cellulaire...

samedi 12 décembre 2009


Voici la main d'un champion de l'ironie. Triple médaillé du sarcasme.

Je le sais ainsi car je suis moi-même une championne olympique dans ces disciplines.

Mais au delà de cet étalage de muscles, l'ironie est avant tout un art.

L'ironie dépasse beaucoup de gens. Certains ne l'apprécient guère. D'autres ne semblent tout simplement pas pourvus de cette aire cérébrale (à ce jour toujours non-circonscrite) dans laquelle siège cette fabuleuse disposition à la gymnastique des 2e et 3e niveaux de conversation.

Enfin, d'autres l'approuvent mais ne la pratiquent pas. Mes hommages à ces derniers. Vous nous encouragez dans le vice, vous nous acceptez dans notre inconvenance et surtout, vous consentez à être régulièrement déroutés et abandonnés hors de votre zone de confort. Merci mille fois, vous êtes fantastiques.

Mais comprenez-moi bien, le sarcasme et l'ironie dépassent souvent le simple commentaire smart-ass. Le nombre de fois où j'ai abusé de cette verve mesquine pour vider le fond de ma pensée, c'est indécent. Mais à force de nous entendre jouer avec les idées et les mots, la plupart de nos interlocuteurs démissionnent et se résignent à ne pas savoir où l'on se situe. Et à être embarrassé.

Provoquer le malaise, quel beau plaisir sadique...

Mais bon, c'est évidemment une arme à deux tranchants. L'homo-ironicus qui cherche à louanger est généralement incompris; les gens cherchent le piège ou la caméra cachée... Tant pis pour lui.

Et lorsque deux ironiques discutent, comment font-ils? Eh bien, ils ont intérêt à être vachement intuitifs...

Non, en réalité, ils ont une banale conversation puisqu'il n'y a pas de témoins...

mardi 8 décembre 2009

Y'a des grosses barres rouges dans le page d'accueil de MétéoMédiocre. Demain, 9 décembre 2009, jour maudit, IL VA NEIGER!!!! Un gros 35 cm de flocons vont tomber sur ma grosse métropole d'amour. Vite, courez aux abris!

Tout le monde ne parle que de ça, comme si on allait en mourir. Comme si ça ne faisait pas partie de ce que nous sommes que de pelleter. Le Québécois, hypocrite, s'indigne devant son prétexte numéro un pour pester dans le quotidien.

Mais oui, vous serez en retard au boulot, la morve au nez, tout rouge d'avoir gueulé après cet imbécile devant vous sur la 40 qui n'a pas encore mis ses pneus d'hiver.

Et alors?!

Comment tant de gens amers ont-ils pu oublier la magie?

Les milliards de flocons, tous uniques.

Le bruit sourd de nos pas dans la neige fraîchement tombée. Comme un gros carton qu'on plie en deux.

Le faisceau du lampadaire qui se réverbère dans la neige, scintillante.

Se jeter dans un gros banc de neige vierge et sentir cette grosse masse d'eau feuilleté se compacter afin d'épouser le moindre de nos replis.

Lancer des boules de neige sur les panneaux Arrêt et se sauver lorsque les gens sursautent étant donné le vacarme.

Marcher dans le froid avec un gros café dont la chaleur pénètre nos mitaines...

Allez ça va pas vous tuer, ressusciter le gamin en vous qui adorait tout ça.

mardi 1 décembre 2009

Une gamine de 9 ans qui s'initie au skate.

Elle est coquette, de beaux grands cheveux, un langage soigné, de belles manières et pourtant... le skate c'est cool!

Une jolie petite main résolument en fer mais dans un gant néanmoins pas en velours.

Elle avait envie d'essayer, alors moi et fils l'avons emmené à la rampe tout près de la maison.

Il y avait aussi petite soeur qui se perchait partout. Un surplus d'adrénaline.

Peut-être suis-je encore un peu encombrée par les stéréotypes de mes 17 ans, mais des filles en skate, ça ne court (ou roule) pas les rues. Je suis donc toujours un peu déconcertée lorsque je ne lis pas la peur dans les yeux des petites filles qui osent.

Il n'y avait pas de peur dans les yeux de la gamine de 9 ans, juste de la curiosité très brillante dans son regard malicieux.

Et puis maman était là aussi. Maman est contrôleuse maritime. Ça m'épate tellement, je passe mon temps à me le dire à voix haute tellement ça m'impressionne. Concrètement, ça veut dire que la madame fait circuler des gros bateaux sur la voie maritime du Saint-Laurent et les guide à travers son écluse d'adoption.

Alors voilà, comment diable imaginer que ses gamines puissent vouloir jouer aux Barbie???

Personnellement, j'ai perdu un temps fou à jouer aux Barbie. À m'inventer la vie des adultes. À me préoccuper de fringues et de décoration intérieure. À m'imaginer l'amour conjugal dans ses rôles les plus traditionnels. À me faire des scénarios de prince charmant qui serait tout le temps charmant.

J'ai perdu beaucoup de temps à ne pas essayer tous ces trucs destinés aux gars qui avaient l'air vachement chouettes.

Puis, les Barbie ont commencé à se suicider en se jetant en bas du balcon de chez Josée, une autre fille manquée comme on nous appelait dans le temps. On s'est alors mises à arpenter les rues sur des skates avec nos Converse multicolores et nos têtes semi-rasées.

Comme j'aurais adoré être initiée à la planche dès mes 9 ans.

Mais au moins je me rattrape, euh...je me suis rattrapée.

samedi 28 novembre 2009

Le chat est un animal solitaire.

Je le sais, j'ai déjà logé un troupeau de quatre félins. C'était vachement territorial.

L'homo sapiens peut aussi être une bête bien adaptée à la solitude, s'il cesse bien entendu de redouter ses moments en marge. Je le sais ça aussi car je les ai crains longtemps.

Cette photo fut prise au même endroit que celle du 25 juillet. C'était un billet sur la solitude justement. Je commençais à peine à l'apprivoiser. Même endroit mais pas du tout le même contexte. En fait, quand j'ai capturé minou ici présent, j'étais accompagnée d'une autre primate bipède de sexe féminin.

Etre seule me permet maintenant de savourer davantage les moments où je suis avec d'autres. Et vice-versa. Bon, je sais que ça sonne comme un affreux cliché pourtant je suis réellement arrivée à harmoniser mon monde intérieur à celui que je partage avec les autres. D'ailleurs, je ne suis pas peu fière de constater que cela m'a pris à peine 4 mois à accomplir ceci alors que j'avais des années de rattrapage à faire.

Quand on est seul, l'univers entier s'ouvre à soi. On se pointe la tête sur le bord de la porte et on décide si on tourne à gauche ou à droite. C'est une constellation de magnifiques petites décisions qui nous permettent un plein contrôle sur notre vie.

De grosses phrases pour dire la liberté.

Mais immanquablement, dans toute cette liberté, l'humain finit par piétiner. Dorénavant insatisfait, il ressent le besoin de partager. Il veut tester sa pensée, comparer ses impressions, mesurer sa place dans l'univers. Il est alors prêt aux compromis; il fréquente.

Naturellement, chacun d'entre nous avons des seuils de contrôle et d'insatisfaction qui nous sont propres. Mais quel joli chaos lorsque nos univers entrent en collision.

lundi 23 novembre 2009

Enfoncer le clou.

Qu'est-ce qui fait qu'on décide à un certain moment donné que c'était le dernier coup de marteau possible?

Je suis, nous sommes des clous parmi des milliers d'autres. Pourquoi celui-ci, pourtant à moitié démoli, tient-il le coup? Pourquoi l'autre rutilant et robuste, à tout le moins en apparence, vient-il de s'enfoncer irrémédiablement?

Je ne ferai pas semblant de comprendre. J'ai toujours été un minimum maso pour croire que de toute cette souffrance, il ressortirait systématiquement un petit quelque chose qui en aura valu cette peine, justement. La peine de ne pas jeter l'éponge. À date, cette pensée naïve m'a toujours donné raison ou c'est moi qui lui ai donné raison, qui sait?

Peu importe, l'important c'est que je suis encore là.

J'ai toujours cru que lorsque le moment serait venu, il n'y aurait pas lieu d'avoir peur. Mon parcours est un enchevêtrement de larmes, de rires, de jouissances et de questions, et lorsque j'arriverai au bout de la route, ben ce sera game over, c'est tout. Mais je ne vais certainement pas volontairement lâcher le joystick...

Ciao Guillaume.

samedi 21 novembre 2009

Je ne vivrai jamais en banlieue. Je flétrirais sans toute cette créativité pour m'entourer, me combler, m'émerveiller. L'humain sait donner dans l'ingéniosité lorsqu'il se doit de s'adapter; n'est-ce pas là l'essence même des grands centres urbains que d'être de grosses ruches fonctionnelles???

La banlieue me semble la pire des hérésies: sacrifier nos terreaux les plus fertiles à des milliers de piscines hors-terre. On devrait cesser de s'étaler. Assumer que de s'être multiplié à outrance implique des responsabilités. Cesser d'exiger le beurre et l'argent du beurre. Vilipender une grande métropole qu'on dit sale, bruyante et dangereuse après s'y être grassement diverti pour ensuite retrouver une quiétude toute relative au bout d'une autoroute??? C'est pas sérieux...

Et voulez-vous bien me dire ce qu'on pourrait exiger de plus? On a un métro avec de l'art dedans!!! Une grosse chenille pneumatique bleue filant infatigablement dans son long tunnel orgiaque de vitraux, de céramiques, de photos, de pictogrammes.

La ville c'est des milliers de visages, de textures, de reflets qui m'essoufflent tellement c'est riche. Des milliards de petits moments de grâce. C'est un univers sur lequel je n'arrive absolument pas à avoir d'emprise tellement il est plus grand que nature. La ville me dépasse, me confonds.

Il y a toujours dans un petit racoin de cette belle cité une trace de son génie humain. Une trace de sa détresse, sa débrouillardise, son impatience, sa folie, sa révolte, sa tendresse.

mercredi 18 novembre 2009

J'aime bien les ratés dans la communication.

Tout à l'heure, j'ai reçu en copie conforme un courriel qu'un vieil ami devait strictement destiner à une certaine Catherine.

Catherine, Christine... Il a certainement fait un clic de trop juste en-dessous dans sa liste de contacts. Et maintenant qu'il est tout frais dans ma mémoire, je suis prise à me demander ce qu'il devient, comment est sa vie et autres curiosités obsédantes...

Bien entendu, je me suis moqué de son erreur en lui répondant, mais sans plus. Cela fait des années que nous ne nous sommes pas parlés, je ne vais donc pas soudainement m'imposer dans sa vie. Pour l'instant, je vais me contenter d'être très amusée qu'il soit toujours aussi sémillant et maladroit...

Comment se fait-il que je sois toujours dans sa liste de contacts? Et lui dans la mienne? Va-t-il me répondre et devenir une forme d'ascendance dans ma vie ou va-t-il retomber dans mon oubli pour les 5 prochaines années?

C'est un de ces hasards de la vie que j'affectionne tant. Un cadeau dans mon quotidien.

Un renouement nullement forcé avec mon passé.

Une boulette pour me rappeler le chouette souvenir d'un drôle de type.

Pourvu que nous soyons disposés à les embrasser, les ratés pullulent. De jolis nids à chambardements.

samedi 14 novembre 2009

Je trouve cette fille exquise. Je ne la connais pas. Une figurante de service pour l'Halloween à La Ronde.

Je trouve que le zombie lui va bien.

Cette photo trône à mon bureau au boulot depuis l'Halloween; les patrons voulaient qu'on décore. Je ne me suis pas résignée à l'enlever, je l'aime trop.

Mon bureau est sur un bord d'allée très passant, ce qui m'a permis de constater que beaucoup de mes collègues ont choisi de volontairement ne pas la remarquer. Sinon, ils font la grimace et demandent si c'est moi ou une de mes amies sur la photo mais sans vraiment s'intéresser à la réponse.

J'aime bien les choses creepy, ça bouscule, ça dérange, ça fascine.

J'ai toujours aimé les corps avec du caractère. J'aime les gars mal rasés, les filles un peu potelées, les coudes usés, les blessures mal cicatrisées, les veines saillantes, les dents mal alignées, les marques de lunettes sur le nez, bref (trop tard, comme dab), les corps portant les marques d'un individu réellement incarné dans son enveloppe charnel, les détails de celui qui habite son corps.

Bon d'accord, la jolie brune a un look étudié de zombie. Mais ce n'est pas le look de l'individu qui cherche à séduire et c'est justement ce qui me plaît.

Je réalise que ça explique très certainement pourquoi je suis toujours embarassée par les compliments sur mon apparence physique; j'ai toujours l'impression que ça me ramène à ce qu'il y a de plus superficiel en moi. Je sais pourtant que ce n'est pas l'intention des gens qui font ces compliments. C'est sûrement le piège de l'enveloppe: je crains qu'en commentant mon apparence physique, les gens ne se mettent à sous-estimer la substance de mon esprit.

Comme d'autres, je me méfie de la beauté. Une enveloppe trop étudiée, trop léchée ne dissimule-t-elle pas souvent un vide en contenu?

P.S. Je ne cherche pas les compliments d'ordre physique, visiblement, ce serait mal reçu... :)

dimanche 8 novembre 2009

Comme j'en ai cruellement manqué ces derniers mois, j'ai récemment décidé de faire preuve d'un peu d'empathie pour mon chat. J'ai cru qu'il serait bon d'embrasser son point de vue sur la vie. De pousser l'empathie jusqu'à me mettre dans ses pattes poilues. De voir les choses à travers ses gros yeux jaunes.

J'ai donc pris mon Canon Power Shot SD 1000 et je me suis couchée à plat ventre au sol. Et là vous en observez le résultat.

Vous vous demandez encore pourquoi le chat domestique a un tempérament nerveux???

J'ai pris des dizaines de clichés révélant mon appartement comme je ne l'avais jamais vu auparavant. Ce fut captivant pour la bipède en moi!

C'est très laborieux que de tenter de se mettre dans la tête des autres (bon, peut-être pas tant dans celle d'un chat). Et inconfortable. Il faut savoir faire un reset sur ses schèmes de pensée, ses valeurs, ses croyances et sincèrement être prêt à s'effacer, à s'oublier ne serait-ce qu'un instant.

Oui je sais j'abuse du mot reset...

J'ai un ami qui est fabuleusement champion là-dedans. Tu lui décris deux ou trois de tes interactions avec un individu dont il ignore tout a priori: il te le révèle comme s'il s'agissait de lui. Il est carrément dans sa tête, comme un personnage d'un roman qu'il aurait écrit. Il a rapidement saisi toutes les motivations, toutes les failles de l'Autre. Tout s'imbrique, tout devient clair.

Alors lorsqu'en plein désarroi parce que tu ne sais pas trop ce qui t'es arrivé avec l'Autre, eh bien c'est vachement réconfortant. Tu peux enfin comprendre, finir le chapitre et fermer le livre.

L'empathie c'est un muscle. Et nous ne sommes visiblement pas tous des athlètes.

mardi 3 novembre 2009

Une impulsion: un déclic dans le vide, les doigts gelés, l'objectif à l'envers de mon point de vue, une posture vachement inconfortable. Ça donne un tournesol qui regarde un arbre.

Un fucking fabuleux tournesol qui admire ou appelle ou implore un majestueux arbre que je sais même pas quelle essence que c'est, des dizaines de pieds plus haut.

De la magie. De la poésie.

On espère rien de quelque chose, on le fait tout de même. Et on est parfois subjuguée.

Je regarde cette image née toute seule puis j'ai un poing dans le thorax. Ça me fait mal parce que je trouve ça trop fort. Ça me parle trop. C'est du bonbon parce que tellement symbolique. Symbolique de ce qu'on veut. Symbolique comme un rêve qui vous hante tant que vous ne lui avez pas trouvé un sens.

Trop beau de simplicité, trop complexe de richesse.

On s'acharne parfois à cultiver du stérile pour finalement découvrir que ça verdoie ailleurs dans l'improbable.

dimanche 1 novembre 2009


Ça c'est la tête du gars qui ne voit pas le «fléau» qui l'afflige. Il prend présentement d'assaut tous nos abribus montréalais.

Là il n'a carrément pas de yeux, on le déresponsabilise big time. En réalité, ne ferme-t-il tout simplement pas les yeux? Était-il si démuni qu'il n'avait absolument aucune façon de voir ça venir????

Ce «fléau», vous le connaissez tous, il est à la base de la société de consommation nord-américaine. Il serait le solution de certains, la pensée magique de beaucoup d'autres. Il aurait précipité le monde capitaliste dans la récession. Il serait l'antithèse de l'épargne, sinon l'élément perturbateur de sa déchéance. C'est un monde où les spéculateurs seraient rois.

Vraiment?

Je ne le nomme pas car il met du pain sur ma table. Et c'est très bien ainsi. En même temps, je serais franchement malaisée de le dénigrer. Les Anglos disent don't bite the hand that feeds.

Il a le dos large. Il deviendra le nouveau Mal de demain. Le bouc émissaire favori de la société bien-pensante. Éventuellement, on trouvera probablement un vaccin (désolé, c'était trop tentant) pour nous en prémunir...

Mais existe-t-il un vaccin contre l'insouciance???

Je connais ses rouages par coeur, toutes ses failles, tous ses pièges, presque toutes ses conséquences. Je sais qu'il est maintenant bien plus qu'un mode de paiement, on doit frayer avec, nécessairement. Il nourrit des tares, des dépendances même.

Il est par ailleurs devenu bien davantage qu'une carte de visite. Il est devenu votre pedigree dans la cour des grands. Il faut savoir faire ses preuves, s'y mesurer...

Il nous tente, certes. Mais quand on cède à une tentation dans la vie, il faut savoir l'assumer pleinement après. Ne venez pas pleurer ensuite en feignant la naïveté! Le grand séducteur vous a dit son nom. Il vous a ouvert sa porte, vous avez résolument signé.

Gardez juste les yeux bien ouverts. Sans tomber dans une nouvelle psychose, sachez que ce Mal-là pardonne. Éventuellement.

jeudi 29 octobre 2009

Avec une exquise régularité survient une agréable voix d'homme dans mon téléphone afin de me rappeler en grande partie pourquoi j'aime tant mon travail.

J'aime les hommes. J'aime leur différence, j'aime leur parler; ils sont une espèce étrange, leur cerveau fonctionne bizarrement.

J'aime leur pilosité, leur mâchoire carrée. J'aime leurs grosses mains, leurs bras sculptés par des veines saillantes. J'aime leurs épaules carrées, leurs genoux rocailleux.

Des plus taciturnes aux plus faconds, ils auront toujours pour moi quelque chose de délicieusement bourru, revêche. L'homo sapiens mâle a beau t'entretenir de sa plus savante théorie, je perçois tout le temps, pas très loin derrière, son côté concupiscent.

Et ce n'est jamais aussi évident que dans leur voix. Cette belle voix aggravée par cette petite pomme dans leur gorge.

Bon, bien sûr, certaines voix d'hommes sont franchement intolérables (Bruno Guglieminetti, pourquoi ce type ne se contente-t-il pas de bloguer??!!) mais la majorité d'entre eux n'ont ni le timbre trop haut perché, ni trop nasillard.

Heureusement pour moi.

Avoir de belles voix graves, qui s'en vont se perdre dans le fond de mon cerveau, même si elles me réclament sans cesse de l'argent; m'en fous!

D'ailleurs, 2 voix qui se rencontrent, ça dérape parfois...

La fin de semaine, j'ai mon iPod pour combler mes oreilles de grondements virils. Voici un aperçu des voix d'hommes les plus exceptionnels de mon univers musical:

Mark Hollis. Le formidable chanteur de Talk Talk a une voix inimitable. Onirique, irréelle, tragique, c'est la seule jolie voix nasillarde que je connaisse. Il sait crier en chantant. Tout en retenue, il crache néanmoins ses tripes avec une jolie ironie (I Believe in You).

Bono. Le gars qui n'a plus besoin de présentation n'a pas le spectre vocal le plus exceptionnel mais il est entre autres doté d'un charmant falsetto (Lemon). Il sait quoi faire avec la gorge héritée de son papa. M. Hewson éructe directement du gosier, là où le bât de la séduction blesse, et il le sait. Certainement une des voix les plus racoleuses du monde du rock.

Chris Cornell. Bon, bien que le jadis grungeur chante certes maintenant des mièvreries innommables, comment oublier tout ce qu'il arrivait à pousser à l'époque de Soundgarden??? On dit de lui qu'il arrive à faire quatre octaves distinctes. Prestidigitateur du larynx, le gars est plus aigu que ses guitares (Jesus Christ Pose)! Le miracle se nomme vocal belting. Quelle puissance inspirante! Garanti de faire gicler l'adrénaline même chez le plus amorphe parmi vous!!!

Thom Yorke. Le Creep en chef est sans contredit béni d'une élégante voix de ténor, un superbe mélange de vibrato et de falsetto enrobé dans une magnifique capacité pulmonaire lui permettant de garder la note (Reckoner). Même si on se prêtait à l'exercice déchirant de faire abstraction du génie expérimentateur et profondément artistique présent dans toute la musique de Radiohead, la voix de Thom a elle seule en vaudrait le détour tellement elle est magique. Elle est douce, apaisante, inquiétante, inquiétée; toutes les émotions y passent.

There was nothing to fear and nothing to doubt
...

Si Thom le dit...

samedi 24 octobre 2009

Vendredi, j'ai vu Pi...? avec Annabelle à La Licorne.

Une création de Christian Bégin. Ça faisait une paye que toutes les deux on se devait du théâtre à nous-mêmes.

10h40. J'en étais encore à déterminer si c'est nous qui nous exhibions dans la vitrine du Second Cup ou si c'était la rue qui s'affichait à nous lorsque Christian passa sous nos yeux.

Il n'avait plus sa chemise de lin dans laquelle il avait tant gueulé son mal de vivre quelques minutes auparavant. Il tenait plutôt fermement un blouson contre lui dans la froideur de la mi-octobre. Il n'avait plus le regard désemparé de son personnage. Il n'était qu'un type grisonnant comme des tonnes d'autres sur Mont-Royal ce soir-là.

Quelques minutes plus tôt, il nous crachait ses tripes avec ses complices pigistes devant l'éternel. Ses amis et lui donnaient corps à une histoire d'une grande intensité. Chaque personnage y hurlait sa rage, sa peine, sa folie, y avouait son désir, ses failles dans un grand élan d'exubérance.

Maintenant, il n'était que monsieur-madame tout le monde qui a oublié d'acheter du jambon pour les sandwichs des enfants.

Comment fait-il??!!

Comment canaliser toute cette intensité et réussir à la mettre rapidement de côté? Comment reprendre le cours normal des choses après s'être tant déployé? Comment simplement se préoccuper de notre démangeaison au coude lorsqu'on vient de bouleverser des dizaines de personnes?

L'intensité est partout. Partout où l'on veut bien qu'elle soit.

Pour moi, elle est dans cette photo, cette photo qui est TROP. Trop ce que vous voudrez.

Je connais des gens qui contrôlent leur intensité, qui la craignent comme la peste. Ils ne parlent jamais avec volubilité ou excès, ils gardent leurs idées pour eux de peur de choquer ou de provoquer un débat. Il ne rit jamais trop fort, ne gênent jamais personne.

Ils ont peur.

Ils ne chantent jamais faux parce qu'ils ne chantent pas. Ils se trompent rarement parce qu'ils ne se commettent tout simplement jamais.

Ils ne prennent jamais de risques, ou à tout le moins jamais celui de l'intensité.

Pas de montagnes russes ni aucune autre grosse mécanique pour vous faire perdre la tête et hurler. Le linéaire. Le monocorde. Flatliners. Pas de mauvaises surprises parce que pas de surprises.

FUCK LE FREIN!!!

mercredi 21 octobre 2009

D'habitude, j'extrais une photo de ma collection et j'élabore à partir d'elle. Bon, là j'ai décidé d'inverser ce à quoi je vous avais habitué car un concept erre dans mon esprit depuis quelques semaines et je n'ai aucune fucking photo là-dessus, ce qui n'est pas étonnant puisqu'il s'agit d'un concept.

Mais je vais d'abord vous parler de ma vision périphérique.

J'en ai une excellente depuis ma période basket-ball. Pour le bénéfice des novices parmi vous, sachez que la vision périphérique c'est la capacité de voir en bordure du champ de vision. Ça se développe mais ça rend aussi un peu parano. Par contre, ça sert vachement à ne pas se faire tuer en vélo sur René-Lévesque un lundi à 16h20.

C'est comme sur cette épreuve-là, j'en ai pas l'air mais je vous ai tout de même un peu à l'oeil...

La vision, ça peut être une foule de choses: une représentation mentale, une perception sensorielle véhiculée par notre nerf optique, la représentation visuelle d'un objet pourtant absent de notre dimension concrète...

En ce qui me concerne, c'est dans la manière d'appréhender la réalité que la notion de vision m'intéresse au plus haut point. Et plus je pense à cette habileté d'aller au-delà de l'offert que constitue ma vision périphérique, plus je me questionne sur ce que je ne saisirai probablement jamais, malgré toute mon acuité, c'est-à-dire tout ce qui se ramasse dans mon angle mort.

Mon angle mort me préoccupe, m'inquiète, me torture.

Je vous fais le coup du Wiki:

L'angle mort est la zone inaccessible au champ de vision pour le conducteur d'une voiture parce que elle n'est pas couverte par les rétroviseurs.

Je compte sur les meilleurs amis du monde, ceux qui savent avoir le recul, le détachement et surtout la franchise nécessaires pour vous mettre en face de tout ce qui vous échappe. Car je déteste particulièrement l'idée que quelque chose puisse m'échapper. Mes amis sont francs et avisés. Ils savent que mon orgueil m'est moins précieux que leur lucidité. J'ai besoin que leurs rétroviseurs complètent les miens. Surtout que je roule toujours trop vite. Je file continuellement, totalement candide, vers les accidents.

Oui, bon c'est ok les petites collisions occasionnelles, ça forme la jeunesse. Mais si on croyait avoir pris toutes les précautions nécessaires et qu'on se pète néanmoins la gueule (parce que disons-le franchement, on ne va quand même pas rester sur le bord du trottoir jusqu'à ce que les réserves mondiales de pétrole soient épuisées pour se décider à foncer car on est PARALYSÉ à l'idée que quelque chose de moche se produise)???? Je souhaite qu'en me relevant on puisse m'expliquer ce qui s'est passé, car je serai nécessairement désorientée.

Quelque chose m'a échappé, je veux savoir quoi. Ça m'a fait très mal, je veux faire en sorte que ça ne se reproduise jamais.

vendredi 16 octobre 2009

Dans mon univers de salariée 9 à 5, la fin de semaine comporte toujours, mais vraiment systématiquement, du vin. C'en est presque par moment un devoir avant d'être un plaisir. Ou un devoir de me faire plaisir.

Mon univers est bien dérisoire si on le compare à celui du vin. Et là je sens le besoin de vous dire de ne pas vous en laisser dicter par le naturel pédant du monde viticole. De toute façon, vous êtes allés à la SAQ récemment? Je déteste ce monopole improductif et malgré tout outrageusement rentable où on retrouve un ratio de 3 employés par client qui passe leur journée à bitcher sur leur clientèle. Pas de quoi être intimidé...

Il existe des milliards de prétextes pour être intimidé par ce monde faussement inaccessible et dont la complexité est largement surfaite. Les vins du Nouveau Monde ou non? Les vins nouveaux ou le Beaujolais habituel qu'on retrouve sur la tablette à l'année? Que penser des bouteilles dévissables? Vais-je m'en rendre compte si le vin est bouchonné (oui, oui, c'est horrible)? Le liège ce maudit ou le bouchon de mousse? Est-ce que ça doit réellement décanter? Combien de temps? Chambrer le rouge avant de le déboucher ou non?

Il n'y a pas de bonnes réponses, juste des essais et erreurs où l'on apprend à apprivoiser nos goûts. Il faut se faire confiance. Recherchez les mono-cépages pour commencer. Cherchez ensuite la constance dans ce que vous avez apprécié. En tant qu'autodidacte, ça ma permis de découvrir mon dégoût pour le Shiraz ou le Carmenere et ma grande passion pour les Tempranillo, Malbec et autres Zinfandel.

Et puis au-delà des détails techniques, il y a le geste en lui-même. Le sincère amateur de vin ne boit jamais pour se saouler (bon, oui ça arrive, mais c'est circonstantiel). Il cherche la découverte, il veut cerner la saveur, humer, saliver, sentir les tannins sur son palais. Et puis l'amour du vin se conjugue avec les plaisirs de la table. L'amateur de vin est un jouissif, il sait apprécier les plaisirs terrestres, charnels.

Afin que ce soit clair, le Malbec sur la photo accompagnait une magnifique bavette préalablement marinée dans un savant mélange de fleur d'ail, moutarde, huile d'olive et vinaigre balsamique. Les deux étaient flanqués de jolis poivrons dont les sucs furent brutalement saisis à même la flamme de l'authentique feu de bois sur lequel ils ont été sacrifiés.

Bon voilà, je crois avoir été limpide...

Bonne fin de semaine à tous, indépendamment du moment où elle surviendra pour vous.

lundi 12 octobre 2009


Je vois la détermination dans ce front de 9 ans et ça me donne confiance en l'avenir.

Je vois ces yeux inquisiteurs et je me plais à imaginer ce qu'ils vont nous révéler un jour.

Je vois ces mèches rebelles et je devine un être qui n'a que faire des conventions.

Je vois son pas décidé et j'y décèle de la volonté.

Je vois ce petit nez effronté et je sais qu'il osera toujours.

Je vois cette bouche moqueuse et j'y retrouve son esprit bienheureux.

Je vois ce menton arrondi et j'y devine la bonté.

J'ai vu tout ce que j'avais à voir pour ne pas m'inquiéter.

dimanche 11 octobre 2009

Manger est toujours un enjeu.

Voilà.

Je ne cherche nullement la polémique à travers cet acte délicieux que l'on se doit d'accomplir au minimum 3 fois par jour selon l'estimé Guide Alimentaire Canadien, mais l'énoncé me semblait impérieux et tellement incontestable.

L'humain s'est dénaturé dans sa relation avec la nourriture. En effet, il y a fort longtemps que chez le bipède l'action de s'alimenter répond à toutes sortes de besoins autres qu'alimentaires.

La seule vue d'un canapé au saumon fumé me fait jouir. La notion de plaisir dans la nourriture peut devenir si intense, autant dans l'anticipation que dans le passage à l'acte, qu'elle rivalise sans conteste avec la jouissance sexuelle. Il ne lui manque en réalité que l'accomplissement dans le toucher pour détrôner au niveau sensoriel son grand rival au sommet des palmarès des grands plaisirs de la vie.

Les deux rivaux naissent d'un besoin fondamental. Les deux se sont éloignés de leur nature primitive pour flirter avec la culture, chacun à sa façon.

Chacun a ses chaînes télé spécialisés. Chacun est devenu un acte obssessif, dangereux, récupérés de manière outrancière par le monde de la pub. Chacun peut devenir un acte punitif, masochiste.

Fin du parallèle qui pourrait être sans fin. Oui je sais, il y avait une belle opportunité d'homonymes juste là...

Là où la bouffe devient un problème pour les nantis, c'est lorsqu'on se met à se définir à travers elle, autant dans le refus de se nourrir comme mode d'expression de notre mal-être que dans celui de se gaver d'aliments pour combler un vide, probablement existentiel.

Pour moi l'enjeu consistait à réaliser à quel point je me suis remplie de nourriture afin de pallier à de nombreuses insatisfactions de mon quotidien. Je n'ai plus ce besoin. J'arrive dorénavant à combler ma vie de bien d'autres façons. Manger demeurera un plaisir fabuleux me donnant régulièrement envie d'en grogner, mais manger ne me domine plus.

samedi 10 octobre 2009

Manger est toujours un enjeu.

Voilà.

Je ne cherche nullement la polémique à travers cet acte délicieux que l'on se doit d'accomplir au minimum 3 fois par jour selon l'estimé Guide Alimentaire Canadien, mais l'énoncé me semblait impérieux et tellement incontestable.

L'humain s'est dénaturé dans sa relation avec la nourriture. En effet, il y a fort longtemps que chez le bipède l'action de s'alimenter répond à toutes sortes de besoins autres qu'alimentaires.

La seule vue d'un canapé au saumon fumé me fait jouir. La notion de plaisir dans la nourriture peut devenir si intense, autant dans l'anticipation que dans le passage à l'acte, qu'elle rivalise sans conteste avec la jouissance sexuelle. Il ne lui manque en réalité que le sens du toucher pour détrôner son grand rival au sommet des palmarès des grands plaisirs de la vie.

Les deux rivaux naissent d'un besoin fondamental, les deux se sont éloignés de leur nature vitale pour flirter avec la culture. Chacun à sa façon.

Chacun a ses chaînes télé spécialisés. Chacun est devenu un acte obssessif, dangereux, une récupération outrancière par le monde de la pub. Chacun nécessite un contrôle, une certaine mesure, mais chacun est exploité dans l'excès. Chacun peut devenir un acte punitif, masochiste.

Fin du parallèle qui pourrait être sans fin.

Là où la bouffe devient spécialement un enjeu pour les nantis, c'est lorsqu'on se définit dedans, et ce autant dans le refus de se nourrir comme mode d'expression de notre mal-être que dans celui de se gaver d'aliments pour combler un certain vide, peut-être existentiel.

Pour moi l'enjeu était de réaliser à quel point je me remplissais de nourriture afin de combler les nombreuses insatisfactions de ma vie. Je n'ai plus ce besoin. J'arrive à me combler de bien d'autres façons. Manger demeurera un plaisir fabuleux me donnant envie régulièrement d'en grogner, mais manger ne me domine plus.

On doit définir mais la bouffe ne doit pas nous définir.

mardi 6 octobre 2009

Le chemin semble parfois obscur. En fait, souvent, et très probablement parce qu'on ne sait jamais réellement ce qui nous attend de l'autre côté. Mais si par ailleurs une lumière vive nous y invite, on doit impérativement l'emprunter.

Si par-dessus le marché cela implique traverser un pont, le message ne pourrait être plus symbolique; Wiki:

Un pont est une construction qui permet de franchir une dépression ou un obstacle en passant par dessus.

Il est vrai que la plupart du temps on fait référence à un cours d'eau, mais on s'en fout. Prenons ça au sens figuré, c'est beaucoup plus enrichissant.

Je me suis sauvée dans la nuit afin d'aller m'approprier des bribes de temps qui s'échapperaient autrement. Il faisait froid et il pleuvait dans cet hostile environnement que j'ai fabuleusement apprivoisé.

L'ironie de cette soirée c'est que j'immortalisai ce pont sans une fois l'avoir parcouru. J'ai plutôt passé cette nuit-là à en enjamber d'autres à tout vouloir éterniser ce qui s'y trouvait autour.

Je surmonte un obstacle, j'outrepasse une dépression. J'y retournerai et je traverserai ce pont comme je me suis affranchie de tous les autres auparavant. Celui-ci de surcroît me séduit. Il m'effraie bien entendu, mais il m'attire implacablement.

Je passerai par dessus; je franchirai cette étape.

mercredi 30 septembre 2009

L'amitié.

Comment discourir avec suffisamment de noblesse d'un si grand avantage marginal de la vie?

Une alliance, une camaraderie, un compagnonnage, une fraternisation, une sympathie; l'exercice est stérile.

C'est certes un amour inconditionnel parce qu'un amour qu'on choisit, un amour qui ne s'impose pas au nom d'une quelconque convention.

Un amour qu'on ne force pas pour combler un vide.

Un amour qui ne trahira pas puisque jamais il n'ose se nourrir d'attentes et qui, de surcroît, va nous le remettre au centuple.

Il y a de ces personnes à qui l'on révèle le plus laid, à qui l'on dévoile l'inaccessible.

De ces personnes qu'on irait cueillir dans le creux d'une ruelle malfamée sans broncher et sans poser de questions.

De ces personnes qu'on se surprend à vouloir tout près malgré des univers entiers nous séparant.

De ces personnes sans reproche, sans ton sentencieux bien qu'implacables lorsqu'il le faut alors qu'il serait si facile d'être complaisants.

Fidèle, disponible, sincère, magnanime, indulgent, réconfortant...

Merci à ceux qui remplissent ces rôles dans ma vie, vous saurez vous reconnaître.

dimanche 27 septembre 2009

L'automne.

Ma saison.

Les soirées sont fraîches, le temps devient maussade. Les voitures se couvrent de givre. Les gens se rhabillent alors que les arbres se dénudent.

La nature tranquillement s'endort, son pouls ralentit, elle dépérit. Le fond de l'air sent dorénavant la mort humide et pourrissante.

Tout doit alors mourir. L'automne est un magnifique passage obligé.

Pour certains naît alors l'angoisse du froid qui les tenaillera bientôt. Ils hibernent déjà dans leur tête. Pour moi l'automne, c'est le réveil. C'est ce temps de l'année où j'ai justement envie d'être dehors. C'est le moment de confronter cette nature qui va bientôt se déchaîner. C'est la loi du plus fort; allez-vous vaincre les éléments ou choisirez-vous de vous écraser dans une interminable torpeur déprimante?

Alors que la nature devient menaçante, elle est alors paradoxalement au summum de sa beauté. La mort se fait séduisante afin de nous conquérir une année de plus.

L'automne, c'est le temps des deuils, c'est le temps d'enterrer tout ce qui doit impérativement l'être.

Je m'apprête à inhumer ce qui est flétri. Je m'apprête à embrasser cette noirceur qui chaque jour hypothèquera un peu plus l'aube car je sais qu'au-delà de toute cette décomposition automnale, un bouillonnement fécond m'attend quelque part en 2010.

vendredi 25 septembre 2009

Peter Murphy: Final Solution
Tears for Fears: Mad World
Talk Talk: Such a Shame

J'ai 17 ans et ces musiques m'habitent, elles emplissent mon univers. Comme dab, ce soir je marche sur Langelier; inutile d'attendre ce fichu circuit 33 qui n'arrivera pas avant moi au métro. Comme dab aussi, je suis seule. Ça ne me fait rien. J'aime bien car mon monde intérieur est si riche que je n'ai besoin de personne d'autre pour le combler. Je n'ai pas vraiment encore connu l'amour, alors je suis un peu invincible en quelque sorte. Rien ne m'angoisse, je ne crains rien, je n'attends personne.

Et puis ça me revient. Nous sommes le 25 septembre 2009 et j'ai en réalité 38 ans. Ces musiques et ces rues me ressemblent tellement que je me suis replongée en 1987.

En fait, ça fait 6 mois que j'ai à nouveau 17 ans.

La vérité, c'est que je ne veux pas renoncer à mes 17 ans. Je n'y suis absolument pas prête. J'ai la très étrange impression de les avoir retrouvés depuis un certain temps et je m'y cramponne désespérément. Je les ai retrouvés car c'est là où je dois reprendre, c'est là où je me suis laissée tomber.

À 17 ans, j'ai connu l'amour et je suis devenue vulnérable. Puis effacée, angoissée, pleine d'attentes, de rêves et d'illusions. À 17 ans, ma quête de l'amour absolue commença. Une longue série de chutes, de larmes, de questionnements, de deuils, de solitude, reproduite à chaque fois à travers le visage d'un nouveau garçon, et éventuellement d'un nouvel homme.

La fille de 17 ans se sent trahie par la femme de 38 ans. Elle n'est pas très fière de cette dernière. Oh, bien sûr elle a gardé une jolie candeur, une belle naïveté, une spontanéité, une nette exubérance et un franc culot. Elle est autonome, responsable, elle s'est frayé un chemin, elle a donné la vie.

Mais l'angoisse? Pourquoi tant d'angoisse, d'insécurité, de peur?!

Un long flash-back s'impose dans le film de ma vie, car le spectateur est un peu perdu, il ne comprend plus les motivations du personnage principal.

mercredi 23 septembre 2009

Lorsqu'on est gratifié par un de ces moments de je m'en foutisme prodigieux où tout pourrait arriver sans que cela ne puisse nullement nous atteindre, parce qu'on est rendu tellement ailleurs, loin, haut...

Priceless, dirait MasterCard

Je veux vous entretenir d'un sujet que je maîtrise bien mal: le bonheur.

L'état de grâce si, ça, j'assure. Mais le bonheur, c'est un effort constant que beaucoup d'entre nous sommes trop paresseux, lâches, misérables, masochistes ou pathétiques pour déployer.

C'est tellement plus facile de se complaire dans son trouble, d'être défaitiste, résigné, insensible, détaché, amorphe.

Je suis dorénavant déterminée à définir le bonheur, et j'en découvre le mode d'emploi dans une foule de petites pensées auparavant insoupçonnées:

1-lâcher prise
2-prendre ce qu'on m'offre sans en demander davantage
3-aller chercher le meilleur dans chaque personne gravitant dans mon univers sans m'attendre à ce qu'aucune d'entre elles puissent combler toutes mes envies
4-accepter de ne pas pouvoir faire le bonheur des autres malgré eux (ça, c'est carrément volé à Sartre)
5-définir mes limites et me résoudre à ne plus les franchir
6-comprendre que tout arrive pour une raison et en capitaliser (ouf, la vilain mot!) les conséquences

Bon, je vais bien finir par sortir de l'adolescence...

Dans une extrême candeur et à travers chacun de ses mots habilement soupesés, Eels résume parfaitement le bouleversement qui m'habite, ce qui fait que je me permettrai donc de le citer:

There's nothing that i wanna do
More than get along and be with you
Trouble with dreams is they don't come true
And when they do they can't catch up to you

You don't need a thing from me
But i need something big from you
'cause you know i've got
An awful lot of big dreams

I'm walking down a lonely road
Clear to me now but i was never told
Trouble with dreams is you never know
When to hold on and when to let go

If you let me down it's alright
At least that leaves something for me
'cause you know i've got
An awful lot of big dreams

This is the life that i must lead now
Crossing fingers and wiping brow
Trouble with dreams is you can't pretend
Something with no beginning has an end


C'est pas facile être heureux. Et en même temps, c'est d'une désarmante simplicité.

samedi 19 septembre 2009

L'eau.

Puisqu'elle est le germe de notre conception, pourquoi devrait-on renoncer à cette sensation originelle???

Dans l'eau, je ne sens plus aucun poids, spécialement celui de la vie. Plus rien ne m'y pèse. La gravité s'y efface aussi, en particulier celle que mon esprit a l'habitude de s'imposer.

Dans l'eau, mon corps se permet des contorsions que mon quotidien ignore. Sans nullement s'en inquiéter, il se laisse alors envahir par le plus sublime des sièges; mes pores alors cernés par sa douce omniprésence. Et si je décide de m'enfoncer dans ses profondeurs, même ma tête doit alors capituler.

À la mer, j'ai appris l'art de me présenter à la vague, je sais comment l'affronter. Je garde d'abord pied pour ensuite me laisser emporter au large. Puis c'est sa salinité qui me berce, me supporte gracieusement.

Au lac, mes pieds s'insensibilisent graduellement au contact des cailloux abondants jusqu'à la rencontre du fond poisseux où je me sens m'enfoncer inexorablement. C'est un vertige grisant auquel je dois résister au risque d'être gobée irrémédiablement.

Mais généralement c'est dans un kilomètre de crawl que je m'oublie. Au bout de quelques mètres dans la piscine, mon geste devient tellement automatique que j'en tombe en transe. J'attrape occasionnellement une pincée d'oxygène mais me consacre surtout aux remous hypnotiques qui naissent du contact de mon corps avec le bassin. Je chéris particulièrement le monopalme où mon corps s'offre des ondulations et une vitesse impressionnantes, me donnant alors le divin sentiment d'être un dauphin.

L'eau m'est salvatrice. Je ne conçois pas qu'on puisse la craindre.

lundi 14 septembre 2009

1500 cyclistes sur un pont. Probablement tous le même objectif: se dépasser. J'ai accompli ma randonnée en 9 minutes et 43 secondes de moins que l'an dernier, ce qui constitue une réussite mitigée car je sais pertinemment que j'aurais pu faire mieux.

En effet, mon marathon cette année m'a avant tout servi à expier.

J'y ai purgé une foule d'émotions. Mon excès d'affectif me servait de sueur en s'écoulant de mes pores. Ma transmutation m'a libéré les esprits en me récompensant d'une énergie que je ne me soupçonnais pas.

J'aime penser que je suis connectée sur mon corps. Tellement de gens ne le sont pas. Il y a longtemps que le dépassement physique est devenu mon salut.

Il y a quelque chose dans l'adrénaline qui me donne à penser qu'il s'agit d'une drogue dure. Je ne m'en passerais plus. Elle naît d'un stress, d'une stimulation si intense que sa moindre sécrétion m'éveille à la conscience de n'importe laquelle de ces parties de mon corps dont je pouvais alors bouder l'existence. En roulant entre les voitures, en dévalant la pente à 40 km/h, en plongeant dans l'insondable du 12 pieds à m'en crever les tympans, dans l'acte d'amour, je me sens infiniment vivante et consciente de tout ce que je suis, de tout l'espace que j'occupe.

Dans la douleur, la morsure, dans ces cuisses qui crient à l'acide lactique naît une forme de lucidité sensorielle, une compréhension qui reconnecte sur ce qu'on est profondément. Tellement de gens passent à côté de ça. C'est vachement dommage.

On oublie que notre corps prend les marques de ce qu'on est, de ce qu'on veut devenir et pas strictement les marques du temps qui passe, qui elles sont bien entendu inévitables. Il témoigne de nos abus, nos passions, nos besoins, nos désirs.

Pour me remercier, mon corps me fait régulièrement remarquer qu'à 38 ans, je n'ai jamais été autant en pleine possession de mes moyens, que je n'ai jamais su être aussi puissante dans ma sage et tranquille vingtaine.

Rien ne laisse présager mon déclin.

mardi 8 septembre 2009

M-C. C'est comme ça que j'aime la nommer. M-C est ma numéro 3 de ce projet portrait.

Elle est là, dans son salon rouge, que j'aime tellement. Il s'y trouve tant d'images, tant de mots, tant de couleurs. Des photos splendides, de vieilles images dont l'esthétique trahit les années 70. Des photos faites par un oncle ou son défunt père, ou les deux, je ne sais plus. Il règne une magnifique nostalgie dans son salon; j'aime y être, ça m'apaise. Son salon, c'est mon refuge; M-C, pour moi, c'est du très précieux réconfort.

J'ai toujours cru qu'elle était d'une immense vulnérabilité. Eh bien depuis samedi dernier, je me suis rendue compte à quel point j'avais tout faux. C'est la personne la plus forte, la plus courageuse que je connaisse. Malgré que je sois de 10 ans son aînée, je me sens comme une gamine désemparée à côté d'elle, comme une fillette ayant perdu ses repères.

Elle adore le rouge; j'ai découvert ça aujourd'hui. Alors, j'ai rougi cette image. Pour la remercier. Pour la mettre en valeur dans ce qu'elle aime. Pour faire ressortir son papillon. Pour vous montrer sa chaleur.