samedi 29 août 2009

Pourquoi je le fais?

J'ai commencé à me poser la question puisque ma conduite est résolument compulsive. Souvent, je me retiens, et à deux mains d'ailleurs, lorsque je suis accompagnée ou attendue, mais mon geste photographique demeure frénétiquement cruciale; je DOIS le faire, mais je ne peux pas l'imposer aux autres. Là, ici, maintenant, vous choisissez de le vivre.

J'ai réalisé que ma démangeaison pour la photo est pratiquement ressuscitée au moment où ma vie a basculé, quelque part le printemps dernier. Elle atteste de la révolution qui m'habite, bien résolue à montrer combien ma perception de la vie est en train de changer. Son cadre, sa perspective, ses ombres et contrastes révèlent ce que je suis lentement en train de devenir.

Avant, ce fut longtemps le noir et blanc. Maintenant, je cherche la couleur, je l'exploite à l'infini, nourrie par l'enthousiasme et la curiosité de certains d'entre vous. Ma palette s'est élargie; il y a plus de saveurs, plus de subtilité, plus de points de vue dans mes images.

Plus de bonheur, plus de douleur, plus de vie.


Fini l'anesthésie.

J'ai envie d'arracher des moments à la mort, c'est ma motivation. Je carbure à l'intensité, à l'émotion qui naît alors en moi de vous voir, de vous palper, de vous réchapper de l'oubli. Vous êtes des pixels issus de mon univers, donc vous existez. Et vous demeurerez.

J'ai maintenant envie de partager des choses, mais la plupart du temps, je ne trouve pas les mots pour ce que je voudrais dire ou pour mon interlocuteur qui cherche à comprendre ou à me sortir de mon mutisme. Ce n'est pas de la mauvaise foi, simplement de l'incompétence à exploiter les mots pour supporter ma pensée. Mais en m'appuyant sur la photo, je sens la fluidité naître dans mon discours.

Lorsque le geste me domine, je n'ai alors plus aucune conscience de ce qui se retrouve derrière mon objectif. Je deviens littéralement toute puissante et rien ne peut plus m'arrêter, aucun obstacle ne me ralentit, tout me devient possible.

La photo me relie au monde qui ne m'appartient pas et auquel j'essaie impérativement de me rattacher.

mercredi 26 août 2009

Lundi dernier, j'ai fermé un bar. Ça ne m'étais jamais arrivée. Rester collée suffisamment longtemps pour s'imprégner d'un endroit, apprendre à connaître son tenancier, voir les clients défiler, surprendre des conversations...

L'endroit était visuellement tel que je l'avais laissé il y a plus de 15 ans. De magnifiques artefacts sont disposés un peu partout. Des médailles de chevaux ornent le mur au-dessus du comptoir. Un vieux téléphone à roulette qui n'est plus chiffré depuis belle lurette est partiellement dissimulé derrière une splendide caisse enregistreuse parfaitement fonctionnelle et datant de l'ère pré-électronique.

Aussi: de l'art déco plein les murs, une photo d'Isadora Duncan dans la semi-pénombre de la vitrine encastrée au-dessus de l'imposante banquette du fond qui fait au moins 180 degrés.
Les murs bourgognes à motifs, Marlene Dietrich dans l'entrée, le joli judas de bois de la lourde porte d'entrée. Les grilles en fer forgé dans les fenêtres par lesquels on aperçoit les clients fumeurs qui doivent rester viligants étant donné la rue très à pic.

Puis le bois omniprésent. Le plafond, le frigo à spiritueux boisé autant de l'intérieur que de l'extérieur. L'émouvant comptoir qui, malgré son usure apparente, persiste à briller. Sûrement les millions de mains l'ayant distraitement caressé avant les miennes...

Mon tabouret, le sien.

Le vieil escalier recouvert de tapis par lequel on disparaît au deuxième pour un bref moment.

La soirée avance. Michel, le tenancier s'ouvre, tente de nous ouvrir aussi. Il est de Péribonca, il est franc, direct, sans flafla, remet à sa place si nécessaire. Il questionne, mais n'insiste pas. Même les disques qu'il décide de mettre lorsque les clients superflus ont quitté les lieux sont des artefacts. De gros vinyles épais, avec les inscriptions gravées, comme les vieux Decca. Une surprise dans le lot, Earth, Sun and Moon de Love and Rockets, que Michel a gracieusement consenti à faire jouer, naturellement.

Un vieux routier surgit, il est 12h45, je crois. Il est clairement d'une autre époque, probablement le genre à avoir nourri Michel de ses vieilles anecdotes concernant l'endroit. C'est un peu comme si on y perpétuait une forme de tradition orale, ce qui est absolument sublime. J'ai d'ailleurs appris qu'à l'origine le bar était un cover de la GRC servant à démasquer des felquistes, rien que ça.

Love and Rockets m'habite, me permettant de m'élever un peu plus haut que ce que mon ivresse légère m'autorise déjà.

Je suis bien. Mes sens sont maintenant imperméables à toute forme de douleur. Je ne ressens plus que du contentement, du plaisir et une infinie plénitude. Je ne voudrais être nulle part ailleurs que dans l'espace précis que j'occupe, complètement prise par mon moment présent. Je pourrais mourir précisément à cet instant avec un grand sentiment d'accomplissement.

Plus la soirée avance, plus elle est magique. Elle va d'ailleurs l'être toute la nuit et toute ma vie. Elle devait certainement briller dans nos yeux. Je veux me la rejouer dans ma tête, sans cesse, jusqu'à ce que j'en mémorise tous les détails, pour ne jamais en perdre la saveur.

dimanche 23 août 2009


Voici Annabelle, la deuxième enthousiaste (oui je sais, anglicisme, m'en fous) de mon invitation du 20 juillet.

Quelle ne fut pas ma surprise de constater que malgré mon incompétence apparente à produire une luminosité décente et requise à l'exercice de notre escapade nocturne, Annabelle avait le flou joli!

Toutes mes photos d'elle sont floues. Elle rit, elle branle de la patte, elle pointe son pied, elle regarde au ciel, elle feuillette un livre; elle est brouillée, nébuleuse, vaporeuse. Je m'apprêtais à lui réclamer une deuxième séance mais en examinant soigneusement le fruit de cette soirée, j'arrivai à l'évidence que l'ensemble était charmant.

Pourtant, elle n'a rien d'une sibylline, elle est tout ce qu'il y a de plus limpide, dans à peu près tous les domaines possibles, ce qui, en ce qui me concerne, est grandement apprécié. Nous partageons un goût avoué pour le décadent, le charnel mais aussi je crois un goût pour le compliqué, bien qu'Annabelle elle, sache nommer les choses mais surtout les simplifier...afin que je les comprennent.

Précieuse et sublime amie va...

vendredi 21 août 2009


J'ai toujours adoré les ruelles, elles constituent une superbe représentation d'urbanité. Par ailleurs, je l'ai déjà dit, même si ça pue et que c'est sale, m'en fous, ça m'intéresse quand même. Par contre, celle-ci est jolie.

Si j'ai le choix entre la ruelle et la rue, c'est toujours la première que je choisis, celle qui nous montre notre vraie visage, sans fards, sans artifices, celle où nous avons oublié de faire semblant; notre verso dont on n'arrive pas à maîtriser l'empreinte.

Elles me fascinent car elles me font peur. Alors, je fais exprès pour les emprunter. Elles sont mal éclairées, pleines de recoins imprévisibles; on y trouve souvent des gens ou des objets discutables, on y interromps souvent quelque chose... C'est irrésistiblement intrigant.

Je les adore. À chaque fois, le pire des scénarios que j'y avais imaginé n'est pas en train de se produire. C'est presque décevant. Pourtant, dans les films..

mardi 18 août 2009

Le plan est une idée originale d'Eli, dont l'imagination explose un peu plus à chaque jour. Je crois que le but était de se voir une dernière fois dans son rétroviseur de vélo qu'une âme malveillante a arraché hier.

Son idée, son initiative.

J'abhorre ce concept voulant que l'enfant soit une coquille vide qu'on se doit en tant qu'adulte bien responsable de remplir; un espèce de tabula rasa auquel je ne souscrit absolument pas.

Un enfant ne naît jamais vide. Au contraire, le risque étant plutôt qu'on l'épuise de sa substance avec nos maladresses, nos névroses, nos impatiences, nos conneries...

Donnez-lui le droit de s'exprimer, vous verrez qu'il n'est pas si peureux que ça. Donnez-lui ensuite celui de se péter la gueule, vous constaterez qu'il est en fait très solide.

J'ai la conviction qu'on naît confiant et optimiste. C'est par la suite qu'on apprend souvent l'anxiété, la timidité, l'indécision, la docilité...

Laissez le gamin saigner, pleurer, hurler; il va venir vers vous s'il a besoin de quelque chose. C'est un fabuleux penseur libre, un être de peu d'inhibitions, un modèle à suivre ou plutôt à reconquérir.

C'est à lui de nous contagionner, pas l'inverse.

dimanche 16 août 2009

Vous savez lorsqu'on a cette impression que quelqu'un veut dire quelque chose mais qu'il se retient ardemment et que ça ne sortira probablement jamais??

Voilà.

La pose semble anodine, mais elle est très consciente de ma présence. Elle cède, probablement resignée; comme d'habitude, je n'ai pas demandé la permission, je l'ai un peu profanée...

On va rapidement au-delà du sourire car quelque chose lui plaît et l'affole en même temps. Elle aime mes photos, mais peut-être n'avait-elle jamais envisagé d'en devenir une. Elle est dorénavant un autre de ces moments que j'aime soustraire au temps qui passe.

De toute évidence, elle est très jolie avec ses joues bien rondes, ses yeux brillants et rieurs, son petit sourire en coin et sa magnifique crinière.

Je la conçois à peine et déjà naît cette immense tendresse pour elle.

Tout est là, Tessa. Ne cherche pas autre chose qui n'est pas déjà toi.

Et merci de me lire.

jeudi 13 août 2009

de Montréal je t'écris,

Je t'écris même si tu es toujours tout près de moi.

Je t'écris pour mieux respirer, je cherche ta main, je veux t'entendre rire. Je t'écris afin de te voir avec ces yeux-là, dans ces moments-là.

Je t'écris pour te rappeler de hurler.

Je t'écris pour te faire du bien. Je t'écris pour me faire du bien. Je t'écris pour me remémorer la peur, l'amour ou le désarroi dans ton regard; que tu essaies tant de dissimuler.

Je t'écris pour te donner des mots, des mots que tu pourras me voler après m'avoir lue. Et quand je te verrai dans ton incarnation physique, je te volerai ceux que j'espère, tu exulteras. On échangera ton dude, mon man, ton diable, mon vachement, notre instantanéité.

Je t'écris pour te dire que le plus fabuleux reste à venir. Il n'est peut-être pas à nos portes, pas tant, mais il est là, je le sens.

mardi 11 août 2009

Ça, c'est la genèse de la musique. Littéralement. Concrètement. C'est l'oeuvre de l'artisan de la musique, de celui qui la rend possible. Mais comment naît-elle dans la tête de celui qui la crée m'intrigue cent fois plus. Là, c'est l'artiste, le musicien.

Des milliards de choix sans fin. Pourquoi le musicien prend-il telle voie plutôt que telle autre? Pourquoi cette note-là en particulier, et pourquoi vient-elle après telle autre? Comment tout ça va-t-il finir? Et commencer? Combien de fois doit-on répéter le refrain? Doit-il nécessairement y avoir un refrain???

Comment le musicien arrive-t-il à créer des saveurs et des textures avec des ondes???? C'est tellement pas PALPABLE!!!! Ça me scie!

Ensuite, vient la question du pourquoi. Certains s'y lamentent, d'autres racontent des histoires, d'autres dénoncent, d'autres évacuent. Pourquoi ce médium-là? Il me semble vachement complexe et certainement pas le plus simple à exploiter.

Mais au bout du compte, ça ENVAHIT. Je ne vivrais pas sans musique. Pourtant, je ne suis qu'une mélomane, qui connaît que dalle à la musique, qui ne sait même pas la lire, mais ça me remplit tellement que la vie serait intolérable sans elle. Et je ne conçois ABSOLUMENT PAS comment certains parmi vous arrivez à vivre dans un relatif silence. Vous n'êtes pas humains!

dimanche 9 août 2009

Peu importe où votre oeil s'égare dans cette image, il va invariablement revenir au même point. C'est plus fort que vous, c'est pas votre manque de volonté, c'est votre cerveau qui quitte le pilote automatique et qui prend des initiatives. L'idée étant que bien que j'eusse déclenché au coin de de Maisonneuve, votre oeil lui est déjà rendu au coin d'Ontario.

Si j'avais dessiné cette image, on parlerait d'un point de fuite, en photo, on va juste dire de la perspective... Bon, bon, je cesse d'étaler ma superbe, sinon je vais visiblement vous perdre...

Tout ça pour vous parler de la nuit, encore. Son dépouillement permet de finalement libérer sa tête de tous les dérivatifs diurnes. Plus de gueulards, de traffic, de trottoirs encombrés, de gens qui vaquent... La nuit venue, on peut jouer à l'ermite qui fait le plein sensoriel.

J'imagine que beaucoup d'artistes s'éxécutent la nuit. C'est certes le moment le plus propice à l'exaltation des émotions, au bouillonnement des idées. Votre blogueuse-photographe toute-dévouée (bon, pas vraiment) a définitivement adopté la noirceur comme moment pour se commettre. Je sens que c'est précisément lorsque les yeux me piquent que je vais être à mon meilleur; ce doux instant précédent de peu celui où je vais m'écrouler, espérant ainsi avoir complètement épuisé les batteries de mon maudit hamster...

mercredi 5 août 2009

Expérimentation avec le gros astre émetteur de trop de UV...

Là, je suis en train de pouvoir le regarder, prudemment. J'avais en tête de l'espionner en ayant tout de même envie de ses rayons énergisants sur ma peau.

Notre relation avec le soleil est toujours paradoxale. Il nous rend parfois heureux d'être en vie mais il sait aussi nous faire beaucoup de tort. On a de temps en temps envie de le confronter, mais dès qu'on le fait, il s'imprime dans notre rétine et nous aveugle momentanément, se reproduisant sur tout ce qu'on tente alors de fixer pour le chasser de notre esprit.

Moi je l'aime à petites doses, sous de la 60 en vaporisateur, sous des lunettes noires et plus souvent qu'autrement, du côté sombre du trottoir. Voici un adversaire dont j'ai appris à me méfier. Mais bon, personne ne lui résiste éternellement. Il appelle parfois une quasi béatitude; c'est irrésistible ça. Il n'y a qu'à voir la tête des gens quand il fait tout bourgeonner en mai, alors qu'on émerge à peine de notre léthargie hivernale. Les gens sont alors invariablement sous le mode sourire. Un gros sourire idiot.

Mais le soleil n'est rien sans son antagoniste pluie, que j'apprécie bien davantage. Mais ça c'est une autre histoire qui viendra certainement. Quelque part en octobre.

lundi 3 août 2009

Un des nombreux jolis objets de cousin Luc. Il possède toutes sortes d'objets utilitaires, colorés, jouissifs, rutilants. À peine avais-je le pied dans sa porte d'entrée que ce grand gaillard de 38 ans s'est vite transformé en gamin en déployant devant moi tous ces trésors, tous plus impressionnants les uns que les autres.

Vous savez, le kid qui vous traîne par la main pour vous montrer sa chambre/salle de jeux?

Il y a certes quelque chose de réconfortant dans le fait de posséder. C'est si apaisant. Rassurant.

Posséder: Avoir à soi, disposer en maître de (quelque chose), et pouvoir en tirer profit et jouissance.

C'est pas mal ça. Et pensez à l'anticipation de l'achat, celui qu'on a mûri longuement avant de se décider à aligner les billets; n'y a-t-il pas quelque chose d'un plaisir juvénile à ranimer là-dedans???

L'acte de posséder comble, remplit, soulage.

Et imaginez lorsqu'il est question de posséder quelqu'un... Bien sûr, ce sens-ci est purement métaphorique, mais infiniment plus puissant.

Bon, je m'égare, encore.