mercredi 24 février 2010

Lu dans le métro cette semaine:

La croyance forte ne prouve que sa force, et non la vérité de ce qu'on croit.

Je ne vous ferai ni un discours sur l'intensité (je vous l'ai déjà fait) ni un discours sur la religion (même si j'ai intitulé cette photo dieu a parlé 3; c'est en référence à ce joli cliché d'un Dieu à travers la lumière vu des milliards de fois dans The Simpsons).

De toute façon, parler religion et/ou politique au Québec, ça finit TOUJOURS mal et c'est JAMAIS constructif...

C'est davantage le concept de la croyance que ses multiples manifestations qui m'intrigue.

J'admets par contre que ses manifestations peuvent souvent s'avérer vachement hétéroclites et rigolotes. Du verre de lait qu'on doit caler pour stopper les saignements de nez en passant par l'évolutionnisme, le point G, le tantrisme, l'urine de jument comme base de la pénicilline, l'économie de marché, la prestidigitation, les fondements génétiques de l'homosexualité ou la bonne vieille destinée.

Toutes sortes de croyances auxquelles nous accordons plus ou moins de crédibilité selon nos valeurs, notre vécu et notre éducation.

Ça doit être dans la suprématie de la chose, dans le fait que la raison n'arrive justement pas à la raisonner que la croyance m'effraie. Même devant un fait mesurable, vérifiable, répétable, la sacro-sainte (oh ironie) méthode scientifique doit de temps en temps plier l'échine devant l'incommensurable conviction de quelqu'un en quelque chose d'autre.

Bien entendu, il a d'abord fallu croire en bien des choses avant qu'elles ne deviennent des «vérités». Comme le fait que notre planète soit ronde, par exemple (ce qui a d'ailleurs valu à Galilée d'être d'abord un illuminé d'hérétique avant de devenir un savant respecté).

Mais l'inverse est certainement tout aussi vrai. Bien des chasses-gardées scientifiques deviendront demain des superstitions.

Ça me rappelle la farce ultime en anthropologie contemporaine: la déconfiture posthume de Margaret Mead dans les Samoa. Un livre célèbre, une révolution de la pensée, des tonnes de nouvelles théories; tout ça pour découvrir que ça tenait sur le témoignage de 68 jeunes Samoanes qui se sont payées sa gueule. Coming of Age in Samoa.

Pauvre Margaret.

La ferveur dans la pensée, c'est fantastique. Mais ça ne l'est plus lorsqu'on en fait un dogme.

Je pense que c'est ce que Nietzsche voulait dire...

dimanche 21 février 2010

Aujourd'hui, j'ai rencontré Scott.

Oui, bon je sais, ça n'a pas l'air d'un Scott sur la photo...

Rencontrer comme dans Se trouver en présence de quelqu'un en allant au devant de lui, de manière voulue, préméditée.

C'est à peu près ce que j'ai fait.

Ça faisait un bon 10 minutes que je l'observais en sirotant un café et il me précipitait dans une bonne humeur contagieuse.

Scott joue de l'accordéon et percutionne sur une valise devant le stationnement du Marché Jean-Talon.

Bien entendu que j'allais moi aussi lui faire ma contribution monétaire. Scott fait sourire tous les passants avec ses mélodies et sa jolie voix racoleuse et caverneuse. Un gros monsieur barbu a même sorti son harmonica pour l'accompagner; bref, du beau bonheur à l'état brut.

Je devais découvrir Scott, the one man band.

Des milliards de magnifiques de petites taches de rousseur dont l'épidémie semblait mondiale. Trapu. La poignée de main très ferme du gars décidé mais le regard pâle perdu du gars un peu intimidé.

Le spectre de ses expressions faciales se déploie aisément dès qu'il entonne la moindre mélodie. Et c'était un large spectre. Un joli spectre. J'ai toujours été très impressionnée par les gens qui chantent dans la rue. Que d'abandon. Les barrières de la pudeur sont complètement défoncées au profit de nos oreilles.

Sa conversation est posée. Malgré les tonnes de questions qui doivent toujours se répéter, Scott semble réfléchir toutes ses réponses et il les formule avec candeur.

Son rire est franc mais discret. Il vous regarde droit dans les yeux en sachant saisir l'opportunité; il vend son cd mais n'en fait pas des tonnes avec ça.

J'ai bien failli l'acheter sans en avoir entendu le moindre extrait car évidemment, Scott fredonne plutôt des airs populaires dans la rue afin d'accrocher les passants et c'est LÀ qu'il vous annonce qu'il joue au Quai des Brumes vendredi prochain.

Habile, non?

Un peu comme moi qui vient de lui faire de la réclame...

Rencontrer quelqu'un, c'est un peu comme goûter un nouveau fruit. On est plein d'anticipation à l'idée de découvrir si la chair sera douce et sucrée malgré une pelure fade et rugueuse.

Ah oui, la fille sur la photo ne se sait pas là, donc vous pouvez bien me dénoncer si vous la reconnaissez... Je la soupçonne d'être gênée malgré le fait qu'elle soit lumineuse sur chacune de mes photos.

Elle volait tout le soleil ce jour-là.

Ici, son geste délicat trahit à 100 miles à l'heure sa fragilité.

Je ne l'ai pas vraiment épluchée mais la chair de son fruit semble vachement complexe et élaborée.

mercredi 17 février 2010

... vraiment l'art de la photographie est de capturer le beau côté des choses et voir le monde comme personne ...

L'énoncé de Dominique m'a tellement plu que ça me travaille encore.

Il a mis en mots ma compulsion.

Vous avez donc sous les yeux ma façon de voir la vulgaire ruelle pour bennes à ordures de grande métropole nord-américaine.

Et pour moi, c'est beau.

C'est beau au-delà du sale et du malfamé car dans ma façon de la voir comme personne, cette ruelle est justement belle et riche.

Ses lignes m'étourdissent. Ses escaliers en double quart tournant. Ses sentiers tracés par les voitures dans la neige. Ses points fuyants en perspective étant donné la profondeur des lieux.

Et puis toutes ses textures. Sa brique, son plastique, son béton. Ses traces de sang de l'avant-veille dans la neige. Ses graffiti.

Et évidemment sa lumière. Le soleil qui s'indiffère de la laideur ambiante et qui règne partout. Jusqu'à transpercer la vapeur qui exhale des bouches d'aération.

Le lieu n'a rien de complaisant, il est redoutablement authentique. Chacun des items que comporte cette ruelle moche remplit un dessein précis.

L'endroit revêt un a priori si repoussant qu'on s'y met instantanément sur le qui-vive.

On n'y donne clairement pas dans la dentelle. Son quotidien doit être régulièrement l'hôte de tant de scènes invraisemblables pour n'importe quel sous-sol de cinéma maison...

C'est marqué au fer rouge du lieu incarné et ça, c'est vachement beau.

dimanche 14 février 2010

Build Your Own Boyfriend

Where Oh Where is Mr Right? You search for him all day and night. But don't despair... No need to fear, your very own dream man is here! Change his clothes from head to toe. He's your favorite Romeo. When you tire of those dating scenes, go have fun with the man of your dreams!

Ben oui, je sais, ce n'est qu'un jeu idiot inventé pour embêter quelqu'un que vous connaissez.

Des générations de petites filles (et de grandes, et c'est pas révolu) à chercher Mr. Right...
Des années et des années de rééducation à s'extraire cette crisse d'idée stupide de nos neurones.

La vérité à propos de cette laborieuse et souffrante recherche de Mr. Right, on me l'a sortie il y a quelques mois. Vous allez voir, c'est fort simple:


L'amour, c'est du temps passé avec quelqu'un.


C'est tout.


Pas de prescription ni date de péremption, pas de formule magique ni piton reset. Pas de test de compatibilité; pas de mode d'emploi; on se débrouille avec ce temps qu'on veut oublier comme étant compté.

En passant, vous saviez qu'il existe 3 différents Valentins à avoir été sacrés et qu'ils ont tous les 3 fini en martyrs?


Bon, allez, oubliez tout ce que je viens de dire, je suis juste trop déçue des
dating scenes. Je vais aller mettre son costume de Super Guy au gars dans ma tête...

His magnetic personality sticks to refrigerators, file cabinets and magnetic chalkboards.


Super!


Si quelqu'un m'offre une connerie semblable, je le décapite.

mercredi 10 février 2010

Me semble que ça saute aux yeux, non?

Mon monsieur Apple ne l'avait pourtant jamais remarqué avant que je ne lui fasse mon commentaire smart-ass sur le fait d'avoir la compétition dans la face toute la journée.

Moi j'aime bien surligner à gros traits les dissonances. Relever les paradoxes. Évoquer les antagonismes.

Ouais, ben j'aime aussi faire des phrases-synonymes...

D'où les sempiternelles photos sur-contrastées...

Et puis ça tombe bien, l'homo sapiens est bourré de contradictions. C'est justement là où on se révèle le plus fascinant.

Dans le geste qui ne suit pas le discours.

Dans la vantardise du complexé.

Dans l'entregent de l'égocentrique.

Bon, ok, vous avez pigé.

On travaille fort à essayer de se suivre, à tenter de se montrer à la hauteur de soi-même et c'est vachement ardu.

Dans le fond, on devrait peut-être au contraire embrasser nos contradictions au lieu de toujours vouloir mettre la barre trop haute dans la monotone cohérence.

Célébrer ce qui nous rend imprévisible, assumer ce qui nous rend attachant.

Endosser tous les états d'âme qu'on n'arrive pas à verbaliser mais qu'on couche volontiers sur la toile universelle.






samedi 6 février 2010

Si j'arrive à voir la magie dans le fond de mon verre de Dornier (et ce n'est pas parce que je suis saoule), imaginez les milliards d'endroits où je risque de la repérer!

Les jolies choses sont partout, pas besoin d'un musée ou d'un beau livre illustré. Elles sont souvent inattendues, inespérées. Encore faut-il être disposé à les voir. Mais dès qu'on se concède ce droit, elles deviennent omniprésentes.

Je me suis longtemps crue dotée d'une ingénuité qui me permettait d'apprécier toutes ces choses qui me donnent souvent l'air d'une cinglée quand on en pige pas le contexte (c'est-à-dire quand on est pas dans ma tête), mais en réalité, c'est pas ça du tout.

C'est un droit que je me donne. Le droit d'apprécier et de jouir de tout ce qui m'entoure. Le droit à un oeil exercé à voir le beau partout.

C'est pas de l'ingénuité, c'est de la survie.

C'est de l'adaptation.

Quand la vie vous fait des vacheries, ça devient extrêmement opportun que de tomber en mode fascination devant des flocons qui virevoltent et se posent doucement sur votre manteau. Si on plonge dans une intensité telle qu'on remarque qu'un flocon sur notre manche est dépourvu de la 6e branche qui le rendrait parfaitement hexagonal, c'est qu'on a mis K.O., ne serait-ce que deux minutes, tous nos drames personnels.

Mais bon, pour le passant qui voit une illuminée assisse sur un banc en train de sourire à sa manche de manteau, la perspective est... étrange?

Bon, ok, j'essaie de vous convaincre que je ne suis PAS cinglée...

Tant pis.

Allez, admettez que c'est splendide toutes les photos qui flottent dans ma coupe...