mercredi 4 janvier 2012


La douleur fait partie de ma vie.

Elle en fait partie depuis des années. Récemment elle s'est faite si envahissante qu'elle semble maintenant teinter ma personnalité. Quand j'ai atrocement mal, j'ai envie de me perdre profondément en-dedans et de ne plus trouver la sortie, comme une psychose sans électrochocs possible.

Je casserais tout. Pour changer le mal de place comme on dit.

Avoir mal me ramène invariablement à son antithèse. Le bonheur inestimable du non-mal est un trésor précieux et sous-estimé. Je soupçonne que peu de gens soient au fait de ça mais parfois ne rien ressentir peut être le plus grand des bonheurs.

La douleur m'oblige à habiter mon corps à tout moment. Je ne peux plus m'en échapper. Si j'essaie de ne pas bouger ne serait-ce qu'un instant, j'arriverai alors peut-être à temporairement oublier ma gravité.

Il n'y a pas plus lettrée que moi en terme de plaisir et d'intensité car je connais et sais jouir de tous les plaisirs simples de la vie.

Ceux quand je n'ai pas mal.

Le répit est un état de grâce.

Je suis constamment partagée entre l'idée de me révolter et celle d'accepter ma douleur.

Bien que ce soit tentant, je n'arrive pas à l'accepter. Ce serait pourtant paisible. Mais ce serait comme une défaite, ce serait comme capituler.

Ce serait comme me laisser envahir par quelque chose qui veut me réduire, qui veut me dominer.

Alors je rage. Je n'accepte pas d'être handicapée à 41 ans. Je n'accepte pas de devoir dépendre des autres pour des bricoles. Je n'accepte pas de devoir être consolée.

Je n'accepte pas la vulnérabilité.