mercredi 30 septembre 2009

L'amitié.

Comment discourir avec suffisamment de noblesse d'un si grand avantage marginal de la vie?

Une alliance, une camaraderie, un compagnonnage, une fraternisation, une sympathie; l'exercice est stérile.

C'est certes un amour inconditionnel parce qu'un amour qu'on choisit, un amour qui ne s'impose pas au nom d'une quelconque convention.

Un amour qu'on ne force pas pour combler un vide.

Un amour qui ne trahira pas puisque jamais il n'ose se nourrir d'attentes et qui, de surcroît, va nous le remettre au centuple.

Il y a de ces personnes à qui l'on révèle le plus laid, à qui l'on dévoile l'inaccessible.

De ces personnes qu'on irait cueillir dans le creux d'une ruelle malfamée sans broncher et sans poser de questions.

De ces personnes qu'on se surprend à vouloir tout près malgré des univers entiers nous séparant.

De ces personnes sans reproche, sans ton sentencieux bien qu'implacables lorsqu'il le faut alors qu'il serait si facile d'être complaisants.

Fidèle, disponible, sincère, magnanime, indulgent, réconfortant...

Merci à ceux qui remplissent ces rôles dans ma vie, vous saurez vous reconnaître.

dimanche 27 septembre 2009

L'automne.

Ma saison.

Les soirées sont fraîches, le temps devient maussade. Les voitures se couvrent de givre. Les gens se rhabillent alors que les arbres se dénudent.

La nature tranquillement s'endort, son pouls ralentit, elle dépérit. Le fond de l'air sent dorénavant la mort humide et pourrissante.

Tout doit alors mourir. L'automne est un magnifique passage obligé.

Pour certains naît alors l'angoisse du froid qui les tenaillera bientôt. Ils hibernent déjà dans leur tête. Pour moi l'automne, c'est le réveil. C'est ce temps de l'année où j'ai justement envie d'être dehors. C'est le moment de confronter cette nature qui va bientôt se déchaîner. C'est la loi du plus fort; allez-vous vaincre les éléments ou choisirez-vous de vous écraser dans une interminable torpeur déprimante?

Alors que la nature devient menaçante, elle est alors paradoxalement au summum de sa beauté. La mort se fait séduisante afin de nous conquérir une année de plus.

L'automne, c'est le temps des deuils, c'est le temps d'enterrer tout ce qui doit impérativement l'être.

Je m'apprête à inhumer ce qui est flétri. Je m'apprête à embrasser cette noirceur qui chaque jour hypothèquera un peu plus l'aube car je sais qu'au-delà de toute cette décomposition automnale, un bouillonnement fécond m'attend quelque part en 2010.

vendredi 25 septembre 2009

Peter Murphy: Final Solution
Tears for Fears: Mad World
Talk Talk: Such a Shame

J'ai 17 ans et ces musiques m'habitent, elles emplissent mon univers. Comme dab, ce soir je marche sur Langelier; inutile d'attendre ce fichu circuit 33 qui n'arrivera pas avant moi au métro. Comme dab aussi, je suis seule. Ça ne me fait rien. J'aime bien car mon monde intérieur est si riche que je n'ai besoin de personne d'autre pour le combler. Je n'ai pas vraiment encore connu l'amour, alors je suis un peu invincible en quelque sorte. Rien ne m'angoisse, je ne crains rien, je n'attends personne.

Et puis ça me revient. Nous sommes le 25 septembre 2009 et j'ai en réalité 38 ans. Ces musiques et ces rues me ressemblent tellement que je me suis replongée en 1987.

En fait, ça fait 6 mois que j'ai à nouveau 17 ans.

La vérité, c'est que je ne veux pas renoncer à mes 17 ans. Je n'y suis absolument pas prête. J'ai la très étrange impression de les avoir retrouvés depuis un certain temps et je m'y cramponne désespérément. Je les ai retrouvés car c'est là où je dois reprendre, c'est là où je me suis laissée tomber.

À 17 ans, j'ai connu l'amour et je suis devenue vulnérable. Puis effacée, angoissée, pleine d'attentes, de rêves et d'illusions. À 17 ans, ma quête de l'amour absolue commença. Une longue série de chutes, de larmes, de questionnements, de deuils, de solitude, reproduite à chaque fois à travers le visage d'un nouveau garçon, et éventuellement d'un nouvel homme.

La fille de 17 ans se sent trahie par la femme de 38 ans. Elle n'est pas très fière de cette dernière. Oh, bien sûr elle a gardé une jolie candeur, une belle naïveté, une spontanéité, une nette exubérance et un franc culot. Elle est autonome, responsable, elle s'est frayé un chemin, elle a donné la vie.

Mais l'angoisse? Pourquoi tant d'angoisse, d'insécurité, de peur?!

Un long flash-back s'impose dans le film de ma vie, car le spectateur est un peu perdu, il ne comprend plus les motivations du personnage principal.

mercredi 23 septembre 2009

Lorsqu'on est gratifié par un de ces moments de je m'en foutisme prodigieux où tout pourrait arriver sans que cela ne puisse nullement nous atteindre, parce qu'on est rendu tellement ailleurs, loin, haut...

Priceless, dirait MasterCard

Je veux vous entretenir d'un sujet que je maîtrise bien mal: le bonheur.

L'état de grâce si, ça, j'assure. Mais le bonheur, c'est un effort constant que beaucoup d'entre nous sommes trop paresseux, lâches, misérables, masochistes ou pathétiques pour déployer.

C'est tellement plus facile de se complaire dans son trouble, d'être défaitiste, résigné, insensible, détaché, amorphe.

Je suis dorénavant déterminée à définir le bonheur, et j'en découvre le mode d'emploi dans une foule de petites pensées auparavant insoupçonnées:

1-lâcher prise
2-prendre ce qu'on m'offre sans en demander davantage
3-aller chercher le meilleur dans chaque personne gravitant dans mon univers sans m'attendre à ce qu'aucune d'entre elles puissent combler toutes mes envies
4-accepter de ne pas pouvoir faire le bonheur des autres malgré eux (ça, c'est carrément volé à Sartre)
5-définir mes limites et me résoudre à ne plus les franchir
6-comprendre que tout arrive pour une raison et en capitaliser (ouf, la vilain mot!) les conséquences

Bon, je vais bien finir par sortir de l'adolescence...

Dans une extrême candeur et à travers chacun de ses mots habilement soupesés, Eels résume parfaitement le bouleversement qui m'habite, ce qui fait que je me permettrai donc de le citer:

There's nothing that i wanna do
More than get along and be with you
Trouble with dreams is they don't come true
And when they do they can't catch up to you

You don't need a thing from me
But i need something big from you
'cause you know i've got
An awful lot of big dreams

I'm walking down a lonely road
Clear to me now but i was never told
Trouble with dreams is you never know
When to hold on and when to let go

If you let me down it's alright
At least that leaves something for me
'cause you know i've got
An awful lot of big dreams

This is the life that i must lead now
Crossing fingers and wiping brow
Trouble with dreams is you can't pretend
Something with no beginning has an end


C'est pas facile être heureux. Et en même temps, c'est d'une désarmante simplicité.

samedi 19 septembre 2009

L'eau.

Puisqu'elle est le germe de notre conception, pourquoi devrait-on renoncer à cette sensation originelle???

Dans l'eau, je ne sens plus aucun poids, spécialement celui de la vie. Plus rien ne m'y pèse. La gravité s'y efface aussi, en particulier celle que mon esprit a l'habitude de s'imposer.

Dans l'eau, mon corps se permet des contorsions que mon quotidien ignore. Sans nullement s'en inquiéter, il se laisse alors envahir par le plus sublime des sièges; mes pores alors cernés par sa douce omniprésence. Et si je décide de m'enfoncer dans ses profondeurs, même ma tête doit alors capituler.

À la mer, j'ai appris l'art de me présenter à la vague, je sais comment l'affronter. Je garde d'abord pied pour ensuite me laisser emporter au large. Puis c'est sa salinité qui me berce, me supporte gracieusement.

Au lac, mes pieds s'insensibilisent graduellement au contact des cailloux abondants jusqu'à la rencontre du fond poisseux où je me sens m'enfoncer inexorablement. C'est un vertige grisant auquel je dois résister au risque d'être gobée irrémédiablement.

Mais généralement c'est dans un kilomètre de crawl que je m'oublie. Au bout de quelques mètres dans la piscine, mon geste devient tellement automatique que j'en tombe en transe. J'attrape occasionnellement une pincée d'oxygène mais me consacre surtout aux remous hypnotiques qui naissent du contact de mon corps avec le bassin. Je chéris particulièrement le monopalme où mon corps s'offre des ondulations et une vitesse impressionnantes, me donnant alors le divin sentiment d'être un dauphin.

L'eau m'est salvatrice. Je ne conçois pas qu'on puisse la craindre.

lundi 14 septembre 2009

1500 cyclistes sur un pont. Probablement tous le même objectif: se dépasser. J'ai accompli ma randonnée en 9 minutes et 43 secondes de moins que l'an dernier, ce qui constitue une réussite mitigée car je sais pertinemment que j'aurais pu faire mieux.

En effet, mon marathon cette année m'a avant tout servi à expier.

J'y ai purgé une foule d'émotions. Mon excès d'affectif me servait de sueur en s'écoulant de mes pores. Ma transmutation m'a libéré les esprits en me récompensant d'une énergie que je ne me soupçonnais pas.

J'aime penser que je suis connectée sur mon corps. Tellement de gens ne le sont pas. Il y a longtemps que le dépassement physique est devenu mon salut.

Il y a quelque chose dans l'adrénaline qui me donne à penser qu'il s'agit d'une drogue dure. Je ne m'en passerais plus. Elle naît d'un stress, d'une stimulation si intense que sa moindre sécrétion m'éveille à la conscience de n'importe laquelle de ces parties de mon corps dont je pouvais alors bouder l'existence. En roulant entre les voitures, en dévalant la pente à 40 km/h, en plongeant dans l'insondable du 12 pieds à m'en crever les tympans, dans l'acte d'amour, je me sens infiniment vivante et consciente de tout ce que je suis, de tout l'espace que j'occupe.

Dans la douleur, la morsure, dans ces cuisses qui crient à l'acide lactique naît une forme de lucidité sensorielle, une compréhension qui reconnecte sur ce qu'on est profondément. Tellement de gens passent à côté de ça. C'est vachement dommage.

On oublie que notre corps prend les marques de ce qu'on est, de ce qu'on veut devenir et pas strictement les marques du temps qui passe, qui elles sont bien entendu inévitables. Il témoigne de nos abus, nos passions, nos besoins, nos désirs.

Pour me remercier, mon corps me fait régulièrement remarquer qu'à 38 ans, je n'ai jamais été autant en pleine possession de mes moyens, que je n'ai jamais su être aussi puissante dans ma sage et tranquille vingtaine.

Rien ne laisse présager mon déclin.

mardi 8 septembre 2009

M-C. C'est comme ça que j'aime la nommer. M-C est ma numéro 3 de ce projet portrait.

Elle est là, dans son salon rouge, que j'aime tellement. Il s'y trouve tant d'images, tant de mots, tant de couleurs. Des photos splendides, de vieilles images dont l'esthétique trahit les années 70. Des photos faites par un oncle ou son défunt père, ou les deux, je ne sais plus. Il règne une magnifique nostalgie dans son salon; j'aime y être, ça m'apaise. Son salon, c'est mon refuge; M-C, pour moi, c'est du très précieux réconfort.

J'ai toujours cru qu'elle était d'une immense vulnérabilité. Eh bien depuis samedi dernier, je me suis rendue compte à quel point j'avais tout faux. C'est la personne la plus forte, la plus courageuse que je connaisse. Malgré que je sois de 10 ans son aînée, je me sens comme une gamine désemparée à côté d'elle, comme une fillette ayant perdu ses repères.

Elle adore le rouge; j'ai découvert ça aujourd'hui. Alors, j'ai rougi cette image. Pour la remercier. Pour la mettre en valeur dans ce qu'elle aime. Pour faire ressortir son papillon. Pour vous montrer sa chaleur.

samedi 5 septembre 2009

Renoncer.

Tomber, me relever, tomber, me relever.

L'accepter.

Chérir ce qu'on m'a offert, accepter ce que je perds, ce que je ne peux garder.

Affronter l'obscur, ce terrifiant et quasi-insondable qui m'empoisonne. Ressasser tout ce qui s'y trouve tant que je n'aurai pas tout vu, tout compris, pour enfin réussir à m'en extraire.

Cesser de m'y complaire.

Avancer, d'abord dans le vide, mais avancer tout de même. Avancer afin de rencontrer mes limites et ne plus jamais accepter de les franchir.

Être seule

L'accepter.