lundi 27 décembre 2010

À l'aube de cette nouvelle année, je ne vais pas vous emmerder avec mes résolutions du Nouvel An ni avec mes opinions sur le gaz de schiste.

Je souhaite plutôt m'adresser à ceux qui, en 2010, ont su me rappeler combien j'étais forte et solide lorsque j'avais tendance à l'oublier,

À ceux qui, sans fausse pudeur, m'ont honoré par leur confiance en s'ouvrant à moi, en toute vulnérabilité,

À ceux qui m'ont fait rire lorsque j'en avais bien besoin, avec leur sens du ridicule, leur ironie, leur magnifique sarcasme, avec leur humour fin et cinglant,

À ceux qui ne m'ont pas ménagée, qui m'ont confrontée, à ceux qui m'ont mise devant le miroir,

À tous ces hommes charmants qui ont osé gâter, choyer, protéger la sale gamine en moi,

À tous ceux qui ont cru en mes folles ambitions sportives, avec leur enthousiasme et leur curiosité,

À mon fils qui me trouve cool,

À ceux qui m'ont fait «ronronner» (comme dirait ma douce Julie) de plaisir et de contentement, avec une belle assiette, une succulente bière ou un vin divin,

À ceux qui m'ont dévoilé leur univers, qui m'ont ouvert les portes de leur habitat naturel,

C'est grâce à vous que j'ai constamment le sentiment d'avancer, grâce à vous que j'ai de plus en plus la certitude que ma vie m'appartient,

eh bien merci, vous êtes fantastiques.

C'est tout.

dimanche 19 décembre 2010


À chaque fois que je décide d'aller marcher dans la neige, c'est un gage de quiétude.

Et de contentement.

Je ne sais pas pourquoi tant de Québécois ont de la difficulté à assumer leur nordicité car j'y vois tant d'avantages.

On vit probablement dans un des climats les plus diversifiés et certainement ingrats de la planète.

Pourtant, collectivement, on en jette.

Sérieux.

Il ne faut pas être une lavette pour accepter inlassablement, année après année, de voir la nature mourir pour quelques mois et continuer néanmoins à se lever chaque matin.

On lutte avec les éléments, on en bave, on peste, mais à chaque année, malgré toute cette noirceur, ce froid humide détestable et cette slush omniprésente, on passe au travers, tout près à envoyer valser nos multiples pelures quand le parfum de la bouette commence à se faire sentir dans les ruelles et les parcs.

On m'impressionne.

Alors voilà, plutôt que de me battre avec l'hiver, moi je choisis d'aimer les joues rouges qu'il donne à ma descendance.

Je choisis d'apprécier son air pur qui me donne l'impression lorsque j'inspire profondément d'aérer mon dedans jusqu'au bout de mes orteils.

J'apprécie l'effet douche froide qu'un moins 15 celsius exerce sur mes pensées nocives.

Et puis, il y a cette lenteur qu'un froid nordique impose sur tout; j'apprécie infiniment que quelque chose plus fort que moi m'impose un temps d'arrêt que je ne me résigne jamais à prendre de mon propre chef.

Et puis ça fait du bien de pouvoir oublier un peu tout ce laid urbain sous une jolie belle nappe blanche.

lundi 6 décembre 2010


Does the body rules the mind or does the mind rules the body?

Question philosophique s'il en est une, par ailleurs joliment posée par Morrissey en 1984. Super timing pour nourrir ma crise hormonale d'adolescente.

La réponse devient pressante à chaque fois que je me sens dépassée par la vie.

Les gros malins diront d'ailleurs que ce ne serait ni l'un ni l'autre qui règnerait en maître absolu sur ce que nous sommes, mais bien nos hormones qui décideraient pour les deux.

Mais ça, c'est une réponse simpliste et plate à une énigme infiniment plus complexe.

Les hormones, c'est la réponse béton des tenants de n'importe quelle variante déterministe; à quoi ça sert de m'obstiner, je suis fait de même...

Il est bien pensant que de sous-estimer l'influence de notre corps sur nos agissements. En général, on va en limiter la portée à un «je suis ce que je mange» ou à un «je suis ma maladie», bref, le corps n'est jamais alors qu'un médium servant à véhiculer ce qu'un cerveau n'arrive pas à faire avaler à son bête propriétaire...

Bien pensant tout ça. Ou très judéo-chrétien en fait.

Nous sommes censés aspirer à s'accomplir en tant qu'êtres de raison, ce qui nous amènerait invariablement vers une sagesse intrinsèque et

à un ennui mortel...

Comme tout le monde, je m'imagine à l'occasion heureuse dans un précaire et béat équilibre entre les deux. Vachement précaire car ce n'est jamais bien long avant que l'une de mes antithèses saborde tout ce que l'autre tente de bâtir.

D'ailleurs, j'écris ceci en me rendant compte que j'ai inconsciemment charcuté toute ma tête de la photo. Je cherche probablement à mettre l'emphase sur le physique. Bon, c'est un peu narcissique aussi, mais ce n'est pas ça l'idée...

Je dois être une espèce de tantriste finie...

Je pense que ma tête me permet de fonctionner en société et que mon corps s'occupe de son côté de me faire vivre.

Vous savez vivre? Pas respirer là, vivre.

Si je me sens souvent complètement déconnectée de ma tête, c'est que je choisis généralement de m'incarner complètement dans l'enveloppe que ma maman a conçu pour moi.

Mais être dans son corps, c'est confrontant. Ça l'est car il s'agit alors d'assumer qu'il reflète ce qu'on est et je ne parle pas d'apparats, d'accessoires ou du passage du temps. Je veux dire assumer qu'il porte les marques ou stigmates de ce qu'on a vécu, de ce qu'on est.

Et pour incarner son corps, il faut embrasser le plaisir mais aussi la souffrance. Intensément.

Et lorsque ça devient trop souffrant, on se déconnecte, on se raisonne, on se réfugie alors dans un rationnel rassurant.

En fait, je crois qu'on choisit à certains moments d'être dominé par sa tête et à d'autres par son corps, et ce plus ou moins consciemment.

De toute façon, l'idée c'est qu'on est dominé.

samedi 27 novembre 2010

Etre deux sur le banc.

Regarder en avant, dans la même direction que l'autre.

Cote à cote.

Comprendre ses regards puis se livrer dedans, s'y abandonner.

Lui confier ses peurs, ses fantasmes les plus fous.

Discuter des nuits entières dans l'obscurité d'une chambre à coucher.

Lui ouvrir les portes de son jardin secret.

Le voir jouir, pleurer.

Avoir quelqu'un dans qui s'enfouir.

Quelqu'un à qui raconter ses cauchemars pour les exorciser.

Remplir ses poumons du parfum de son oreiller pour compenser son absence.

S'entendre reprendre ses expressions favorites.

Puis un jour on envisage la vie différemment.

Son discours devient verbeux, rigide.

On lui fait mal, malgré une lointaine promesse.

On anticipe la prochaine nuit où l'on aura toute la place dans le lit.

On peste contre ses tics.

On l'envoie promener en parlant entre ses dents.

On le dénigre devant ses amis.

On ne cherche plus sa main en prenant une marche.

On n'offre plus de faire des crêpes le dimanche matin.

Quelqu'un a claqué des doigts à un moment donné et on s'est réveillé tout seul sur le banc.

On n'a jamais voulu voir l'autre assis sur le bout du banc, prêt à se lever.

samedi 13 novembre 2010


C'est généralement de cette jolie création humaine que je choisis de me gratifier lorsque vient le moment de me couper du reste de l'univers.

Me voici pourtant entourée d'humains. Mais je ne souhaite pas leur compagnie, au contraire. Je me scotche de la musique aux oreilles afin de ne pas être abordée. Je suis là pour observer les bipèdes, pas pour frayer avec eux.

Je veux jouir tranquille du spectacle du grand cirque homo-sapiens.

Si je pouvais être invisible, ça ferait mon affaire.

À défaut de mieux, je reste tapie dans un coin stratégique, en bougeant le moins possible.

J'aime regarder l'homme de la rue. Il est si intéressant lorsqu'il ne se sait pas scruté et analysé.

Les couples qui marchent main dans la main et ceux qui marchent l'un en arrière de l'autre, un vague reproche dans le regard.

La fille avec les longues jambes nues traverse la rue d'un air faussement offusqué d'être l'objet d'attention masculine.

Le gars au capuchon qui quête au feu rouge forme des 8 en zigzaguant entre les voitures. On dirait presque qu'il répète une chorégraphie.

La fille à la terrasse espère visiblement quelqu'un qui ne se manifestera pas: elle passe son temps à sillonner la rue du regard et ça fait plus d'une demie-heure qu'elle tient la même page 2 de son cahier Arts et Spectacles.

La fille avec le long chandail plein de trous a visiblement le béguin pour le grand maigre avec qui elle discute car elle n'arrête pas de jouer avec ses dreads.

Une dame marche trop vite pour ses petites jambes et tire frénétiquement sur sa jupe qui se relève à chaque pas.

Un type me dévisage avec un air de défi lorsqu'il constate que je l'observe.

Il va céder et regarder ailleurs avant moi.

Je sais que c'est vachement pas poli mais c'est très apaisant de faire ça. Ça me rassure sur mes semblables qui me dévoilent alors toutes leurs failles et leurs vulnérabilités.

Quand l'humain est humain.

samedi 6 novembre 2010


C'est ainsi que je l'adore.

La décrépitude menaçante.

C'est ça l'automne. La plus belle des saisons.

Celle où il faut être courageux.

Enterrer ses rêveries estivales, boutonner son manteau.

Renoncer à la légèreté. Affronter les défiants éléments.

La mort travestie dans de chaudes couleurs.

L'odeur des feuilles putréfiées, le fond de l'air frais. Les feuillus nus.

La bouette. Partout.

Les chats fuyant les trottoirs pour se réfugier sous les bagnoles.

Le reniflage incessant.

Le piéton immobile qui inconsciemment martèle le sol de ses pieds gelés.

Il règne dans l'automne la plus jolie des nostalgies.

On renonce, lentement. On se barricade dans nos foyers.

On se sent piégés.

Pourtant l'air est si bon.

mercredi 13 octobre 2010

J'ai souvent l'impression d'avoir un objectif à la place des yeux.

Un zoom. En macro, plus souvent qu'autrement.

Mon champ de vision est un cadre divisé en 9 rectangles identiques.

Je croise des centaines de personnes sur un trottoir achalandée et je ne vois qu'une cicatrice sur une main.

Les arbres sont en fleur dans le parc mais je ne remarque que l'écureuil à trois pattes qui gosse avec un mégot de cigarette.

Je ne regarde plus, je cadre.

J'arrive difficilement à entrevoir the greater picture. Le paysage se soustrait à mon attention.

Et c'est insidieux car ça finit par structurer ma pensée.

L'ensemble m'échappe. Je n'arrive plus à le saisir. Je m'arrête à un détail qui me plaît et lui donne une importance démesurée.

J'y trouve l'infiniment beau et je me limite volontairement à ça.

Si je m'écoutais, je ferais de la photo microscopique.

Le pire c'est que plus l'on focalise sur le détail, plus l'on perd en profondeur de champ.

Le pissenlit se métamorphose en fabuleuse plume sphérique au détriment de l'herbe qui devient un amoncellement difforme de pixels verts.

On perd en perspective. Au sens propre comme au sens figuré.

J'ai probablement peur de l'ensemble. Je ne veux pas risquer de frayer avec le banal, le décevant.

Le détail est certes une partie de la réalité mais en en étant par définition qu'une infime partie, il finit par la déformer.

Mais quelle déformation magique!

Je recite mon ami Dominique: ... vraiment l'art de la photographie est de capturer le beau côté des choses et voir le monde comme personne ...

Tant pis si je n'arrive plus à me sortir le cadre de la rétine.

M'en fous dans le fond. C'est beau dans mon univers parallèle.

mardi 28 septembre 2010

J'aime quand c'est difficile.

Maintenant, quand ça ne nous plaît pas, on joue avec une souris. Avant, fallait se tremper les doigts, respirer des sels d'argent pendant des heures, s'esquinter les yeux dans la pénombre, dépoussiérer des filtres, calculer un temps d'exposition. Tout ça pour une seule photo et souvent médiocre au bout du compte...

Je pourrais suer sur un treadmill en regardant la télé, je préfère courir à m'en geler les orteils au vent et à la pluie.

J'aurais pu continuer le même boulot, bien installée dans les automatismes des questions prévisibles et des clients sans surprise. J'ai préféré me déstabiliser dans un nouveau boulot où je redeviens humblement la novice de service, où tout est à apprendre.

J'aurais pu choisir de balayer sous le tapis tout ce qui ne me plaît pas dans ma vie, continuer à nier que je suis responsable de ce que je suis devenue et blâmer l'univers pour mes tourments.

Mais bon, l'univers ne va pas venir régler tous mes problèmes. Même si je l'invective.

Alors, j'ai choisi de secouer le tapis. Très fort.

Mais c'était tellement dégueu sous le tapis que finalement je l'ai sacré au poubelle.

Fini les tapis.

C'est mauvais les tapis.

En plus, ça donne des allergies.

Ce que je veux dire (enfin je crois), c'est qu'on pense rarement à travailler sur soi-même.

On croit que si on se lève tous les matins pour aller bosser, qu'on reste poli avec les voisins, qu'on se contente d'un «je t'aime chéri» de temps en temps et d'ingérer une pelletée de brocolis en mauvaise conscience, ça va faire de nous une meilleure personne.

Aux yeux de l'Autre peut-être. Mais tromperons-nous le miroir?

On peut tellement plus.

Faut pousser notre machine sinon elle s'use vite.

mardi 21 septembre 2010


Parfois, il vaut mieux se taire.

Ça peut être dur cependant. Surtout lorsqu'on a tant à dire.

Mais comment le dire? Comment être certain d'être compris? Quels mots choisir, qui ne seront pas mal interprétés?

Comment avoir l'assurance que la richesse du monde qui nous habite ne va pas sonner atrocement banal aux oreilles de l'autre?

Comment combattre la peur qui nous paralyse face à ce qu'on a besoin de mettre sur la table?

Comment atteindre l'autre comme on le souhaite? Grâce à quelle éloquence arrivera-t-on à le capturer?

Les choses qui font le plus mal dans la vie sont si souvent des mots.

Alors, quand la chienne nous prend, on raccroche.

On raccroche et on noircit des centaines de feuilles.

On tache le papier de milliers de verbes confus et d'adjectifs torrides.

Puis on fait un tas de tout ça dans un coin oublié.

Le trop plein est au moins épuré.

dimanche 12 septembre 2010

Quand on va au bout de soi.

Quand on décide d'aller gratter. Lorsqu'on arrache le beau vernis propret parce qu'on n'arrive plus à nier ce qu'il y a en-dessous.

Lorsqu'on est confronté à toutes ses couches cumulées.

Lorsque la crasse nous saute au visage.

Quand toutes les peurs éludées, tous les mauvais souvenirs, toutes les pensées sombres et négatives nous envahissent.

Paniquer. Se calmer. Affronter.

Quand on oublie momentanément pourquoi l'on fait ce que l'on fait.

Quand soudainement tout perd son sens.

Quand on se dit qu'on est complètement fêlé.

Quand on croise l'apitoiement, le découragement, l'accablement.

Puis l'écoeurement.

Lorsque tout le monde nous répète qu'il y a une fin mais qu'on ne voit vraiment pas comment on pourrait y croire.

Lorsque finalement on trouve de quoi se botter le cul.

Traverser la vase. Se débattre dans les maudites algues. Vouloir avancer. Vouloir croire que le but est bien droit devant.

Circonscrire les bouées, les garder en vue, les savoir présentes tout en les envisageant strictement pour ce qu'elles sont, soit de simples guides.

Savoir faire sans. Préserver ses facultés pour l'objectif.

Se rappeler l'objectif. C'est souvent aussi bête que définir ce que l'on veut.

Beaucoup ne savent pas ce qu'ils veulent. Ou pire, ils ont oublié de vouloir quelque chose.

Ne pas se noyer, au sens propre comme au figuré.

Et puis entrevoir le quai.

Le quai ou le tunnel. La lumière, la solution.

Le fil d'arrivée.

L'endroit d'où l'on émergera.

Devenir encore plus fort pour avoir oser creuser, être aller au fond, dans l'insondable.

mardi 7 septembre 2010

En cette superbe soirée pleine d'éclairs et de tonnerre, voici livrées en pâture quelques pensées tordues et/ou saugrenues qui traînent depuis trop longtemps dans mon disque dur et dont j'ai envie de me débarrasser. Je vais donc bêtement vous les refiler:

«Trépanation» est un très joli mot si peu utilisé. Malheureusement, le contexte s'y prête rarement...

L'orgasme masculin avoisine les 28km/h. Je ne sais pas si c'est vite ou non puisque j'ignore tout de la vitesse moyenne des miens. Anyway, c'est toujours moins impressionnant qu'un éternuement dont la vitesse moyenne est de 150 à 200km/h. D'ailleurs, saluons la bienfaisance de nos amis les réflexes sans qui nos yeux sortiraient de leurs orbites à chacune de nos séances de convulsions de nos muscles expirateurs.

Le prénom Eric peut s'entendre dans le mot «hystérique». Freud: pfftttt!

Aviez-vous remarqué cette infestation de portes-patio sans patio dans les nouveaux modèles de condos??? De qui on rit là?

Pourquoi peut-on sourire sur la photo du permis de conduire mais pas pour celle du passeport? On veut avoir l'air bête seulement à l'international??

«Nourriture» et «musique» sont des mots féminins. Tout comme «photographie», «lumière», «jouissance», «volupté», «vitesse», «torture», «ironie» et «boîte de conserve». Et s'il vous venait l'idée de rivaliser avec mes mots puissants messieurs, sachez que «mort» et «vie» sont aussi dans mon camp.
Nothing beats that...

Mon premier modèle s'appelait Josée. 18 octobre 1987, sur un Pentax K-1000, ouverture à 11, 14 secondes d'exposition sur un filtre 5 en chambre noire. Secondaire 4.

Des centaines d'heures de plaisir à jouer avec des fluides dans la noirceur.

Toute première photo faite toute seule, comme une grande.

J'aime spécialement sa main qui rentre dans le mur.

Beaucoup trop contrasté.

Mon manque de nuance déjà évident...

samedi 4 septembre 2010

Il l'a baptisé Blue Eli.

C'est son nom lorsqu'on le branche sur ma grosse pomme pour le recharger ou y ajouter de nouvelles chansons.

Ça lui a pris des semaines à se décider: j'achète, j'achète pas, j'achète, j'achète pas...

Normal, c'est la moitié de ses économies qui se sont envolées tout d'un coup.

1 an de corvée de poubelles afin de pouvoir s'offrir un Blue Eli.

Moi qui ironiquement est à la solde du démon crédit, je suis ravie de constater que la notion d'épargne a tout de même germée dans la belle tête de ma descendance.

Épargner, c'est se donner le droit de rêver.

C'est se projeter dans l'avenir.

C'est se voir en avant.

Ça peut aussi signifier qu'on prévoit. Ou prévient.

En tout cas, c'est certainement de la réflexion.

Puis là, je suis bien fière.

C'est tout. Je voulais vous le dire.

dimanche 29 août 2010

On fait tous partie d'une équipe.

Que ce soit au travail comme dans les loisirs (ça je crois que mon inconscient vient de piger ça dans une vieille pub de Kit-Kat), nous formons des familles généralement obligées d'individus fort disparates.

Des gens qui ne se choisissent pas mais qui doivent faire avec...

Des mariages forcés.

Rien de mieux qu'un petit tournoi «amical» de soccer à même la grande famille coopérative du crédit afin de découvrir la vraie nature de ses ouailles...

Des gens qu'on côtoient davantage que ses frères et mères vont finalement s'exposer.

Dans un élan physique, dans un appel à la solidarité.

Dans un cri de ralliement scandé inlassablement, dans une tape sur l'épaule.

Parfois dans des reproches. Même chez les mauvais gagnants...

Certains vont tellement prendre ça à coeur qu'on croirait que leur avenir en dépend.

D'autres vont rester en retrait, à attendre que quelque chose leur arrive.

D'autres foncent. Parfois tête baissée, sans trop savoir.

Certains, dotés d'un esprit sportif développé, demeureront modestes même s'ils s'avèrent être nettement indispensables au groupe.

D'autres, cherchant les opportunités à tout prix, sont nettement là pour gagner, négligeant ainsi complètement le groupe.

Certains écoutent, collaborent, d'autres s'imposent en leader, avec ou sans expertise.

De toute façon, c'est toujours de formidables surprises.

Comme chez ceux dont on n'espère rien, qui s'appert être de redoutables alliés.

En ce qui me concerne, comme je me retrouvais franchement perdue à courir dans tous les sens dans ce mystérieux et glorieux jeu dont j'ignore à peu près tout et pour lequel on ne savait trop quel rôle m'attribuer, j'ai fini par pratiquer celui qui me semblait le plus naturel: intimider.

Etre dans le chemin...

L'important c'est d'y trouver son compte, de profiter de cette occasion pour sortir tous ces gens du cadre dans lequel on les insèrent inconsciemment dans le quotidien.

Et puis ensuite, il faut demander pardon très très fort à ses quadriceps...

dimanche 22 août 2010


Bientôt, je vais avoir 40 ans.

Je ne sais pas trop comment c'est arrivé, c'est ainsi.

Bon, crise de la quarantaine d'une milliardième personne qui passe par là? Sûrement.

En fait, du big forty, je m'en tamponne pas mal le coquillard; ma tête, je la vois changer tous les jours. Il ne réside pas là le choc.

Le choc, il est plutôt dans la réalisation du «je ne sais pas trop comment c'est arrivé».

Et merci mille fois à tous ceux qui ont tenté maintes fois de me convaincre que je n'ai pas perdu tant d'années de ma vie et que ce que j'ai vécu, j'avais à le vivre... C'est fort charitable, mais y'a personne qui va me convaincre du contraire: j'ai perdu beaucoup de temps dans ma vie.

J'ai gaspillé. Honteusement. J'ai dilapidé les heures. Big Time.

Toutes ces journées passées à ne pas être heureuse. À attendre que quelque chose se produise ou que quelqu'un arrive. Tous ces épisodes de longues minutes à me faire chier dans une file d'attente ou à m'engourdir l'oreille sur un combiné téléphonique pour des conneries pas importantes.

Toutes ces heures que je ne récupérerai jamais car perdues à angoisser à cause de mon fichu disque dur délirant, digne champion des scénarios catastrophiques à la Canal D.

Toutes ces années gaspillées à mettre des «si seulement» dans toutes mes phrases. Tout ce temps foutu en l'air en pensées nocives à envier les autres.

Si je me mettais à tourner la page et à vouloir oublier combien j'ai perdu de temps, ça ne me rendrait pas plus sereine.

Mais endormie? Si.

Anesthésiée? Encore plus.

Je préfère rester en colère et me cogner régulièrement la tête dans un mur afin de me rappeler que le temps presse.

Je préfère vivre ma vie comme si elle n'avait pas de lendemain.

Là au moins, je sais que je suis en train de vivre.

Les regrets, j'en aurai quand je serai morte.

Tous les jours où je me botte le cul à me rappeler que je suis vachement privilégiée d'être encore là, la vie me gratifie de petits moments de grâce. Là encore, je sais que je suis en train de vivre.

Dès lors, je ne gaspille pas. Je deviens hyper-consciente de tout ce que je suis capable d'accomplir. Hyper-consciente de tout ce que je peux aller voler au temps qui passe pour aller me le tatouer dans le compartiment des souvenirs qu'on sait éternels.

Oui, bon je n'ai pas une once de patience et je peut être franchement désagréable mais c'est ma fucking vie.

Ce n'est pas le compteur de quelqu'un d'autre qui défile.

mercredi 11 août 2010

Les voyages ne forment pas que la jeunesse.

Elles forment le caractère aussi. Et pas seulement celui de la jeunesse.

Voyager, c'est s'adapter.

Quitter une zone de confort, une habitude, la formule rassurante et éprouvée d'un mode de vie quotidien pour aller se déstabiliser plus loin.

Comme ça, alors que c'est pas nécessaire.

Par curiosité.

Pour tuer l'ennui (certains disent pour changer le mal de place, mais d'après moi le mal est immuablement situé dans notre tête, donc ça ne sert à rien de cumuler les kilomètres).

Pour se trouver ailleurs. Ou se révéler à soi-même. C'est en fait un peu la même chose dans ce cas-ci.

Si vous voulez savoir de quel trempe vous êtes faits, partez en voyage.

Et si vous voulez savoir quel genre de compagnon vous êtes réellement, amenez quelqu'un avec vous.

Rien de bien exotique n'est d'ailleurs requis.

Pour nous, la simple terrasse Dufferin du Château Frontenac une pluvieuse nuit d'été nous a amplement suffit.

Suffit pour constater que nous étions des êtres de compromis.

Suffit pour voir la magie partout.

Suffit pour observer que notre bonheur tenait dans peu de choses vraiment.

Dans la découverte. Dans notre liberté.

On grandit en voyages. Même si parfois des choses se cassent. Même si parfois le moins gracieux se révèle. Les mécanismes de défense se mettent en marche. On observe ses congénères d'un autre monde et ceux-ci s'empressent de nous renvoyer en plein visage ce qu'on cherche à ignorer ou oublier en soi.

On perd nos repères. L'intimité prend le bord. Si on partait dans l'espoir de fuir quelque chose, c'est précisément là que ça nous rattrape.

C'est dur voyager.

Et pas seulement physiquement.

Je veux dire que c'est confrontant.

Et c'est très bien ainsi.

Mes premiers voyages furent catastrophiques. Je n'y étais pas.

Puis, j'ai compris que la sécurité était ailleurs que dans l'odeur familière d'un oreiller.

Je peux maintenant être heureuse ailleurs puis ravie de retrouver ma tanière.

Je peux maintenant faire les voyages autrement que dans ma tête.

lundi 2 août 2010

La passion.

C'est le désir irrésistible de montrer un ré. Ou un fa.

Ça fait sourire, comme ça, pour rien en particulier.

Ça nous dérobe du temps sans qu'on y consente vraiment.

Ça nourrit, ça garde en vie.

Ça sauve la vie.

C'est vachement beau à regarder.

Ça ranime le meilleur en soi.

Ça donne envie. De tout et de n'importe quoi.

Tout de suite et tout le temps.

Ça fait bouillir le sang dans les veines. Ça fait jaillir l'adrénaline.

Ça donne chaud, ça étourdit.

C'est le piment de la vie. C'est être en vie. C'est LA vie.

Heureusement pour moi, c'est contagieux.

vendredi 23 juillet 2010


Il y a longtemps que j'ai oublié d'avoir peur.

Un mécanisme s'est cassé.

Je fonce. Tête première. Armée d'une imparable insouciance, convaincue que quelqu'un d'autre que moi paiera. Dans une autre vie.

M'en fous.

Sincèrement.

Mes inhibitions se sont envolées.

La témérité est devenue mon carburant.

Et vous savez quoi? C'est d'ailleurs un choc à chaque fois; il n'y a à peu près rien ni personne pour me ramener à l'ordre ou me dire de ralentir.

J'ai de l'audace pour 6. J'ai le toupet dont j'ai manqué toutes ces années où je suis restée tapie dans un coin à craindre, à m'imaginer le pire.

Le pire n'arrive jamais, c'est vraiment épatant.

Devinez-vous la sphère se dessinant derrière cette masse gazeuse blanche? Si oui, alors expliquez-moi ce qui pourrait arriver de si terrible qui ferait en sorte que notre gros cocon terrestre ne nous en préserverait pas?

Souffrir?

That's part of the game. Ce n'est pas si terrible que ça. Ça fait juste confirmer qu'on est pas un robot...

Mourir?

Et alors, c'est pas comme si j'y étais encore pour avoir des regrets après.

Faire de la peine aux autres?

On passe déjà notre vie à faire ça.

On est vraiment des bêtes étonnantes; on survit à chaque fois à l'adversité.

Et la peur amène quoi dans tout ça?

Que dalle.

Alors, je fonce. Je fais progresser les choses. Je n'attends plus dans un coin qu'un rêve se réalise. Je poursuis inlassablement mon but, mon désir.

Je veux: je cours vers.

J'ai pas envie de jouer une game.

Je ne croise plus mes doigts dans l'espoir de quelque chose, je saute sur la moindre opportunité.

Si je suis couchée dans le sable à commenter les nuages, ce n'est pas de la peur; je fais juste attendre avec le plus de pudeur possible que les dernières barrières tombent.

vendredi 16 juillet 2010

J'aimerais n'être que du vent.

Une petite brise, insignifiante, rafraîchissante.

Légère, vaporeuse, vite dissipée.

Sans soucis, sans tracas.

Insouciante.

Mais je ne suis pas un élément.

Il y aura toujours une «gravité» pour me ramener à la raison.

Que ce soit une loi de la physique ou un état d'âme, c'est selon.

Il y a des moments où je suis vraiment écoeurée d'être forte dans l'oeil de l'Autre.

dimanche 4 juillet 2010

Entendu à la radio:

animatrice: -Est-ce que l'art est génétique?
invitée: -Je crois que oui.

Je ne dis pas que l'art est une discipline qu'on se doit de pratiquer, tel un sport de compétition, afin de devenir «bon», mais de là à dire que c'est génétique...

Faut bien être la petite fille de Gratien Gélinas pour oser s'asseoir sur une telle fortune avec si peu de modestie.

L'art est très démocratique, il appartient à celui qui souhaite se l'approprier, que l'on soit le fruit d'une génération spontanée ou le digne (ou indigne) héritier d'une lignée d'artisans.

La famille ne transmet par l'art via l'adn mais bien par le vécu.

Et puis c'est quoi d'abord l'art?

Pour moi, ça n'a rien d'illustre ou d'élitiste. C'est simplement le canal que l'on choisit pour assouvir le besoin de dire quelque chose.

C'est la volonté d'aller au-delà d'une certaine pudeur et de coucher des émotions dans la pérennité. C'est le voeu de creuser dans le profond de sa bouette pour aller recueillir le fertile; c'est laborieux, souvent pénible, résolument douloureux.

Enfin, c'est comme ça; le bonheur tranquille est rarement une bonne source d'inspiration...

Maintenant, beaucoup de gens ne sont peut-être pas nécessairement prêts à un tel acte, cela peut aisément devenir la sueur d'un forcené. Mais ça ne veut absolument pas dire qu'il n'y a pas un artiste en chacun de nous. Il faut juste avoir la détermination de le rencontrer...

Aujourd'hui, j'ai découvert que mon père ne signait pas réellement ses oeuvres à l'aide de son nom suivi de son prénom, mais bien avec un 13 suivi d'un 12.

Son originalité siégeait même dans les plus infimes détails. Il est toujours aussi mystérieux, mais moi encore plus admirative.

mercredi 30 juin 2010

À chaque jour où j'ai envie de me percher à ma fenêtre afin de refaire mon monde intérieur, admirer mon pont ou épier la jungle de mon quartier, sa maison est là.

À chaque jour, je me pogne les pattes dedans, je me couvre des résidus de son garde-manger.

À chaque jour, je m'obstine à tout détruire afin de me réapproprier MA fenêtre.

À chaque jour, elle s'acharne à tout rebâtir. Elle pourrait bien assiéger la fenêtre de fils, juste à côté, mais non, c'est la mienne qu'elle veut, un point c'est tout.

Je ne pense pas capituler bientôt. Je ne crois pas qu'elle va abandonner non plus, depuis le temps...

Une amie me faisait sagement remarquer récemment qu'il faut savoir choisir ses batailles.

Certes, on s'entend que ce n'est pas une toile d'araignée qui va affecter la qualité de mon sommeil paradoxal (au contraire en fait, elle pourrait bien finir par nourrir mon monde onirique), mais tout de même, ça fait réfléchir.

Elle a du cran cette petite arachnide. Pour elle, c'est sa survie, sa maison, son garde-manger; c'est crucial. Pour moi, bien assise au sommet de la chaîne alimentaire, c'est un léger emmerdement rapidement balayé du revers de la main.

Une bataille pour elle. Un enjeu réel.

Pour moi, un très léger irritant.

Plus j'y réfléchis, plus je constate que les enjeux ne sont pas systématiquement dans les parties que l'on choisit consciemment de livrer. Ils sont bien souvent sournoisement camouflés dans des manèges qui nous sont complètement inconnus.

Il faut effectivement choisir ses batailles. Mais pour ce faire, il faut savoir reconnaître ses réels adversaires.

Et là où ça devient vicieux, c'est qu'ils sont bien souvent tapis en nous.

vendredi 25 juin 2010

Je peux affirmer avec assurance être douée pour la colère.

Pas la inhibée «passive-agressive je passe ma vie à critiquer mes proches de façon «constructive»», ni la «je suis un peu frustrée mangeons des biscuits pour compenser»; non la VRAIE colère.

Celle des éclats, de la violence, de l'adrénaline. Celle de la patate qui pompe et qui met un certain temps à retrouver sa diastole.

Celle où alors que submergé par ses émotions, on agresse.

Celle de l'inacceptable que l'on ne peut ni taire, ni nier.

La cathartique.

Celle qui explose de soi, qui va, d'un doigté chirurgical, ouvrir la plaie et mettre à nu l'infection qu'on voulait ignorer.

Celle qui attaque de front, qui fait gicler, qui fait hurler, qui exorbite les regards et fait postillonner des mètres à la ronde.

La pas jolie.

Mais la franche.

Celle qui nous plaque devant l'évident, irrémédiablement.

Celle par laquelle on ne verra pas nécessairement rouge, mais par laquelle l'on va nécessairement voir autrement. Pour de bon.

La colère, ce n'est pas un crime.

Cela peut être vachement éclairant et bénéfique.

J'espère que vous le saviez.

samedi 19 juin 2010

Le concept est certainement flou aussi.

À chaque fois que je croise ce fucking mur, il me questionne. Oui, certes, des tas de trucs me questionnent, mais là, c'est carrément un constat.

L'auteur à bonbonne de cet énoncé vient de mettre la barre tellement haute qu'il vient carrément de dresser un mur entre nous et le bonheur.

Qui oserait se commettre avec un «absolument», sans une once d'hésitation en guise de réponse à ça??

Pas moi en tout cas.

Et tant mieux.

J'anticipe maintenant les foulées qui me ramènent à la maison et par lesquelles je croise ce dessous d'autoroute car il est devenu un espèce de reality check.

C'est ma nouvelle sonnette d'alarme.

Celle par qui je vais impérativement éviter l'anesthésiant tranquille du déni et du confort aveugle.

Comme les anniversaires et les saisons qui passent ne suffisent plus à me rappeler combien le temps file plus vite que monsieur 87, je cherche ce coup de poing qui forcera mon examen.

Quand vais-je décider que ma vie, dans tout ce qu'elle m'aura offert afin de m'étourdir, me «suffit»?

Et est-ce que je veux voir ce jour arriver?

Quand vais-je renoncer aux larmes qui grugent, épuisée d'émotions en montagnes russes, pour m'accoter sur une montagne et reprendre mon souffle?

Et est-ce que j'ai réellement besoin de ça?

Quand vais-je m'ordonner d'ouvrir les valves de mon monde intérieur afin d'arriver à en vulgariser son contenu, confrontant ainsi mon univers à celui des magnifiques humains qui me côtoient?

Et devrais-je faire ça?

Si je n'ai rien pour fouetter le gros chat douillet qui sommeille inconsciemment en moi, ne risquais-je pas la petitesse, la banalité, l'insignifiance??

dimanche 13 juin 2010

La vitesse.

Le cran. L'agilité. La force. La souplesse. La ténacité. La technique. La sagesse de savoir s'économiser.

Mais surtout l'endurance.

L'endurance quand l'eau est glacée et qu'on a envie de hurler de douleur. Quand les genoux grincent. Quand les hanches élancent. Quand la sueur vient nous brûler les narines. Quand le soleil nous plombent sur les épaules. Quand les quadriceps sont tellement bandés qu'on n'arrive plus à s'asseoir.

Le sport, c'est pour les maso.

Et les addicts de l'adrénaline.

Mais la gratification est sans borne.

On en veut toujours davantage, pendant plus longtemps. Il faut y aller plus fort, il faut que ça fasse plus mal. Faut perpétuellement aller au-delà de ce qu'on connaît déjà. On cherche à avoir peur de franchir ses limites, de perdre le contrôle de soi. On anticipe l'effort avec une excitation intenable. On veut tuer la tête et s'oublier complètement dans son enveloppe charnelle.

Vous me voyez venir avec mes insinuations nullement subtiles?

Ben, c'est pareil.

Avec les mêmes endorphines à la fin.

jeudi 10 juin 2010

Celle-là, je ne lui ai tellement rien fait qu'elle est demeurée IMG_1417.jpg.

Pas de titre.

Pas besoin de la rebaptiser car la surprise fut de taille lorsque téléchargée sur ma grosse pomme.

Tout y est déjà. Nul besoin de rajouter ou de trafiquer.

Le mouvement, la gravité, la vitesse, la lumière, l'émotion, les couleurs. Et des tonnes de lois de la physique que je ne maîtrise guère et qui me faisait trembler la main en déclenchant.

Tout y est parfait, comme ma surprise.

J'ai pourtant toujours eu horreur de l'improviste, de ces choses qui vous tombent dessus et qu'on a pas su voir venir et prévoir. Ces situations qui vous pognent les culottes à terre, celles pour lesquelles nous n'avons pas le temps de nous confectionner un air composé et impassible.

Je suis en train de changer d'idée.

J'en suis à me rendre compte que les possibilités sont infinies lorsqu'on décide d'embrasser la surprise.

Lorsque nous sommes en quête d'intensité dans tout ce qui est à notre portée, il faut capituler devant ce qui naît sous nos yeux. Laisser les filtres au vestiaire, assumer notre tête qui trahira nos émotions les plus secrètes.

Rester à découvert.

Assumer les bas comme les hauts.

N'avoir aucune idée de ce qui vient après. J'ai toujours cru que ça signifiait une perte de contrôle sur mon environnement. Et peut-être que c'est précisément ce que ça implique en fait.

Et alors?

Fuck that.

Je ne peux pas tout contrôler. Et puis d'ailleurs, j'ai envie que la vie m'en fasse baver et qu'elle me fasse hurler de plaisir. Je ne vais jamais y arriver avec le pied sur le frein.

Je veux? J'essaie.

Je désire? Je vais chercher.

C'est tout.

On verra bien ce qui arrivera.

Au pire, Super Manège bousille pour de bon ma Canon Power Shot SD1000.

Au mieux, j'ai une photo irréelle d'un moment inoubliable.

samedi 5 juin 2010

Peu importe ce qu'on prétend ou s'imagine, on espère tout le temps l'amour.

«Je ne recherche pas ça, je ne veux pas ça, je ne suis pas prêt, je ne veux rien de compliqué»...

On se croit. Et c'est ça le pire, car nous sommes sincères dans notre déni.

On ne veut pas admettre qu'on va en souffrir, croyant ainsi l'éviter en en niant le désir.

Nous sommes des bêtes de culture, ayant depuis longtemps réglé leurs impératifs de survie, désormais pris en embuscade par l'amour.

On peut raisonner l'absence dans notre vie de la grosse maison-chien-piscine-foyer, des 3 gamins formidables ou de la carrière flamboyante, mais on ne peut absolument pas renoncer à l'amour.

Etre toxique, endurci, trop vieux pour ça, pfttt...

Et là, je veux citer ami sous contrat:

(...) un des plus grands plaisirs dans le fait de tomber en amour, c’est de se faire surprendre au détour, sans s’y attendre, sans faire des pieds et des mains, sans chercher à se conditionner à être en amour… Alors pourquoi se mettre de la pression ? (...) Il faut dire qu’il y a un côté social à tout ça : la vie à deux est très valorisée… TRÈS valorisée, c’est présenté comme un pré-requis au bonheur, une condition non-négociable pour être « entier ».

J'adorerais être surprise ou foudroyée par l'amour comme dans les films mais je sais pertinemment que ça ne m'arrivera pas, étant beaucoup trop conditionnée à tenter de le provoquer partout...

J'ai décidé d'assumer le côté profondément masochiste de cette quête dont les profonds sables mouvants nous engloutissent constamment.

Tout dans cette quête fait mal: son bonheur tranquille dont on sent la passion s'étioler, se remémorer combien on y aspire lorsqu'on ne l'a pas, se péter la gueule à se l'imaginer naissant, le perdre...

C'est le grand paradoxe: ça nous garde en vie et ça va résolument nous achever.

mardi 1 juin 2010

Des petites machines à boire du lait qui très vite deviennent des humains.

Il faut les remplir tant qu'ils nous laissent faire.

Mais pas que de lait-là...

Bientôt, ils perdront leur potelé et devront nous porter à bout de bras.

Il faut faire en sorte qu'ils en soient capables. Et dignes.

Profiter de cette matière première et la gaver d'idées, leur faire exploser la curiosité.

S'assurer de déposer toutes les armes à notre disposition dans leur cerveau déjà disproportionné afin de faire germer un sens critique.

Etre là lorsqu'ils se pèteront la gueule, pour le debriefing.

Les laisser se péter la gueule.

Les laisser frayer avec le vrai monde au milieu des vraies affaires.

Les écouter, d'une oreille toujours néophyte.

Se laisser surprendre, déstabiliser par tout ce qui s'avère bouillonnant en eux et jusque-là insoupçonné.

Accepter la distance qui s'installera, irrémédiablement.

La pudeur. Les secrets.

L'individualité.

Aujourd'hui, j'ai appris qu'une compère devait composer avec un diagnostic médical dégénératif et fatal pour son fils de 7 ans.

J'espère que la vie lui fera au moins le cadeau de toutes ces belles étapes à franchir.

dimanche 23 mai 2010

La vie est fucking fabuleuse, j'espère que vous le savez.

Sinon, je vais vous le rentrer dans le crâne, une fois pour toutes.

Pas encore débarquée de M. Orléans Express que déjà le ciel me livrait ses effets spéciaux. Je crois que c'était un gros X pour me dire que ce serait marquant. Tel un adolescent attardé qui gosse un «Dumb Ass was here» dans la rampe de bois de la file d'attente du manège, j'étais là, à ce moment-là, le ciel marqué pour moi.

Oui, oui, pour moi.

Pour moi parce que j'étais disposée à voir le magnifique.

Dans le magnifique des nuages sur la 20 qui m'ont fait chialer tellement c'était beau, à l'aller comme au retour. Des masses gazeuses, dans l'infini de ce que l'oeil arrive à capter, flottant, sans logique, au milieu du ciel. J'avais juste envie de défoncer la fenêtre pour en capturer un, constater sa douceur apparente puis le tordre pour dégorger ce gros kleenex de toute son eau.

Dans le magnifique de mon refuge/cocon musical, recroquevillée dans mon siège, la tête rivée au ciel, des heures durant, inconsciente du passager à côté de moi, en transe via toutes ces notes extraordinaires, toutes ces ambiances que mes écouteurs baladent d'un côté à l'autre de mon cerveau; je me regagne dans ma bulle, comblée par une indomptable envie de vivre toutes mes émotions en montagne russe, dans un très grand silence pudique.

Dans le magnifique de ma reconquête d'un vieil ami pas vu depuis au moins 15 ans, intact, exactement comme dans mon souvenir. Une autre preuve réconfortante que ce n'est pas parce qu'on vieillit qu'on s'assagit...

Dans le magnifique de ces retrouvailles avec la femme superbe, celle par qui le Listel Gris coule tout seul. Dans l'équilibre parfait entre la plénitude et l'ivresse, on se livre et se saisit, intuitivement. Combien d'années j'ai pu perdre à passer à côté de cette jumelle prodigieuse??? Je dois impérativement rattraper le temps perdu.

Dans le magnifique qui m'attendait au-delà de cette dernière orgie photo, à retrouver mon frère par contrat. Sérieux, nous avons un contrat, signé et tout, dans lequel nous nous sommes engagés à être amis pour la vie.

Je vous souhaite ça tiens; un ami qui veut signer un contrat avec vous. Si ce n'est pas rafraîchissant ça, je me demande bien ce que ça vous prend... De toute façon, nous honorons gracieusement notre contrat. Quel assouvissement extraordinaire que d'avoir cette précieuse personne avec qui l'on retrouve, libère et assume pleinement le grand enfant qu'on ne veut pas assassiner en soi.

Et puis dans le magnifique de cette «Vieille Capitale» (fuck you Rapaille Machin, c'est ce qu'elle demeurera) à des années lumières de celle que j'ai laissée il y a maintenant 14 ans, dans l'audace architecturale, complètement renouvelée, ne craignant plus d'être dans l'ombre de ma métropole d'amour.

Dans le magnifique de ces moments que l'on vit si intensément, à peine consumés mais que l'on devine déjà gravés à jamais sur notre disque dur.

Il est là, il vous côtoie ce magnifique.

mercredi 19 mai 2010

Ça fait un peu David Hemmings qui découvre un horrible secret en agrandissant des tonnes de fois sa photo dans Blow-Up: ce qui semblait a priori banal recèle en fait un horrible secret.

Bon.

La tête d'Alain n'est pas banale et je ne suis pas vraiment un horrible secret.

Mais j'affectionne particulièrement les analogies de type cinématographiques. Je les affectionne certainement autant qu'un certain Matt Groening qui en truffe les péripéties télévisuelles de notre famille préférée de Springfield, USA.

Et je raffole des secrets. Les miens surtout, que je garde jalousement.

C'est chouette les trucs cachés.

Et ils deviennent carrément JOUISSIFS lorsque dévoilés, lorsqu'on se rend compte que notre perspicacité vient de nous faire un cadeau: un masque qui tombe.

Vous savez, lorsqu'on vient de découvrir quelque chose sur quelqu'un malgré lui?

eh eh eh... Je rends des gens nerveux???!!!

Pourtant, nulle inquiétude à nourrir car dévoiler au grand jour ce qu'on a percé chez autrui, c'est en dissiper la saveur, en édulcorer l'effet; je préfère garder ça pour moi.

Tandis que révéler une confidence est carrément inacceptable et digne d'une bonne décapitation.

Donc, le secret.

Je crois qu'il est plus souvent qu'autrement dans le détail qu'on néglige. Dans les mots qu'on censure au bout d'une syllabe pour leur en préférer un autre. Dans les bras qui demeurent résolument croisés de celui qui vous sourit à pleines dents en se disant ravi de vous voir.

Il est dans la négligence de celui qui oublie que tout ce qu'il fait et dit risque d'être interprété, souvent même par des artistes de la sémiologie.

Bref, si ça ne vous gêne pas d'être un livre ouvert pour vos semblables, eh bien continuez à être négligent.

Sinon, vous pouvez toujours porter des verres fumées réfléchissants comme Alain.