mercredi 30 juin 2010

À chaque jour où j'ai envie de me percher à ma fenêtre afin de refaire mon monde intérieur, admirer mon pont ou épier la jungle de mon quartier, sa maison est là.

À chaque jour, je me pogne les pattes dedans, je me couvre des résidus de son garde-manger.

À chaque jour, je m'obstine à tout détruire afin de me réapproprier MA fenêtre.

À chaque jour, elle s'acharne à tout rebâtir. Elle pourrait bien assiéger la fenêtre de fils, juste à côté, mais non, c'est la mienne qu'elle veut, un point c'est tout.

Je ne pense pas capituler bientôt. Je ne crois pas qu'elle va abandonner non plus, depuis le temps...

Une amie me faisait sagement remarquer récemment qu'il faut savoir choisir ses batailles.

Certes, on s'entend que ce n'est pas une toile d'araignée qui va affecter la qualité de mon sommeil paradoxal (au contraire en fait, elle pourrait bien finir par nourrir mon monde onirique), mais tout de même, ça fait réfléchir.

Elle a du cran cette petite arachnide. Pour elle, c'est sa survie, sa maison, son garde-manger; c'est crucial. Pour moi, bien assise au sommet de la chaîne alimentaire, c'est un léger emmerdement rapidement balayé du revers de la main.

Une bataille pour elle. Un enjeu réel.

Pour moi, un très léger irritant.

Plus j'y réfléchis, plus je constate que les enjeux ne sont pas systématiquement dans les parties que l'on choisit consciemment de livrer. Ils sont bien souvent sournoisement camouflés dans des manèges qui nous sont complètement inconnus.

Il faut effectivement choisir ses batailles. Mais pour ce faire, il faut savoir reconnaître ses réels adversaires.

Et là où ça devient vicieux, c'est qu'ils sont bien souvent tapis en nous.

vendredi 25 juin 2010

Je peux affirmer avec assurance être douée pour la colère.

Pas la inhibée «passive-agressive je passe ma vie à critiquer mes proches de façon «constructive»», ni la «je suis un peu frustrée mangeons des biscuits pour compenser»; non la VRAIE colère.

Celle des éclats, de la violence, de l'adrénaline. Celle de la patate qui pompe et qui met un certain temps à retrouver sa diastole.

Celle où alors que submergé par ses émotions, on agresse.

Celle de l'inacceptable que l'on ne peut ni taire, ni nier.

La cathartique.

Celle qui explose de soi, qui va, d'un doigté chirurgical, ouvrir la plaie et mettre à nu l'infection qu'on voulait ignorer.

Celle qui attaque de front, qui fait gicler, qui fait hurler, qui exorbite les regards et fait postillonner des mètres à la ronde.

La pas jolie.

Mais la franche.

Celle qui nous plaque devant l'évident, irrémédiablement.

Celle par laquelle on ne verra pas nécessairement rouge, mais par laquelle l'on va nécessairement voir autrement. Pour de bon.

La colère, ce n'est pas un crime.

Cela peut être vachement éclairant et bénéfique.

J'espère que vous le saviez.

samedi 19 juin 2010

Le concept est certainement flou aussi.

À chaque fois que je croise ce fucking mur, il me questionne. Oui, certes, des tas de trucs me questionnent, mais là, c'est carrément un constat.

L'auteur à bonbonne de cet énoncé vient de mettre la barre tellement haute qu'il vient carrément de dresser un mur entre nous et le bonheur.

Qui oserait se commettre avec un «absolument», sans une once d'hésitation en guise de réponse à ça??

Pas moi en tout cas.

Et tant mieux.

J'anticipe maintenant les foulées qui me ramènent à la maison et par lesquelles je croise ce dessous d'autoroute car il est devenu un espèce de reality check.

C'est ma nouvelle sonnette d'alarme.

Celle par qui je vais impérativement éviter l'anesthésiant tranquille du déni et du confort aveugle.

Comme les anniversaires et les saisons qui passent ne suffisent plus à me rappeler combien le temps file plus vite que monsieur 87, je cherche ce coup de poing qui forcera mon examen.

Quand vais-je décider que ma vie, dans tout ce qu'elle m'aura offert afin de m'étourdir, me «suffit»?

Et est-ce que je veux voir ce jour arriver?

Quand vais-je renoncer aux larmes qui grugent, épuisée d'émotions en montagnes russes, pour m'accoter sur une montagne et reprendre mon souffle?

Et est-ce que j'ai réellement besoin de ça?

Quand vais-je m'ordonner d'ouvrir les valves de mon monde intérieur afin d'arriver à en vulgariser son contenu, confrontant ainsi mon univers à celui des magnifiques humains qui me côtoient?

Et devrais-je faire ça?

Si je n'ai rien pour fouetter le gros chat douillet qui sommeille inconsciemment en moi, ne risquais-je pas la petitesse, la banalité, l'insignifiance??

dimanche 13 juin 2010

La vitesse.

Le cran. L'agilité. La force. La souplesse. La ténacité. La technique. La sagesse de savoir s'économiser.

Mais surtout l'endurance.

L'endurance quand l'eau est glacée et qu'on a envie de hurler de douleur. Quand les genoux grincent. Quand les hanches élancent. Quand la sueur vient nous brûler les narines. Quand le soleil nous plombent sur les épaules. Quand les quadriceps sont tellement bandés qu'on n'arrive plus à s'asseoir.

Le sport, c'est pour les maso.

Et les addicts de l'adrénaline.

Mais la gratification est sans borne.

On en veut toujours davantage, pendant plus longtemps. Il faut y aller plus fort, il faut que ça fasse plus mal. Faut perpétuellement aller au-delà de ce qu'on connaît déjà. On cherche à avoir peur de franchir ses limites, de perdre le contrôle de soi. On anticipe l'effort avec une excitation intenable. On veut tuer la tête et s'oublier complètement dans son enveloppe charnelle.

Vous me voyez venir avec mes insinuations nullement subtiles?

Ben, c'est pareil.

Avec les mêmes endorphines à la fin.

jeudi 10 juin 2010

Celle-là, je ne lui ai tellement rien fait qu'elle est demeurée IMG_1417.jpg.

Pas de titre.

Pas besoin de la rebaptiser car la surprise fut de taille lorsque téléchargée sur ma grosse pomme.

Tout y est déjà. Nul besoin de rajouter ou de trafiquer.

Le mouvement, la gravité, la vitesse, la lumière, l'émotion, les couleurs. Et des tonnes de lois de la physique que je ne maîtrise guère et qui me faisait trembler la main en déclenchant.

Tout y est parfait, comme ma surprise.

J'ai pourtant toujours eu horreur de l'improviste, de ces choses qui vous tombent dessus et qu'on a pas su voir venir et prévoir. Ces situations qui vous pognent les culottes à terre, celles pour lesquelles nous n'avons pas le temps de nous confectionner un air composé et impassible.

Je suis en train de changer d'idée.

J'en suis à me rendre compte que les possibilités sont infinies lorsqu'on décide d'embrasser la surprise.

Lorsque nous sommes en quête d'intensité dans tout ce qui est à notre portée, il faut capituler devant ce qui naît sous nos yeux. Laisser les filtres au vestiaire, assumer notre tête qui trahira nos émotions les plus secrètes.

Rester à découvert.

Assumer les bas comme les hauts.

N'avoir aucune idée de ce qui vient après. J'ai toujours cru que ça signifiait une perte de contrôle sur mon environnement. Et peut-être que c'est précisément ce que ça implique en fait.

Et alors?

Fuck that.

Je ne peux pas tout contrôler. Et puis d'ailleurs, j'ai envie que la vie m'en fasse baver et qu'elle me fasse hurler de plaisir. Je ne vais jamais y arriver avec le pied sur le frein.

Je veux? J'essaie.

Je désire? Je vais chercher.

C'est tout.

On verra bien ce qui arrivera.

Au pire, Super Manège bousille pour de bon ma Canon Power Shot SD1000.

Au mieux, j'ai une photo irréelle d'un moment inoubliable.

samedi 5 juin 2010

Peu importe ce qu'on prétend ou s'imagine, on espère tout le temps l'amour.

«Je ne recherche pas ça, je ne veux pas ça, je ne suis pas prêt, je ne veux rien de compliqué»...

On se croit. Et c'est ça le pire, car nous sommes sincères dans notre déni.

On ne veut pas admettre qu'on va en souffrir, croyant ainsi l'éviter en en niant le désir.

Nous sommes des bêtes de culture, ayant depuis longtemps réglé leurs impératifs de survie, désormais pris en embuscade par l'amour.

On peut raisonner l'absence dans notre vie de la grosse maison-chien-piscine-foyer, des 3 gamins formidables ou de la carrière flamboyante, mais on ne peut absolument pas renoncer à l'amour.

Etre toxique, endurci, trop vieux pour ça, pfttt...

Et là, je veux citer ami sous contrat:

(...) un des plus grands plaisirs dans le fait de tomber en amour, c’est de se faire surprendre au détour, sans s’y attendre, sans faire des pieds et des mains, sans chercher à se conditionner à être en amour… Alors pourquoi se mettre de la pression ? (...) Il faut dire qu’il y a un côté social à tout ça : la vie à deux est très valorisée… TRÈS valorisée, c’est présenté comme un pré-requis au bonheur, une condition non-négociable pour être « entier ».

J'adorerais être surprise ou foudroyée par l'amour comme dans les films mais je sais pertinemment que ça ne m'arrivera pas, étant beaucoup trop conditionnée à tenter de le provoquer partout...

J'ai décidé d'assumer le côté profondément masochiste de cette quête dont les profonds sables mouvants nous engloutissent constamment.

Tout dans cette quête fait mal: son bonheur tranquille dont on sent la passion s'étioler, se remémorer combien on y aspire lorsqu'on ne l'a pas, se péter la gueule à se l'imaginer naissant, le perdre...

C'est le grand paradoxe: ça nous garde en vie et ça va résolument nous achever.

mardi 1 juin 2010

Des petites machines à boire du lait qui très vite deviennent des humains.

Il faut les remplir tant qu'ils nous laissent faire.

Mais pas que de lait-là...

Bientôt, ils perdront leur potelé et devront nous porter à bout de bras.

Il faut faire en sorte qu'ils en soient capables. Et dignes.

Profiter de cette matière première et la gaver d'idées, leur faire exploser la curiosité.

S'assurer de déposer toutes les armes à notre disposition dans leur cerveau déjà disproportionné afin de faire germer un sens critique.

Etre là lorsqu'ils se pèteront la gueule, pour le debriefing.

Les laisser se péter la gueule.

Les laisser frayer avec le vrai monde au milieu des vraies affaires.

Les écouter, d'une oreille toujours néophyte.

Se laisser surprendre, déstabiliser par tout ce qui s'avère bouillonnant en eux et jusque-là insoupçonné.

Accepter la distance qui s'installera, irrémédiablement.

La pudeur. Les secrets.

L'individualité.

Aujourd'hui, j'ai appris qu'une compère devait composer avec un diagnostic médical dégénératif et fatal pour son fils de 7 ans.

J'espère que la vie lui fera au moins le cadeau de toutes ces belles étapes à franchir.