jeudi 29 octobre 2009

Avec une exquise régularité survient une agréable voix d'homme dans mon téléphone afin de me rappeler en grande partie pourquoi j'aime tant mon travail.

J'aime les hommes. J'aime leur différence, j'aime leur parler; ils sont une espèce étrange, leur cerveau fonctionne bizarrement.

J'aime leur pilosité, leur mâchoire carrée. J'aime leurs grosses mains, leurs bras sculptés par des veines saillantes. J'aime leurs épaules carrées, leurs genoux rocailleux.

Des plus taciturnes aux plus faconds, ils auront toujours pour moi quelque chose de délicieusement bourru, revêche. L'homo sapiens mâle a beau t'entretenir de sa plus savante théorie, je perçois tout le temps, pas très loin derrière, son côté concupiscent.

Et ce n'est jamais aussi évident que dans leur voix. Cette belle voix aggravée par cette petite pomme dans leur gorge.

Bon, bien sûr, certaines voix d'hommes sont franchement intolérables (Bruno Guglieminetti, pourquoi ce type ne se contente-t-il pas de bloguer??!!) mais la majorité d'entre eux n'ont ni le timbre trop haut perché, ni trop nasillard.

Heureusement pour moi.

Avoir de belles voix graves, qui s'en vont se perdre dans le fond de mon cerveau, même si elles me réclament sans cesse de l'argent; m'en fous!

D'ailleurs, 2 voix qui se rencontrent, ça dérape parfois...

La fin de semaine, j'ai mon iPod pour combler mes oreilles de grondements virils. Voici un aperçu des voix d'hommes les plus exceptionnels de mon univers musical:

Mark Hollis. Le formidable chanteur de Talk Talk a une voix inimitable. Onirique, irréelle, tragique, c'est la seule jolie voix nasillarde que je connaisse. Il sait crier en chantant. Tout en retenue, il crache néanmoins ses tripes avec une jolie ironie (I Believe in You).

Bono. Le gars qui n'a plus besoin de présentation n'a pas le spectre vocal le plus exceptionnel mais il est entre autres doté d'un charmant falsetto (Lemon). Il sait quoi faire avec la gorge héritée de son papa. M. Hewson éructe directement du gosier, là où le bât de la séduction blesse, et il le sait. Certainement une des voix les plus racoleuses du monde du rock.

Chris Cornell. Bon, bien que le jadis grungeur chante certes maintenant des mièvreries innommables, comment oublier tout ce qu'il arrivait à pousser à l'époque de Soundgarden??? On dit de lui qu'il arrive à faire quatre octaves distinctes. Prestidigitateur du larynx, le gars est plus aigu que ses guitares (Jesus Christ Pose)! Le miracle se nomme vocal belting. Quelle puissance inspirante! Garanti de faire gicler l'adrénaline même chez le plus amorphe parmi vous!!!

Thom Yorke. Le Creep en chef est sans contredit béni d'une élégante voix de ténor, un superbe mélange de vibrato et de falsetto enrobé dans une magnifique capacité pulmonaire lui permettant de garder la note (Reckoner). Même si on se prêtait à l'exercice déchirant de faire abstraction du génie expérimentateur et profondément artistique présent dans toute la musique de Radiohead, la voix de Thom a elle seule en vaudrait le détour tellement elle est magique. Elle est douce, apaisante, inquiétante, inquiétée; toutes les émotions y passent.

There was nothing to fear and nothing to doubt
...

Si Thom le dit...

samedi 24 octobre 2009

Vendredi, j'ai vu Pi...? avec Annabelle à La Licorne.

Une création de Christian Bégin. Ça faisait une paye que toutes les deux on se devait du théâtre à nous-mêmes.

10h40. J'en étais encore à déterminer si c'est nous qui nous exhibions dans la vitrine du Second Cup ou si c'était la rue qui s'affichait à nous lorsque Christian passa sous nos yeux.

Il n'avait plus sa chemise de lin dans laquelle il avait tant gueulé son mal de vivre quelques minutes auparavant. Il tenait plutôt fermement un blouson contre lui dans la froideur de la mi-octobre. Il n'avait plus le regard désemparé de son personnage. Il n'était qu'un type grisonnant comme des tonnes d'autres sur Mont-Royal ce soir-là.

Quelques minutes plus tôt, il nous crachait ses tripes avec ses complices pigistes devant l'éternel. Ses amis et lui donnaient corps à une histoire d'une grande intensité. Chaque personnage y hurlait sa rage, sa peine, sa folie, y avouait son désir, ses failles dans un grand élan d'exubérance.

Maintenant, il n'était que monsieur-madame tout le monde qui a oublié d'acheter du jambon pour les sandwichs des enfants.

Comment fait-il??!!

Comment canaliser toute cette intensité et réussir à la mettre rapidement de côté? Comment reprendre le cours normal des choses après s'être tant déployé? Comment simplement se préoccuper de notre démangeaison au coude lorsqu'on vient de bouleverser des dizaines de personnes?

L'intensité est partout. Partout où l'on veut bien qu'elle soit.

Pour moi, elle est dans cette photo, cette photo qui est TROP. Trop ce que vous voudrez.

Je connais des gens qui contrôlent leur intensité, qui la craignent comme la peste. Ils ne parlent jamais avec volubilité ou excès, ils gardent leurs idées pour eux de peur de choquer ou de provoquer un débat. Il ne rit jamais trop fort, ne gênent jamais personne.

Ils ont peur.

Ils ne chantent jamais faux parce qu'ils ne chantent pas. Ils se trompent rarement parce qu'ils ne se commettent tout simplement jamais.

Ils ne prennent jamais de risques, ou à tout le moins jamais celui de l'intensité.

Pas de montagnes russes ni aucune autre grosse mécanique pour vous faire perdre la tête et hurler. Le linéaire. Le monocorde. Flatliners. Pas de mauvaises surprises parce que pas de surprises.

FUCK LE FREIN!!!

mercredi 21 octobre 2009

D'habitude, j'extrais une photo de ma collection et j'élabore à partir d'elle. Bon, là j'ai décidé d'inverser ce à quoi je vous avais habitué car un concept erre dans mon esprit depuis quelques semaines et je n'ai aucune fucking photo là-dessus, ce qui n'est pas étonnant puisqu'il s'agit d'un concept.

Mais je vais d'abord vous parler de ma vision périphérique.

J'en ai une excellente depuis ma période basket-ball. Pour le bénéfice des novices parmi vous, sachez que la vision périphérique c'est la capacité de voir en bordure du champ de vision. Ça se développe mais ça rend aussi un peu parano. Par contre, ça sert vachement à ne pas se faire tuer en vélo sur René-Lévesque un lundi à 16h20.

C'est comme sur cette épreuve-là, j'en ai pas l'air mais je vous ai tout de même un peu à l'oeil...

La vision, ça peut être une foule de choses: une représentation mentale, une perception sensorielle véhiculée par notre nerf optique, la représentation visuelle d'un objet pourtant absent de notre dimension concrète...

En ce qui me concerne, c'est dans la manière d'appréhender la réalité que la notion de vision m'intéresse au plus haut point. Et plus je pense à cette habileté d'aller au-delà de l'offert que constitue ma vision périphérique, plus je me questionne sur ce que je ne saisirai probablement jamais, malgré toute mon acuité, c'est-à-dire tout ce qui se ramasse dans mon angle mort.

Mon angle mort me préoccupe, m'inquiète, me torture.

Je vous fais le coup du Wiki:

L'angle mort est la zone inaccessible au champ de vision pour le conducteur d'une voiture parce que elle n'est pas couverte par les rétroviseurs.

Je compte sur les meilleurs amis du monde, ceux qui savent avoir le recul, le détachement et surtout la franchise nécessaires pour vous mettre en face de tout ce qui vous échappe. Car je déteste particulièrement l'idée que quelque chose puisse m'échapper. Mes amis sont francs et avisés. Ils savent que mon orgueil m'est moins précieux que leur lucidité. J'ai besoin que leurs rétroviseurs complètent les miens. Surtout que je roule toujours trop vite. Je file continuellement, totalement candide, vers les accidents.

Oui, bon c'est ok les petites collisions occasionnelles, ça forme la jeunesse. Mais si on croyait avoir pris toutes les précautions nécessaires et qu'on se pète néanmoins la gueule (parce que disons-le franchement, on ne va quand même pas rester sur le bord du trottoir jusqu'à ce que les réserves mondiales de pétrole soient épuisées pour se décider à foncer car on est PARALYSÉ à l'idée que quelque chose de moche se produise)???? Je souhaite qu'en me relevant on puisse m'expliquer ce qui s'est passé, car je serai nécessairement désorientée.

Quelque chose m'a échappé, je veux savoir quoi. Ça m'a fait très mal, je veux faire en sorte que ça ne se reproduise jamais.

vendredi 16 octobre 2009

Dans mon univers de salariée 9 à 5, la fin de semaine comporte toujours, mais vraiment systématiquement, du vin. C'en est presque par moment un devoir avant d'être un plaisir. Ou un devoir de me faire plaisir.

Mon univers est bien dérisoire si on le compare à celui du vin. Et là je sens le besoin de vous dire de ne pas vous en laisser dicter par le naturel pédant du monde viticole. De toute façon, vous êtes allés à la SAQ récemment? Je déteste ce monopole improductif et malgré tout outrageusement rentable où on retrouve un ratio de 3 employés par client qui passe leur journée à bitcher sur leur clientèle. Pas de quoi être intimidé...

Il existe des milliards de prétextes pour être intimidé par ce monde faussement inaccessible et dont la complexité est largement surfaite. Les vins du Nouveau Monde ou non? Les vins nouveaux ou le Beaujolais habituel qu'on retrouve sur la tablette à l'année? Que penser des bouteilles dévissables? Vais-je m'en rendre compte si le vin est bouchonné (oui, oui, c'est horrible)? Le liège ce maudit ou le bouchon de mousse? Est-ce que ça doit réellement décanter? Combien de temps? Chambrer le rouge avant de le déboucher ou non?

Il n'y a pas de bonnes réponses, juste des essais et erreurs où l'on apprend à apprivoiser nos goûts. Il faut se faire confiance. Recherchez les mono-cépages pour commencer. Cherchez ensuite la constance dans ce que vous avez apprécié. En tant qu'autodidacte, ça ma permis de découvrir mon dégoût pour le Shiraz ou le Carmenere et ma grande passion pour les Tempranillo, Malbec et autres Zinfandel.

Et puis au-delà des détails techniques, il y a le geste en lui-même. Le sincère amateur de vin ne boit jamais pour se saouler (bon, oui ça arrive, mais c'est circonstantiel). Il cherche la découverte, il veut cerner la saveur, humer, saliver, sentir les tannins sur son palais. Et puis l'amour du vin se conjugue avec les plaisirs de la table. L'amateur de vin est un jouissif, il sait apprécier les plaisirs terrestres, charnels.

Afin que ce soit clair, le Malbec sur la photo accompagnait une magnifique bavette préalablement marinée dans un savant mélange de fleur d'ail, moutarde, huile d'olive et vinaigre balsamique. Les deux étaient flanqués de jolis poivrons dont les sucs furent brutalement saisis à même la flamme de l'authentique feu de bois sur lequel ils ont été sacrifiés.

Bon voilà, je crois avoir été limpide...

Bonne fin de semaine à tous, indépendamment du moment où elle surviendra pour vous.

lundi 12 octobre 2009


Je vois la détermination dans ce front de 9 ans et ça me donne confiance en l'avenir.

Je vois ces yeux inquisiteurs et je me plais à imaginer ce qu'ils vont nous révéler un jour.

Je vois ces mèches rebelles et je devine un être qui n'a que faire des conventions.

Je vois son pas décidé et j'y décèle de la volonté.

Je vois ce petit nez effronté et je sais qu'il osera toujours.

Je vois cette bouche moqueuse et j'y retrouve son esprit bienheureux.

Je vois ce menton arrondi et j'y devine la bonté.

J'ai vu tout ce que j'avais à voir pour ne pas m'inquiéter.

dimanche 11 octobre 2009

Manger est toujours un enjeu.

Voilà.

Je ne cherche nullement la polémique à travers cet acte délicieux que l'on se doit d'accomplir au minimum 3 fois par jour selon l'estimé Guide Alimentaire Canadien, mais l'énoncé me semblait impérieux et tellement incontestable.

L'humain s'est dénaturé dans sa relation avec la nourriture. En effet, il y a fort longtemps que chez le bipède l'action de s'alimenter répond à toutes sortes de besoins autres qu'alimentaires.

La seule vue d'un canapé au saumon fumé me fait jouir. La notion de plaisir dans la nourriture peut devenir si intense, autant dans l'anticipation que dans le passage à l'acte, qu'elle rivalise sans conteste avec la jouissance sexuelle. Il ne lui manque en réalité que l'accomplissement dans le toucher pour détrôner au niveau sensoriel son grand rival au sommet des palmarès des grands plaisirs de la vie.

Les deux rivaux naissent d'un besoin fondamental. Les deux se sont éloignés de leur nature primitive pour flirter avec la culture, chacun à sa façon.

Chacun a ses chaînes télé spécialisés. Chacun est devenu un acte obssessif, dangereux, récupérés de manière outrancière par le monde de la pub. Chacun peut devenir un acte punitif, masochiste.

Fin du parallèle qui pourrait être sans fin. Oui je sais, il y avait une belle opportunité d'homonymes juste là...

Là où la bouffe devient un problème pour les nantis, c'est lorsqu'on se met à se définir à travers elle, autant dans le refus de se nourrir comme mode d'expression de notre mal-être que dans celui de se gaver d'aliments pour combler un vide, probablement existentiel.

Pour moi l'enjeu consistait à réaliser à quel point je me suis remplie de nourriture afin de pallier à de nombreuses insatisfactions de mon quotidien. Je n'ai plus ce besoin. J'arrive dorénavant à combler ma vie de bien d'autres façons. Manger demeurera un plaisir fabuleux me donnant régulièrement envie d'en grogner, mais manger ne me domine plus.

samedi 10 octobre 2009

Manger est toujours un enjeu.

Voilà.

Je ne cherche nullement la polémique à travers cet acte délicieux que l'on se doit d'accomplir au minimum 3 fois par jour selon l'estimé Guide Alimentaire Canadien, mais l'énoncé me semblait impérieux et tellement incontestable.

L'humain s'est dénaturé dans sa relation avec la nourriture. En effet, il y a fort longtemps que chez le bipède l'action de s'alimenter répond à toutes sortes de besoins autres qu'alimentaires.

La seule vue d'un canapé au saumon fumé me fait jouir. La notion de plaisir dans la nourriture peut devenir si intense, autant dans l'anticipation que dans le passage à l'acte, qu'elle rivalise sans conteste avec la jouissance sexuelle. Il ne lui manque en réalité que le sens du toucher pour détrôner son grand rival au sommet des palmarès des grands plaisirs de la vie.

Les deux rivaux naissent d'un besoin fondamental, les deux se sont éloignés de leur nature vitale pour flirter avec la culture. Chacun à sa façon.

Chacun a ses chaînes télé spécialisés. Chacun est devenu un acte obssessif, dangereux, une récupération outrancière par le monde de la pub. Chacun nécessite un contrôle, une certaine mesure, mais chacun est exploité dans l'excès. Chacun peut devenir un acte punitif, masochiste.

Fin du parallèle qui pourrait être sans fin.

Là où la bouffe devient spécialement un enjeu pour les nantis, c'est lorsqu'on se définit dedans, et ce autant dans le refus de se nourrir comme mode d'expression de notre mal-être que dans celui de se gaver d'aliments pour combler un certain vide, peut-être existentiel.

Pour moi l'enjeu était de réaliser à quel point je me remplissais de nourriture afin de combler les nombreuses insatisfactions de ma vie. Je n'ai plus ce besoin. J'arrive à me combler de bien d'autres façons. Manger demeurera un plaisir fabuleux me donnant envie régulièrement d'en grogner, mais manger ne me domine plus.

On doit définir mais la bouffe ne doit pas nous définir.

mardi 6 octobre 2009

Le chemin semble parfois obscur. En fait, souvent, et très probablement parce qu'on ne sait jamais réellement ce qui nous attend de l'autre côté. Mais si par ailleurs une lumière vive nous y invite, on doit impérativement l'emprunter.

Si par-dessus le marché cela implique traverser un pont, le message ne pourrait être plus symbolique; Wiki:

Un pont est une construction qui permet de franchir une dépression ou un obstacle en passant par dessus.

Il est vrai que la plupart du temps on fait référence à un cours d'eau, mais on s'en fout. Prenons ça au sens figuré, c'est beaucoup plus enrichissant.

Je me suis sauvée dans la nuit afin d'aller m'approprier des bribes de temps qui s'échapperaient autrement. Il faisait froid et il pleuvait dans cet hostile environnement que j'ai fabuleusement apprivoisé.

L'ironie de cette soirée c'est que j'immortalisai ce pont sans une fois l'avoir parcouru. J'ai plutôt passé cette nuit-là à en enjamber d'autres à tout vouloir éterniser ce qui s'y trouvait autour.

Je surmonte un obstacle, j'outrepasse une dépression. J'y retournerai et je traverserai ce pont comme je me suis affranchie de tous les autres auparavant. Celui-ci de surcroît me séduit. Il m'effraie bien entendu, mais il m'attire implacablement.

Je passerai par dessus; je franchirai cette étape.