vendredi 31 juillet 2009

Ça cogite dans Patrick!

Voici le premier produit de mon invitation du 20 juillet.

Il s'agit donc de Patrick que je connais peu en fait. Athé, épris du Moyen-Orient, manipulateur jouissif, calme; c'est à peu près tout ce que j'en connais.


Mais jugez par vous-mêmes à quel point ma toute première affirmation se trahit jusque dans son non-verbal. J'ai d'ailleurs la vague impression que c'est strictement dans l'expression de ses idées qu'on peut apprendre à le connaître. De toute façon, il en déborde...

C'était tout un défi que de réussir à l'asseoir! Peut-être que le flot de ses idées avait nécessairement besoin d'une foulée déterminée pour arriver à leur dénouement? Peut-être que Patrick ne tient tout simplement pas en place?? Ou, qui sait, ce n'est peut-être pas évident de se faire mitrailler tout en maintenant une conversation et un air vaguement contenu???

Quand je vous disais que je voulais ce 3/12 d'une seconde? Voici un moment où Patrick me l'a donné...

lundi 27 juillet 2009

C'est défendu.

Mais c'est vachement séduisant. Je veux connaître, je veux scruter, je veux voir tous les recoins. C'est TELLEMENT intrigant. Pourquoi je peux pas? Pourquoi c'est interdit? Je vais pas faire plus de trous dans les murs, je vais faire attention, je vais pas me tuer en tombant dans le plancher, je vais faire gaffe, promis.

Vous voulez dire que vous voulez tellement pas me laisser y aller que vous êtes prêt à risquer que je me scrappe le thorax sur vos barbelés??? Wow! C'est que ça doit être un monde fabuleux à découvrir... Non, m'en fous, j'ai encore plus envie d'aller y fouiner.

Dites-moi pas que c'est laid, dangereux, pas intéressant. Je trouve ça magnifiquement captivant et excitant. Vous ne me découragerez pas, je vais attendre. Il va bien finir par y avoir un trou dans votre clôture, le soleil va bien finir par se coucher, personne ne va me voir.

Je vais rentrer, tout découvrir et vous ne voudrez plus me laisser sortir...

samedi 25 juillet 2009

Hier, j'ai goûté à la nuit. Pour de vrai. J'ai pas passé à travers en courant, je me suis complais dedans. C'est venu tout seul, ça s'est imposé.

Je sors du métro à 12h45 et je dois donc rentrer chez moi. DOIS?! Ben non. Je tourne plutôt à droite, et décide d'errer vers où mes tripes me disent d'aller.

Le doigt déjà pesant sur la gâchette de mon déclencheur, un bonheur extrême m'envahit. Je suis seule et je suis bien, ça faisait si longtemps. J'ai ma musique, mon arme numérique à la main, de bonnes chaussures, une petite pluie fine et délicieuse, la paix.

Je suis presque avec la foule, ils sont des centaines dans les rues juste à côté. Ils recherchent tous je ne sais quoi, qu'ils ne trouveront certainement pas. J'arrive moi-même d'un bar où une immense détresse s'est imposée et est devenue intolérable au bout de 45 minutes. Tous ces gens qui dansent, crient, boivent, chantent à tue-tête, se frottent, se dévisagent, se déshabillent des yeux. Cette musique trop forte, ces grosses télés, cette orgie de couleurs, de bruits et de stimuli. Je suis partie, un grand malaise au ventre. Ces bars-là, ça n'a jamais été pour moi, je crois que j'avais oublié.

Maintenant seule dans les rues, je ne cherche pas, tout se dévoile à moi. La nuit est là, elle m'attendait. Elle est sans artifices, la nuit. Elle est comme peu de gens savent, car peu de gens la regardent. Elle est toujours là la nuit, elle ne demande que ça.

Je suis chanceuse, je ne croise aucun humain, même pas au loin. Personne pour m'extirper de mon euphorie. Je voudrais que ça dure des heures, mais je ne veux pas non plus être témoin de l'aube, qui me replongerait dans l'angoisse. Donc, je rentre et je dors. Grâce à cette petite heure d'extase, je dors comme je n'ai pas dormi depuis des années. Une heure d'extase qui m'a permis de plonger dans le plus sublime du monde onirique, où tout s'efface.

Aujourd'hui, je comprends que je suis la réincarnation de mon père.

mercredi 22 juillet 2009


J'appréhende la mort de l'écrit. Vous savez celui avec vos doigts ET un crayon. De l'encre, du papier. Je suis désolée de vous le dire, mais ça commence à ressembler à l'inévitable. Et que dire de cet écrit avec un timbre et une enveloppe? À l'agonie depuis fort longtemps, je le crains.

J'ai récemment renoué avec la graphologie. Bon, j'imagine ce que certains pensent... Graphologie, chirologie, numérologie, astrologie, connerie... Mais non, je ne vous parle pas de la corrélation entre l'ascendant balance de mon amie Louise Gosselin 9 ans et de la façon dont elle referme en boucle ses B majuscules. C'est infiniment plus que ça...

Les heures fascinantes que j'ai passé à barbouiller des feuilles entières afin d'établir des moyennes d'hampes et de jambages, à distinguer des écritures filiformes des anguleuses, à déterminer des prédominances de marges droites sur des gauches généralement absentes; je ne vous dis pas. Tout ce qu'on révèle de soi sans en être conscient dans une foule de choix implicites...

N'y a-t-il rien de plus triste qu'une carte de souhait virtuelle? Rien à tenir dans nos mains. C'est poche. On n'y apprend rien de la personnalité de son «auteur».

J'admets que le numérique me fait un peu peur, même si je m'y adonne allègrement. J'ai même honorablement cheminé de la photo argentique vers la numérique; enfin je trouve. Mais cesser d'écrire avec un crayon??? OH, et le fabuleux PARADOXE entre mon propos actuel et le médium que j'utilise pour le tenir!!!!! Comment ne pas le souligner?????

C'est la mort annoncée de Postes Canada. La main qui tamponne un 1 juillet 1980 sur l'enveloppe de Louise prendra sa retraite mais ne sera jamais remplacée.

Même les timbres n'ont plus à être léchés!!!!! Tu parles d'un geste dénaturé!

Je chéris cette enveloppe jaunie que je détiens depuis plus de 29 ans! 29 ans! Je n'ai aucune idée de ce qu'est devenue Louise. Mais j'ai une partie tangible d'elle en ma possession:

Oh oui je veux te dire que j'ai eue mes 10 ans et j'ai eu de beaux cadeaux, des patins à roullettes, un set vaiselle et une épinglette sur laquelle était marqué la meilleure soeur, un livre et un jeu de fléchette, une bague, un canevas, 15,00 dollars et une tablette pour écrire et trois cadres et un gâteau naturellement. Je voudrai m'excuser de ne pas avoir répondu à tes deux dernières lettres parce que je prenais mes vacances d'«écriture».

Des vacances d'écriture...

Ça a duré 2 ans avec Louise. Ensuite, j'ai eu des Chantal, Nancy et Isabelle un peu partout au Québec avec des timbres de plus en plus onéreux. Mon trésor inestimable. Je referme vite ma boîte avant que tout ne tombe en poussières...

mardi 21 juillet 2009

Le contraste se trouve au coin de Peel et de la Gauchetière. Mais il peut être situé à plein d'autres endroits. Combien parmi nous aurons vu ce magnifique quasi-vestige religieux et ce produit pompeux architectural partager le même bout de ciel? Combien avant nous ont fréquenté St George's sans même soupçonner les lignes étranges et vaguement futuristes qui l'avoisineraient un jour? Et combien (bon là vous me voyez venir...) après nous n'auront que l'opportunité d'une impression virtuelle de ce qu'était une église anglicane pour peu qu'ils daignent s'en montrer intéressés???

Sommes-nous des êtres de transition qui s'imaginont évoluer entre deux ères? Ne serait-ce pas plutôt qu'une simple chimère dans laquelle nous aimons nous complaire puisque chaque génération vit ses traumatismes de changements, de bouleversements, où chaque être s'adapte, plus ou moins adéquatement, à un monde qu'il trouve trop rapide, trop drastique, trop audacieux, trop osé.

Le monde va-t-il vraiment trop vite? En quoi tel truc est-il trop audacieux? Pourquoi serais-je choquée? En quoi est-ce si osé?

Le vestige est là, l'affreux truc gris aussi. Quand l'un disparaîtra, je m'adapterai. Peut-être serais-je triste, mais j'oublierai, éventuellement. Par contre, d'autres n'oublient pas. Ou choisissent de ne pas le faire. Paradoxalement, dans ma pensée, ils ont leur place, car ils sont notre mémoire. Ne me demandez pas pourquoi, mais j'ai envie qu'ils se rappellent à ma place, qu'ils soient ma mémoire.


Je ne peux pas à la fois me rappeler et m'adapter, ça me semble impossible. Si je reste figée devant le vestige, moi aussi je disparaîtrai.

lundi 20 juillet 2009

Un autre grand plaisir vient de me revenir: celui du portrait. Mais pas votre jolie pose studio Sears, non madame. Plutôt l'anti-pose (pas besoin qu'elle soit anti-Sears), celle où justement on ne pose pas. Celle où vous vous révélez, celle où vous vous dévoilez (ben quoi, tous les moyens sont bons pour vous démasquer...).

On peut poser, avoir l'air affecté; puis y'a les poseurs... Moi c'est l'abandon, le spontané qui m'intéressent, ce 3/12 d'une seconde où on se ressemble, où on oublie d'être conscient. Cet infime moment dans une éternité d'autres où on peut aller chercher l'essence de ce qu'on est.

Je vous présente donc mon portrait:

Wiki (encore): Un portrait est une œuvre picturale, sculpturale, photographique, ou littéraire représentant une personne réelle ou fictive, d'un point de vue physique ou psychologique.

Bon, je vous dresse le portrait de ce à quoi je veux en venir....

Bon, mon portrait littéraire, vous le lisez déjà entre les lignes depuis plus de un mois maintenant. En ce qui concerne mon portrait photographique, eh bien disons que ça ne peut pas être plus jaune que ça... Le sculptural? Toutes ces vives couleurs numériques me donnent de maintes dimensions (ben oui, je suis complexe et composée de nombreuses dimensions, comme vous d'ailleurs, en tout cas, ceux qui veulent bien me les montrer). Pictural? Ben oubliez ça, ça devient lassant et redondant...

Nettement plus captivante est la question de ma nature réelle ou fictive... J'arrête pas de prôner le naturel du spontané et me voilà qui m'afflige de teintes outrancières... Ça doit être le fruit de ma dimension contradiction (ou coquetterie)... J'oserai prétendre être réelle, en tout cas c'est ce que mes ecchymoses me rappelent quotidiennement...

Finalement, on pourrait se questionner sur le point de vue adopté dans mon portrait jaunâtre??? Je suis d'avis que j'adopte les deux (je devrais le savoir, non? mais bon, si vous voulez me contredire, y'a la section commentaires en bas). D'un point de vue physique, j'ai les yeux très foncés, les narines bien définies et des clavicules proéminentes. D'un point de vue psychologique, ah, le meilleur pour la fin, je dirais que je suis un être de contrastes, qui s'en tamponne le coquillard des zones grises, doté d'idées, d'envies, de désirs et d'aspirations très tranchés.

Pis, j'aime bien pas sourire. Mais Wiki avait rien à dire là-dessus.

Et puis zut, je vous lance l'invit, ça me manque vachement de faire des portraits. Si vous n'êtes pas trop frileux ni trop intimidés, je vous le fait votre portrait, résultat surprenant garanti. J'irais même jusqu'à le commenter en fonction de la forme que je lui donnerais, possiblement même sur ce blog. Bon là, je vais trop loin; vous êtes tous partis en courant???

Faites-moi signe.

samedi 18 juillet 2009















Qu'est-ce que la passion sinon un état d'être? Un excellent outil de communication? Une maladie qui se doit d'être contagieuse? Une redoutable manifestation d'un envoûtement? Un doux exutoire d'affliction? Un sujet qui offre une opportunité d'abuser de beaux mots compliqués???


La passion DOIT se manifester. Nous fouetter. Nous bousculer. Nous emporter. Nous enivrer. C'est la démonstration de la vie dans sa forme la plus démesurée. C'est le pince-moi je rêve, c'est l'adrénaline, c'est l'orgasme, c'est le coup de poignard aux tripes; c'est la paralysie, ça fait mal, ça brûle, ça fait hurler; c'est moi qui s'emporte. Ça vous prend sans pitié pour ensuite vous laisser le supplier de ne pas vous abandonner.

C'est chien la passion.

Bon. On pourrait aussi simplement supposer que la passion, c'est aussi l'art, l'art de chacun. Ou plutôt l'art comme gouvernail de notre passion. Faut être vachement passionné pour coucher son trouble sur du papier ou sur des gammes. Et en plus, ça se manifeste rarement dans une zone confort. C'est dire si ça urge, si ça gicle d'envie de sortir.

Je m'emballe encore. Tant pis. Si je lutte contre le sommeil à 3 heures du matin à regarder un gus dessiner, assisse sur un plancher sale et raide pour mon popotin qui réclame une chaise depuis des heures, c'est que ce gus est fascinant et que je veux qu'il me contamine avec sa passion. Fuck le popotin!

Nous sommes VIVANTS. Rappelez-vous en, même si ça fait mal parfois.

mercredi 15 juillet 2009

Un individu pertinent me faisait remarquer récemment combien je semblais affectionner les reflets en photo. Vrai. Après les textures et les détails, voici mon amour des reflets.

Selon Wiki, un reflet est, en physique, l'image virtuelle formée par la réflexion spéculaire d'un objet sur une surface. Donc, nous sommes ici en présence d'une image virtuelle saisie sur une pellicule virtuelle qui vous est communiquée via un support virtuel. Ça ne peut pas être moins concret et palpable que ça...

Par ailleurs, selon Marshall McLuhan, le média serait le message. Donc, si mon média est virtuel, mon message ne serait donc pas réel??? C'est bien possible, surtout si on tient compte de la vaine gymnastique rhétorique que je suis en train de pratiquer...

Bon, tout ceci justifierait une claque et une punition au joueur Croustine pour cabotinage...

Maintenant, on pourrait choisir de débattre de mon PROPOS (ou l'absence de), du pourquoi grande soeur repeint encore sa clôture ou du pourquoi je n'ouvre pas la porte à ce fichu toutou malheureux et exclu plutôt que de profiter d'un plaisir sadique à en faire un personnage captif de mes élucubrations imagières. Mais on ne va RIEN faire de tout ça...

Ça y est, j'ai été expulsée du match... Bien fait pour ma gueule.

mardi 14 juillet 2009

Parfois, je suis si émerveillée par ce que mes nerfs optiques arrivent à communiquer à mon lobe occipital que ça me fait mal en-dedans. Une douzaine de gros cumulus et j'ai soudainement envie d'exploser parce que c'est trop intense. Je ne peux impérativement pas garder ça pour moi. Des moments de grâce, ça se doit d'être partagés à tout prix .

Ces rares moments dans la vie sont si précieux, ils pansent tellement de plaies, compensent pour tant de vacheries. Ils nous ramènent dans notre droit chemin personnel, celui qui nous donne envie de sourire et de croire que tout nous est possible.

Je vous les offre, qu'ils vous donnent envie d'exploser aussi.

Pffft, c'est pourtant juste de la grosse condensation qui tient dans le vide...

Voilà, c'est tout.

dimanche 12 juillet 2009


Black hole sun

Ça fait dix fois maintenant que je me repasse cet emblème grunge en boucle sur i-Tunes. Et le vidéo est tellement SAVOUREUX (http://www.youtube.com/watch?v=qiSkyEyBczU). C'est un hommage à tous ces gens feints dans nos vies, qu'on voudrait voir disparaître dans un gros tourbillon noir, d'une violence inimaginable. À tous ces parasites, tous ces atroces pantins superficiels, ces horribles personnages vampirisants qui s'écoutent parler et ceux qui se croient le droit de vous sucer jusqu'à la moelle, ARRRGGGGH! Qu'arrive l'apocalypse! Qu'arrive le black hole sun!

Cette chanson (de révolte, disons-le) me ramène invariablement à ma relation avec le noir. Cette couleur m'enveloppe depuis mes 15 ans. Si on veut la considérer comme telle. En fait, elle est achromatique, elle est le sombre, le sérieux, la mort, le mystère, la puissance, la menace, l'austère et tout plein d'autres belles valeurs... Pourquoi diable voudrais-je porter des fleurs turquoises??? Ce serait d'un ennui MORTEL!

Quand on s'enveloppe de noir, il n'y a plus rien pour nous pénétrer; c'est l'opaque ultime. Tout est alors réverbéré. J'ai pas envie de laisser ça. C'est beaucoup trop rassurant et réconfortant.

C'est doux le noir, c'est fiable. Ça patiente, accroupi dans le coin, attendant le meilleur moment pour bondir et tout bouleverser. C'est chouette tout ça...

samedi 11 juillet 2009

Montréal, c'est ma maison. Voir cette ville, telle qu'on peut la voir sur cette image prise sur le Pont Jacques-Cartier (ça y vibre beaucoup), je l'ai anticipé, espéré et rêvé des milliers de fois. Lorsque j'entre à Montréal, tout va bien, mais voir Montréal alors que je la quitte, ça c'est une image que j'ai appréhendée des milliards de fois. Toujours avec un pincement au coeur. Je me souviendrai toujours de mon déménagement pour Québec, en 1988, comme un des pires moments de ma vie. Quitter Montréal est toujours douloureux, y retourner, un apaisement.

Pourtant, je ne suis pas une Montréalaise de naissance, comme la grande majorité des gens qui y vivent d'ailleurs. Mais j'ai intégré Montréal à ce que je suis, ou plutôt elle est devenue une partie de moi, même si je la connais mal.

J'ai été partout, j'ai vécu à bien des endroits, j'aurais pu aisément me partir une compagnie de logistique en déménagement et faire fortune avec ça. Très sérieusement. Emballer, déplacer, déballer, oublier, recommencer; j'ai fais ça tellement souvent qu'à un moment donné, je crois que le besoin de me composer une identité forte est devenu crucial.

Je suis née à l'Hôtel-Dieu d'Alma, un lundi 2 novembre 1970 à 8h06. Comme le veux le cliché, je devrais donc être une bleuet enragée, souverainiste chauvine, imbue de son coin de pays, convaincue de son auto-suffisance et de sa supériorité par rapport aux autres coins du Québec, mais dans les faits, je ne suis pas ça du tout. Bien sûr que lorsque j'étais gamine et que je demandais à ma maman si le Lac St-Jean était le plus gros lac au monde, elle me répondait que oui. Mais ici s'arrête l'histoire de ce que ce Lac veut dire pour moi, et du supposé accent que je suis censée conserver toute ma vie. De toute façon, le Lac St-Jean n'a pas eu un énorme impact dans ma vie, jugez par vous-même:

1970-71: rue Levasseur, Alma.
1971-72: coin obscur dont personne ne se souvient du nom à Pointe-aux-Trembles
1972-74: rue P-M Favier, Montréal-Nord
1974-75: ave Mc Naughton, Alma
1975-77: rue Gamache, Longueuil et rue Toulouse, Longueuil
1977: rue Tracy, St-Hubert
1977-78: rue Francoeur, Alma
1978-79: rue Cartier, Boisbriand
1979-1984: rue Provence, St-Léonard
1984-1986: rue Bourdages, St-Léonard
1986-88: rue Pierre-Magnan, Montréal
1988: alors là, ça se corse: rue Pierre-Magnan, Montréal, rue De Jumonville, Montréal, rue Fortin, Montréal-Nord, rue De Bellefeuille, Anjou, pour finalement aboutir au Boul Henri-Bourassa, Charlesbourg, Québec.
1988-90: boul Henri-Bourassa, Charlesbourg
1990-1992: rue Du Griffon, quartier Lebourgneuf, Québec
1992-93: rue Ste-Ursule, Vieux-Québec, Québec
1993-94: rue Benoît XV, quartier Limoilou, Québec
1994-96: rue Saint-Olivier, quartier Saint-Sacrement, Québec
1996-2000: boul Saint-Joseph, Montréal
2000 à aujourd'hui: ici

Donc, le Lac St-Jean représente un gros 10.5% de ma vie, les rives nord et sud de Montréal aussi, Québec, beaucoup trop pour avoir envie de le calculer, et le reste revient à Montréal. En fait, tout devrait revenir à Montréal car cette ville me teint, m'inspire, me détermine, bien au-delà d'une proportion logique.

mercredi 8 juillet 2009

Je me rends compte que j'en pince de plus en plus pour l'architecture. C'est une vieille passion retrouvée et renouvelée. Et comme Montréal n'est pas le paradis de l'architecture et du design, comme, genre, style full Berlin, eh bien, on s'émeut comme on peut.

Ici, j'ai greffé un bout de la Caisse de Dépôt, tel que vu de sa cour intérieure. Il s'agit de leur terrasse où l'on peut s'asseoir et manger (et diable, faut en profiter, ça nous a coûté cher ce truc (418m) alors faites comme moi, amenez votre sandwich dans le coin). Bon, c'est pas que la Caisse soit un chef d'oeuvre architectural, mais ce n'est ni réellement gris, ni brun, ce qui est assez exceptionnel au Québec...

Je disais donc que j'y amène mon sandwich (salade en fait) pratiquement tous les midis. De l'intérieur, c'est franchement plus intéressant, mais bon, une photo par billet, c'est ainsi, vous irez voir).

Pour moi, l'architecture, bien que je n'en maîtrise nullement le langage, est un mode d'expression comprenant tout plein de contraintes. Donc potentiellement un énorme défi. Évidemment, la contrainte initiale consiste à ce que ça tienne debout, on s'entend. Mais au-delà de ça, il faut garder à l'esprit qu'un immeuble peut constituer une superbe opportunité de tenir un discours. Contrairement au design, qui lui a des visées bassement mercantiles (achète-moi et pas l'autre à côté), l'architecture elle, perdure; c'est de la pierre, de la brique, du verre. Ça va nous survivre. Ça va témoigner de ce que nous avons été. Faut donc faire gaffe.

Il y a différentes écoles, courants, nul n'en doute. Je ne sais comment on qualifie celui qu'on vit ici, maintenant, mais ça pourrait être des milliards de fois plus enthousiasmant. J'adore New-York, car ça pullule de beaux édifices des années 20. Il y a aussi le courant Bauhaus, également au début du 20e siècle (vachement futuriste avec de belles lignes pures), bien présent en Europe. J'ai aussi vu de magnifiques façades de Otto Wagner à Helsinki, ça donne envie de pleurer quand on pense au brun de l'UQAM...

BREF (trop tard), souvent lorsqu'on construit, on néglige le geste créatif qui peut en émaner, de même que la pensée, l'intention, la subtilité de son créateur. Par exemple, à la Caisse de Dépôt, on se dit que l'architecte a clairement été muselé et que ça devait être une commande que de devoir graver des milliers de mantras sur l'intégrité et autres conneries à même tout le verre que vous voyez sur cette photo. Ou peut-être qu'au contraire cherchait-il à pénétrer le psyché de ses hauts gestionnaires pour leur montrer le droit chemin. Anyway, nous sommes des milliers à n'avoir plus de fonds de pension, donc c'est raté.

dimanche 5 juillet 2009

Un baptême chez les Kazakhs.

Ça implique une heure dans une église, me voilà embêtée: prétendre, m'agenouiller, me remémorer des incantations depuis longtemps enfouie dans ma tête de petite chrétienne baptisée, mais surtout, implorer qui ou quoi au juste?

Ben non, même pas. D'abord, le petit foulard de Madame Ortodoxe, personne ne m'a obligé à le mettre. En plus des Kazakhs, ça jase essentiellement en russe: soulagement! Et finalement, personne ne m'a reproché de ne pas me prosterner parce que personne ne se prosternait! Tant mieux, j'ai donc pu me concentrer sur l'ostentatoire, en déclenchant vers tout partout avec un baptême comme prétexte.

J'ai toujours pensé que les églises étaient toutes des espèces de musées défraîchis, dont on a oublié la valeur. En tout cas, au Québec, chez les Catholiques, c'est souvent comme ça, on a perdu l'intérêt depuis longtemps. En fait, on s'est précipité en dehors des églises lorsque du jour au lendemain, on en a eu ras-le-bol du joug papal.

Ça se limite pas mal à ça pour moi les églises, l'ostentatoire. Le geste rituel est beau aussi, mais il ne représente rien pour moi. Le rituel doit certainement revêtir une symbolique, mais comme elle représente l'invisible, le non-palpable, ça ne vient pas me chercher; le sens n'y est pas.

Parfois, je me demande si ce rituel donnerait un plus grand sens à ma vie, et là, je me mets à penser à John Lennon. Ça me ramène très vite sur Terre. Je ne VEUX PAS qu'on me dise de m'agenouiller, de me sacrifier pour X ou Y, d'être sage et pieuse, mais surtout, je NE VEUX SURTOUT PAS d'un dogme qui m'interdit de questionner, de douter et de contester.

En tout cas, l'endroit était très joli, pas du tout défraîchi.
Mon vélo et son ombre (photo poche de mon cell). Ce samedi, 11h55, angle Pie-IX et Notre-Dame. La nuit est fraîche et tous les chats sont gris.

Je suis seule. Comme j'ai parfois de la difficulté avec ce concept, et que je cherche à tout prix à éviter la complaisance dans quoi que ce soit de pitoyable, j'enfourche mon beau vélo dès qu'un présage de complaisance se fait sentir.

Moi et mon vélo. Comment décrire cette relation??? Il ne s'agit même pas de moi sur une mécanique, ce n'est pas non plus une bête sensation de liberté gna-gna; c'est infiniment plus fort que ça.

C'est tellement devenue une seconde nature avec les années. C'est fusionnel. Je SUIS mon vélo. On se sied l'un l'autre. Il est beau et je l'aime. On fait tout et on va partout ensemble. Il est toujours là à m'attendre. Quand je dois prendre un autobus, je reluque les cyclistes dans la rue avec un pincement au coeur et une grosse culpabilité.

On se comprend. Il se plie à mes mouvements, encaisse ma brutalité, ma fougue, ma témérité. Pour lui témoigner mon amour et ma reconnaissance, je ne le laisse que dans les mains de vrais amoureux des vélos, ne serait-ce que pour la moindre crevaison. Il ne mérite rien de moins que cela.

C'est mon grand complice; on va au bout de tout ensemble.

vendredi 3 juillet 2009

Parfois, quand on aime quelque chose ou quelqu'un, on va l'aimer jusqu'à ce que nos fibres en meurent (ou les siennes).

On ne sait jamais comment ça va tourner. Au vinaigre? Ça va nous habiter jusqu'à peux plus? Nous rendre malheureux? Obssessif? Idiot? Va savoir.

Aimer, c'est étrange et déroutant. Y'a rien à faire contre ça, c'est perdu d'avance, on ne peut pas avoir le dessus ou espérer contrôler une telle émotion. Ça nous tombe dessus comme une tonne de briques. Ça fait mal, ça garde en vie, ça teinte nos pensées, ça biaise nos idées, ça ENVAHIT!

Prenez par exemple mes vieux jeans-short. Je ne peux pas me résigner à m'en débarrasser. Ils ne sont clairement plus présentables mais je les AIME trop. Un jour, dans un excès de pudeur, je me résignerai à les ranger en jurant de les jeter éventuellement.

Puis 4-5 ans plus tard, je les redécouvrirai et nous serons à nouveau inséparables. Ça ne servait à rien de le nier, nous étions faits l'un pour l'autre.

Ouf, corny à mort...

mercredi 1 juillet 2009

Ça, c'est le journal de mon oncle Ben. Benoit Bilodeau de Drayton Valley, Alberta. Un militaire de carrière. Une fabuleuse carrière. Il a été partout dans le monde. Il a travaillé pour les Nations Unies, il parle tout plein de langues, il a ramené une belle Hongroise de ses dernières expéditions, il doit bien y avoir plus de 15 ans de cela. Ils sont beaux à voir tous les deux.

Toutes les histoires de mon oncle Ben sont belles à entendre; j'imagine que dans ce cahier, elles doivent être belles à lire. Je l'écouterais pendant des heures, il est de ces personnes qui savent raconter et qui sont des puits sans fond d'anecdotes et de tranches de vie savoureuses, touchantes et bouleversantes.

Oubliez une minute l'Armée des tranchées, celle des jeunes recrues canadiennes qui, ayant à peine foulé le sol afghan, en reviennent aussitôt dans une grosse boîte en bois. L'Armée de Ben est fabuleuse, c'est celle des vraies rencontres, celle des événements inespérés, celle des confrontations et de la connaissance.

Ce beau cahier en peaux de je ne sais plus quoi... Un cahier qu'il doit traîner depuis plus de 30 ans. Et qu'est-ce qu'il peut bien contenir en images et dessins aussi ce fichu journal, je ne le saurai jamais. Je ne peux qu'être à l'écoute de ce que Ben veut bien dévoiler.

J'espère un jour pouvoir remplir un cahier comme celui de Ben, mais je doute de ne jamais arriver à y mettre autant de substance. Chacun doit trouver son propre cahier, car chacun devrait archiver ce qui fait qu'il est unique, sinon ça risque d'être perdu à jamais.