jeudi 24 mars 2011

Arrêté au feu rouge, le type au volant avait baissé sa fenêtre côté passager pour répondre à la dame au volant de la bagnole à sa droite.

Coincé entre les deux, sur le siège du passager, le chien du type suit la conversation en tournant la tête à chaque réplique.

Il ne manque pas d'attention, il est juste content d'être là.

Ce chien a probablement des années d'ancienneté dans cette bagnole. Un véritable sidekick.

Personnellement, je ne comprends pas grand chose au concept, mais je suis consciente du phénomène car je l'ai encore entendu récemment dans la bouche d'une jeune femme pourtant articulée:

I don't want to be put on the spot.

Je ne saisis pas la motivation qui fait en sorte qu'on puisse avoir envie de demeurer en retrait. De la gêne? De la fausse modestie? De l'authentique humilité? Des blessures qui ne cicatrisent pas?

Lorsqu'on ne trouve rien de brillant à retorquer? Lorsqu'on veut juste s'abreuver aux autres?

Je ne me rappelle pas avoir jamais désiré être celle avec la même monture mais sans les cornes. Je veux les mêmes affaires que les autres, sinon mieux.

Si personne ne prend le micro, moi je saute dessus.

Je réclame le coin du gâteau, celui avec plus de glaçage.

Je fais des sparages dès que j'ai un public.

I want to put myself on the spot.

Rien ne me gêne; je n'étais pas chez moi lorsque le ridicule est venu cogner à ma porte.

J'ai survécu à toutes sortes d'humiliations, de ratés, d'incidents diplomatiques.

Récemment, on m'a fait le plus beau des compliments et mon manque de modestie fait en sorte que je vais l'étaler juste là, on m'a dit:

Pas besoin de te pousser toi, tu avances toute seule.

Je ne les comprends pas, mais heureusement pour tous les gros ego comme moi, les sidekicks existent.

Ils se réfugient dans l'ombre qu'on leur fait. Ils encaissent en silence tous nos excès d'amour-propre.

Peut-être qu'on naît avec le culot, je ne sais pas. N'empêche que c'est comme ça qu'on avance.

lundi 7 mars 2011


Quand on vit ne serait-ce qu'un bref moment la grâce, on le sait sur-le-champ.

Lorsqu'on est dedans, entièrement absorbé dans cet instant, on sait que l'on sait que l'on sait qu'on ne l'oubliera jamais.

Et puis, lorsque confronté à l'invariable moment où la tristesse nous gagnera à nouveau, on pourra se remémorer ce moment où tout était parfait; cette pause dans l'espace temps où l'on était vraiment complètement là, dans la magie.

Pour moi c'est facile, j'ai cette image.

En plus, on était deux.

Bonne nuit

mercredi 2 mars 2011

Une amie m'a dit une fois que je ne devrais pas m'inquiéter à propos de mon désir d'aimer car il était trop fort pour que je puisse y renoncer.

Tant mieux alors. Une bonne chose de réglée.

Évidemment, je l'ai à demi cru et j'angoisse quand même.

Tous ces discours blasés de confort célibataire, de vie sans compromis à faire, de «pas de comptes à rendre à personne», de bonheur à pouvoir péter tranquillement dans ses draps...

J'ai une peur bleue de m'entendre un jour vanter ce genre de conneries.

Un autre ami m'a aussi déjà dit que je ne devrais pas envisager l'amour comme une maladie.

Il cherchait à me faire comprendre qu'il était vain de tenter de l'éviter de peur de faire de mauvais choix.

Ou peut-être voulait-il me signifier que je ne réussirais pas à m'en immuniser mais à la seule condition de cesser de m'obstiner à voir l'amour comme une tare ou une faiblesse.

Alors voilà, je vais donc me fier à mes bons amis et continuer à enfoncer des portes jusqu'à ce que mort s'en suive. Ou qu'une porte veuille bien s'ouvrir!

Il me restera toujours la douce pensée que je ne suis pas restée dans mon coin à pleurnicher en attendant qu'on me trouve.

Et puis y'a que l'amour est un très gros moteur et que sa quête appelle à toujours vouloir mieux et à s'attendre à plus de la vie.

I'm wearing my heart on my sleeves comme disent si bien les Anglos.

Bah, c'est ça ou l'afficher sur un poteau, en prescrivant d'y céder...