mardi 28 septembre 2010

J'aime quand c'est difficile.

Maintenant, quand ça ne nous plaît pas, on joue avec une souris. Avant, fallait se tremper les doigts, respirer des sels d'argent pendant des heures, s'esquinter les yeux dans la pénombre, dépoussiérer des filtres, calculer un temps d'exposition. Tout ça pour une seule photo et souvent médiocre au bout du compte...

Je pourrais suer sur un treadmill en regardant la télé, je préfère courir à m'en geler les orteils au vent et à la pluie.

J'aurais pu continuer le même boulot, bien installée dans les automatismes des questions prévisibles et des clients sans surprise. J'ai préféré me déstabiliser dans un nouveau boulot où je redeviens humblement la novice de service, où tout est à apprendre.

J'aurais pu choisir de balayer sous le tapis tout ce qui ne me plaît pas dans ma vie, continuer à nier que je suis responsable de ce que je suis devenue et blâmer l'univers pour mes tourments.

Mais bon, l'univers ne va pas venir régler tous mes problèmes. Même si je l'invective.

Alors, j'ai choisi de secouer le tapis. Très fort.

Mais c'était tellement dégueu sous le tapis que finalement je l'ai sacré au poubelle.

Fini les tapis.

C'est mauvais les tapis.

En plus, ça donne des allergies.

Ce que je veux dire (enfin je crois), c'est qu'on pense rarement à travailler sur soi-même.

On croit que si on se lève tous les matins pour aller bosser, qu'on reste poli avec les voisins, qu'on se contente d'un «je t'aime chéri» de temps en temps et d'ingérer une pelletée de brocolis en mauvaise conscience, ça va faire de nous une meilleure personne.

Aux yeux de l'Autre peut-être. Mais tromperons-nous le miroir?

On peut tellement plus.

Faut pousser notre machine sinon elle s'use vite.

mardi 21 septembre 2010


Parfois, il vaut mieux se taire.

Ça peut être dur cependant. Surtout lorsqu'on a tant à dire.

Mais comment le dire? Comment être certain d'être compris? Quels mots choisir, qui ne seront pas mal interprétés?

Comment avoir l'assurance que la richesse du monde qui nous habite ne va pas sonner atrocement banal aux oreilles de l'autre?

Comment combattre la peur qui nous paralyse face à ce qu'on a besoin de mettre sur la table?

Comment atteindre l'autre comme on le souhaite? Grâce à quelle éloquence arrivera-t-on à le capturer?

Les choses qui font le plus mal dans la vie sont si souvent des mots.

Alors, quand la chienne nous prend, on raccroche.

On raccroche et on noircit des centaines de feuilles.

On tache le papier de milliers de verbes confus et d'adjectifs torrides.

Puis on fait un tas de tout ça dans un coin oublié.

Le trop plein est au moins épuré.

dimanche 12 septembre 2010

Quand on va au bout de soi.

Quand on décide d'aller gratter. Lorsqu'on arrache le beau vernis propret parce qu'on n'arrive plus à nier ce qu'il y a en-dessous.

Lorsqu'on est confronté à toutes ses couches cumulées.

Lorsque la crasse nous saute au visage.

Quand toutes les peurs éludées, tous les mauvais souvenirs, toutes les pensées sombres et négatives nous envahissent.

Paniquer. Se calmer. Affronter.

Quand on oublie momentanément pourquoi l'on fait ce que l'on fait.

Quand soudainement tout perd son sens.

Quand on se dit qu'on est complètement fêlé.

Quand on croise l'apitoiement, le découragement, l'accablement.

Puis l'écoeurement.

Lorsque tout le monde nous répète qu'il y a une fin mais qu'on ne voit vraiment pas comment on pourrait y croire.

Lorsque finalement on trouve de quoi se botter le cul.

Traverser la vase. Se débattre dans les maudites algues. Vouloir avancer. Vouloir croire que le but est bien droit devant.

Circonscrire les bouées, les garder en vue, les savoir présentes tout en les envisageant strictement pour ce qu'elles sont, soit de simples guides.

Savoir faire sans. Préserver ses facultés pour l'objectif.

Se rappeler l'objectif. C'est souvent aussi bête que définir ce que l'on veut.

Beaucoup ne savent pas ce qu'ils veulent. Ou pire, ils ont oublié de vouloir quelque chose.

Ne pas se noyer, au sens propre comme au figuré.

Et puis entrevoir le quai.

Le quai ou le tunnel. La lumière, la solution.

Le fil d'arrivée.

L'endroit d'où l'on émergera.

Devenir encore plus fort pour avoir oser creuser, être aller au fond, dans l'insondable.

mardi 7 septembre 2010

En cette superbe soirée pleine d'éclairs et de tonnerre, voici livrées en pâture quelques pensées tordues et/ou saugrenues qui traînent depuis trop longtemps dans mon disque dur et dont j'ai envie de me débarrasser. Je vais donc bêtement vous les refiler:

«Trépanation» est un très joli mot si peu utilisé. Malheureusement, le contexte s'y prête rarement...

L'orgasme masculin avoisine les 28km/h. Je ne sais pas si c'est vite ou non puisque j'ignore tout de la vitesse moyenne des miens. Anyway, c'est toujours moins impressionnant qu'un éternuement dont la vitesse moyenne est de 150 à 200km/h. D'ailleurs, saluons la bienfaisance de nos amis les réflexes sans qui nos yeux sortiraient de leurs orbites à chacune de nos séances de convulsions de nos muscles expirateurs.

Le prénom Eric peut s'entendre dans le mot «hystérique». Freud: pfftttt!

Aviez-vous remarqué cette infestation de portes-patio sans patio dans les nouveaux modèles de condos??? De qui on rit là?

Pourquoi peut-on sourire sur la photo du permis de conduire mais pas pour celle du passeport? On veut avoir l'air bête seulement à l'international??

«Nourriture» et «musique» sont des mots féminins. Tout comme «photographie», «lumière», «jouissance», «volupté», «vitesse», «torture», «ironie» et «boîte de conserve». Et s'il vous venait l'idée de rivaliser avec mes mots puissants messieurs, sachez que «mort» et «vie» sont aussi dans mon camp.
Nothing beats that...

Mon premier modèle s'appelait Josée. 18 octobre 1987, sur un Pentax K-1000, ouverture à 11, 14 secondes d'exposition sur un filtre 5 en chambre noire. Secondaire 4.

Des centaines d'heures de plaisir à jouer avec des fluides dans la noirceur.

Toute première photo faite toute seule, comme une grande.

J'aime spécialement sa main qui rentre dans le mur.

Beaucoup trop contrasté.

Mon manque de nuance déjà évident...

samedi 4 septembre 2010

Il l'a baptisé Blue Eli.

C'est son nom lorsqu'on le branche sur ma grosse pomme pour le recharger ou y ajouter de nouvelles chansons.

Ça lui a pris des semaines à se décider: j'achète, j'achète pas, j'achète, j'achète pas...

Normal, c'est la moitié de ses économies qui se sont envolées tout d'un coup.

1 an de corvée de poubelles afin de pouvoir s'offrir un Blue Eli.

Moi qui ironiquement est à la solde du démon crédit, je suis ravie de constater que la notion d'épargne a tout de même germée dans la belle tête de ma descendance.

Épargner, c'est se donner le droit de rêver.

C'est se projeter dans l'avenir.

C'est se voir en avant.

Ça peut aussi signifier qu'on prévoit. Ou prévient.

En tout cas, c'est certainement de la réflexion.

Puis là, je suis bien fière.

C'est tout. Je voulais vous le dire.