samedi 27 mars 2010

Bon, ça fait des mois que j'ai envie d'utiliser cette photo mais je n'arrive jamais à l'épingler à un thème.

C'est un objet de design (et accessoirement une utilité à postérieur), donc quelque chose de mal-intentionné en moi le connote obligatoirement d'une certaine superficialité à chaque fois que je suis tenté d'en discourir.

D'ailleurs, je ne m'assois pratiquement jamais dessus, ce n'est qu'un joli objet rutilant dans un coin de ma chambre.

Pourquoi ne pas alors vous entretenir des vertus du rutilant?? Bah, le sujet serait vite épuisé. Le rutilant, c'est accrocheur mais vite oublié; c'est superficiel...

Le superficiel.

Quel beau tabou. Voici une vacance de l'esprit que je m'accorde rarement. J'aurais bien trop peur que ça contamine mon sens de la répartie ou que ça ne me métamorphose en coquille vide.

Pour moi, le superficiel, c'est de la paresse, de la perte de temps. Au lieu de tenter de percer le mystérieux chez son interlocuteur, c'est plutôt lui dire que sa chemise est jolie.

Y'a pas d'acuité dans la superficialité, que du trompe-l'oeil. Puis beaucoup beaucoup d'ennui.

C'est un espèce de piège de l'esprit; c'est effleurer la surface plutôt que de saisir l'essence. C'est comme pour les blessures que l'on décrit comme étant SUPERFICIELLES; elles ne font pas vraiment mal, car elles ne sont pas PROFONDES. Pas de bobos certes, mais un éventuel risque d'insensibilité...

Je n'aime pas ce qui est dénué de réflexion.

Ainsi, pour justifier mon hypocrisie d'avoir dépensé 150 dollars pour ce bout de plexiglas et de fer, je me plais à croire que cet objet est le fruit d'un pénible labeur chez des tonnes de Suédois s'étant creusés les méninges pour concevoir la courbe parfaite qui soulagera les scolioses du monde entier.

Comme j'ai généralement de la difficulté à avaler mon propre baratin, ladite chaise prend la poussière dans le coin...

Alors voilà, je crois bien avoir effleuré le sujet de la superficialité de façon très superficielle. J'ai par contre adroitement masqué mon manque de profondeur à l'aide d'une gymnastique du vocabulaire très tape-à-l'oeil, non?

mardi 23 mars 2010

C'est précisément ce que je suis en train de boire.

Le mélange se nomme Chant-du-Coq et effectivement ça fait le travail, même à 19h16.

Surtout à 19h16. C'est le petit coup de fouet qu'il me manquait pour arriver au bout des vicissitudes domestiques de ce jeudi soir.

C'est ça ou c'est simplement un prétexte en or.

Avec le café, je ne sais plus. Avec lui, y'a longtemps que je confonds commodité et plaisir.

Bien qu'il ne subsiste en moi aucune réminiscence de mon premier, en boire ne m'est néanmoins jamais banal.

Il ponctue ma vie. Tous les jours. Il me fouette, me stimule, me motive, me kick au derrière, me rassure, m'apaise; y'a pas un seul humain qui arriverait à faire tout ça pour moi.

Parfois, je me sens comme une gamine en manque de Ritalin, je cherche mes mots, je vois flou, ma concentration s'essouffle; j'en ai alors BESOIN.

Et ça va bien au-delà de la dépendance, c'est pire que ça. En réalité, c'est devenu mon placebo. J'ai mal à la tête: j'avale un café, c'est plus efficace qu'un ibu. J'ai déjà subi 3 jours entiers de migraine chez un ami avant de découvrir que mon hôte me servait du décaf...

J'ai mal à l'âme? Je colle ma tasse brûlante sur ma joue et tout ira bien.

J'émerge d'un long spleen: ma machine espresso était brisée.

Je comprime vigoureusement mes grains dans le fond de mon porte-filtre. Je visse correctement. Je contemple cette belle mousse brunâtre qui s'écoule doucement dans mon grand bol, bercée par le ronronnement de mon bel objet. J'y laisse couler un peu de lait par la bande; je ne voudrais pas entamer le beau crémant à la surface.

Ça sent vachement bon.

Y'a pas grand chose de plus réconfortant que ça dans la vie.

Peu importe où je suis, à quelle heure, avec qui ou dans quel état, si j'ai accès à ce fabuleux breuvage, mon monde peut continuer à tourner.

J'anticipe toujours ma prochaine visite chez mon torréfacteur préféré, ce bienheureux commerçant béni de milliers de grains dans tous les tons et de toutes les saveurs que les 4 coins de notre monde arrivent à délivrer...

mercredi 17 mars 2010


Ma vasoconstriction goes berserk.

Lorsqu'exposé au froid, notre corps va pratiquer la vasoconstriction afin de limiter sa perte de chaleur en ramenant l'essentiel de notre afflux sanguin vers les veines profondes, préservant ainsi le plus possible notre température interne.

Chez les freaks comme moi qui pratiquent la maladie de Raynaud, cette réaction devient excessive (c'est pas moi qui le dit, c'est Wiki):

Chez les personnes atteintes de la maladie de Raynaud, cette réaction est excessive: les nerfs qui contrôlent le resserrement des artérioles sont hypersensibles et provoquent un spasme, plutôt qu’une vasoconstriction normale.

J'irrigue mal. C'est poche mais ça me caractérise d'une quelconque façon, donc c'est bien.

Mais je dis bien «caractérise», et non pas «définit».

Il était jadis de bon ton de prétendre être ce qu'on mange. Oubliez ça, c'est dépassé. Par contre, ne le dites surtout pas aux tenants de la théorie du régime alimentaire selon votre groupe sanguin, je ne veux pas qu'on m'enlève le droit aux protéines animales.

Il serait dorénavant davantage dans l'air du temps de prétendre être la maladie qui nous afflige.

Humm...

Cette théorie, tout aussi dangereuse que la précédente, et naturellement ni confirmée ni confirmable par aucune étude clinique, peut facilement vous mener dans le plus insondable des ésotérismes...

Et là je ne vous parle pas d'évidences telles qu'une hygiène de vie qui mène à un cancer des poumons, une cirrhose ou une crise cardiaque. Il m'appert (ça en jette, non?) tout aussi peu nuancé de rendre le tempérament d'un individu responsable de son lupus que de blâmer sa génétique pour son obésité.

Bref, je me suis gelée les doigts une fois de trop cet hiver (vous savez la période comprise entre le 14 décembre 2009 et le 3 janvier 2010) à déclencher mon fabuleux Canon Power Shot SD1000 et maintenant je dois composer avec 2 doigts aléatoirement blancs.

Ainsi, je suis téméraire et donc suicidaire.

En passant, le bâillement serait un signe d'empathie.

Je vous donne donc le droit de bailler en me lisant; j'en déduirais que vous êtes navrés pour mon doigt.

dimanche 14 mars 2010

C'est par là pour donner son sang.

Si je ne le savais pas déjà, le simple torse rouge à l'avant-bras dénudé me l'aurait très adroitement révélé.


Même sans les mots et le logo, j'aurais compris.

Ce n'est pas qu'il faille suivre indéfiniment le passant titubant au bout de l'index du donneur sans tête nécessairement, mais c'est par là.

Pas de grosses phrases, pas de slogan racoleur; cela aurait été inutile de toute façon puisque dur à manquer!

Cela recèle la même redoutable efficacité que pour le touriste allophone qui tourne en rond dans la grosse ville.

Cette affiche constitue, à l'image du bras allongé, un excellent prolongement d'une campagne publicitaire déjà réussie. Tellement réussie que le simple t-shirt rouge avec une manche courte évoque instantanément Héma-Québec dans l'imaginaire du Québécois.

Un astucieux amalgame d'un système de signalisation éprouvée et d'un marketing ingénieux.

C'est vif, direct, droit au but.

Et séduisant parce que vaguement design dans le contenant.

Et finalement, c'est rutilant. La rutilance constituant bien entendu une caractéristique sine qua non d'un concept réussi, comme tout le monde sait...

J'adore ça.

C'est simplement brillant.

J'aime qu'on vienne me sortir de ma zone confortable de la familiarité visuelle afin de brasser ma fibre curieuse.

J'aime que des idéateurs fassent confiance à mon intelligence avec un concept audacieux et culoté.

Je crois que même si j'avais peur des aiguilles ou que si je redoutais l'inévitable chitchat avec les bénévoles de 75 ans, je ne pourrais néanmoins pas résister à l'envie d'être associée au cool de Héma-Québec...

mardi 9 mars 2010

3 générations.

3 ères, 3 époques.

3 textures, 3 allures.

3 matériaux, plus ou moins désuets, c'est selon.

Selon les opinions.

Tous partagent néanmoins le même espace-temps. Faut donc négocier. Lutter pour s'y faire une place ou se battre pour en conserver une.

Nier l'obsolescence dont on nous affuble volontiers. Ou l'ingénuité dont on nous accuse.

Le pire, peut-être, c'est d'être pris entre les deux. Ne s'estimer ni jeune ni vieux. Lorsqu'on se sait encore solide mais que la vie a commencé à nous vandaliser.

On s'évertue alors à s'ajuster à son cadet, même si toutes ses failles nous sautent au visage. On panique à l'idée d'être dépassé et oublié.

Par ailleurs, on craint de lentement se métamorphoser en son aîné car nous ignorons encore tout de la sagesse du lâcher prise qui l'habite.

Comme nos contemporains, nous sommes donc tiraillés entre le mépris que nous présumons chez ceux qui nous précèdent et la condescendance dans notre regard posé sur ceux qui nous suivent.

C'est le défi de coexister sans devenir intransigeant.

vendredi 5 mars 2010

Comment sait-on que notre réalité est déformée? Déformée par rapport à qui? À celle de nos proches? Et puis d'ailleurs, comment pourrions-nous diable le vérifier? Sommes-nous dans leur tête à valider que ce que contient la nôtre constitue de la courbe moyenne de Joe The Plumber??

Je ne sais pas si la truculente Sarah serait contente d'être citée dans un tel contexte...

Et dans le fond, si ma réalité est déformée, est-ce bien grave?

Qui décide que ce que je ressens ou perçois est tordu? Si lorsqu'en contact avec mes synapses toute forme de pensée prend instantanément une forme liquide et rougeâtre mais, qu'en contrepartie, je me coiffe comme tout le monde et que j'arrive à manger avec une fourchette et à mettre des points aux bouts de mes phrases; on osera néanmoins me lancer la première pierre?

Oui, oui, j'aboutis.

J'ai vu Lipsynch cette semaine. Comme dab, Robert Lepage y exploite une foule de petits procédés ingénieux qui, en plus de faire honneur à notre intelligence, nous permettre de pénétrer la psyché de ses personnages.

Je pense en particulier à Michelle, la libraire schizophrène. On est en extérieur, on la voit évoluant dans son commerce. Dès qu'elle n'interagit pas directement avec un client, ses démons se collent à la vitrine pour venir la tourmenter. Ils vont et viennent, presque d'un pas de danse, au fur et à mesure que Michelle est sollicitée par sa clientèle.

Scène suivante, coup de théâtre (c'est le cas de le dire): Lepage bascule la scène à 180 degrés pour nous la rejouer de l'intérieur du commerce. On a maintenant droit aux dialogues avec les clients. Les démons, maintenant muets, se collent à la vitrine comme ils peuvent. Pour le spectateur, leur impact dans le récit s'en trouve alors grandement minimisé et c'est là justement où le génie du grand Robert déborde de la prouesse technique: il vient de nous faire comprendre qu'en apparence, Michelle a le vernis de la fille normale pour les étrangers qui la côtoient.

Les cinglés sont parmi nous. À quel point, on ne saurait le dire. Si j'arrive à taire mes démons en me convainquant qu'ils ne sont pas plus terribles que les vôtres, comment pourrez-vous alors même les soupçonner?

Et puis, si j'avais envie de les laisser aller un peu... Si GlaxoSmithKline arrive à faire des profits sans moi, pourquoi pas????

J'ai toujours pensé qu'un peu de folie nous permettait une certaine gymnastique mentale que le mortel s'accrochant frénétiquement à la courbe du Joe Normal n'envisagera même jamais.

Tant pis pour lui.

Et puis les vrais fous champions toutes catégories nous obligent à remettre en question tous nos schèmes de pensée et ÇA, c'est vachement précieux.

Tout le monde sait que dans un monde idéal, chacun devrait être doté d'un avocat, d'un plombier, d'un médecin et d'un mécanicien dans son entourage proche afin d'éviter d'être régulièrement floué.

Mais nous semblons avoir oublié le fou, celui qui nous préserve de la médiocrité intellectuelle.

mardi 2 mars 2010


Je vois ça des dizaines de fois tous les hivers et à chaque fois, ça me fend le coeur. Une poussette dans cet état me laisserait de glace mais jamais un merveilleux vélo.

Un vélo, c'est la liberté. C'est le prolongement de la jambe humaine dans la grande ville. C'est précieux, à jamais.

L'affligeante vue de celui-ci me semblait particulièrement poignante puisque particulièrement kaput. La chenillette de mon col bleu d'amour s'est acharné sur ce dernier; y'a franchement rien à en récupérer.

C'est comme dans l'air de Ministry: We use it a while than it's over the shoulder.

Pourtant, à défaut d'être remis à neuf, tant d'objets pourraient tout de même devenir de fabuleux artéfacts. Ou des oeuvres d'arts.

Ou des meubles!

Tout à l'heure, dans la vitrine d'un créateur, j'ai vu une monstrueuse lampe qui m'a laissé la gueule grande ouverte. Je me suis mise nerveusement à me jaser toute seule (après avoir fermé ma gueule, disons) sur le très branché Boul. St-Laurent. J'ai fais un trou dans ma poche tellement j'y déplorais l'absence de Canon PowerShot SD1000.

C'était un amalgame de 2 énormes et antiques flood lights de studio de photo avec un cadran de locomotive coincé dans le milieu. Tout ça tenait sur un massif pied de cuivre sculpté et doté d'un gigantesque pendule triangle.

De tonnes de fils branchés un peu partout.

Probablement 10 pieds de haut.

12 pieds de large.

Moi sur le cul.

C'était touchant. Il fallait que je m'invite chez l'artisan afin de me faire expliquer que c'était une lampe.

J'avoue, j'ai manqué de courage, j'ai pas osé demander le prix...

Je pense qu'on devrait masser à l'infini les pieds de tous les artistes qui récupèrent nos objets délaissés pour leur redonner une vie aussi flamboyante.

Voilà, c'est tout. Exaltez-vous.