vendredi 22 février 2013

Ce matin, elle m'en avait mis un de côté.

Tous les matins de boulot, vers les 9h, je descends au rez-de-chaussée, espérant qu'il en restera au moins un, au banane.

Ce matin, mon enthousiasme exubérant et contagieux a eu raison de l'une des charmantes dames du bistro.

Tous les matins, elles me voient débarquer, avec mon gros déplaçage d'air habituel. Pointant exagérément le plus gros du doigt. Tous les matins, elles voient ma déception quand il ne reste que des carottes ou des muesli.

Des muesli, pffttt...

Un beau muffin à la fois croûteux et moelleux, plein de bananes chaudes malaxées dont le parfum va embaumer mon bureau jusqu'à l'heure de la pause, au grand supplice de mes collègues avoisinants. 2 heures de temps à l'humer en tentant de me concentrer sur les chiffres devant moi. 

C'est évident que si je me pointais en bas à 9h15, j'en serais quitte pour un muesli à la con... Alors, ce qui devait arriver arriva. Ce matin, la jolie brune avec le grand sourire en a mis un au banane de côté pour moi.

Ça m'a terriblement touché. Une petite attention qui m'était dédiée. 

-8h55, la grande brune hystérique toujours en noir est à veille de débarquer pour son muffin...

Ça m'a sciée. Et pourtant, j'avais envie de lui dire de ne jamais refaire ça. En fait, je lui ai dit, mais elle ne m'a pas prise au sérieux. 

Je ne veux pas prendre ce stupide muffin au banane pour acquis. C'est fucking important pour moi d'avoir la joie de le rapporter à mon bureau ou la déception mêlée à de l'espoir d'en espérer un le matin suivant.

Il y a quelque chose en moi qui ne veut pas se résoudre à accepter le banal. Quelque chose en moi qui ne veut pas se calmer. Une peur morbide de devenir endormie, assagie, résignée. 

Blasée.

Une peur de passer à côté de la vie. D'en oublier la magie.