samedi 24 octobre 2009

Vendredi, j'ai vu Pi...? avec Annabelle à La Licorne.

Une création de Christian Bégin. Ça faisait une paye que toutes les deux on se devait du théâtre à nous-mêmes.

10h40. J'en étais encore à déterminer si c'est nous qui nous exhibions dans la vitrine du Second Cup ou si c'était la rue qui s'affichait à nous lorsque Christian passa sous nos yeux.

Il n'avait plus sa chemise de lin dans laquelle il avait tant gueulé son mal de vivre quelques minutes auparavant. Il tenait plutôt fermement un blouson contre lui dans la froideur de la mi-octobre. Il n'avait plus le regard désemparé de son personnage. Il n'était qu'un type grisonnant comme des tonnes d'autres sur Mont-Royal ce soir-là.

Quelques minutes plus tôt, il nous crachait ses tripes avec ses complices pigistes devant l'éternel. Ses amis et lui donnaient corps à une histoire d'une grande intensité. Chaque personnage y hurlait sa rage, sa peine, sa folie, y avouait son désir, ses failles dans un grand élan d'exubérance.

Maintenant, il n'était que monsieur-madame tout le monde qui a oublié d'acheter du jambon pour les sandwichs des enfants.

Comment fait-il??!!

Comment canaliser toute cette intensité et réussir à la mettre rapidement de côté? Comment reprendre le cours normal des choses après s'être tant déployé? Comment simplement se préoccuper de notre démangeaison au coude lorsqu'on vient de bouleverser des dizaines de personnes?

L'intensité est partout. Partout où l'on veut bien qu'elle soit.

Pour moi, elle est dans cette photo, cette photo qui est TROP. Trop ce que vous voudrez.

Je connais des gens qui contrôlent leur intensité, qui la craignent comme la peste. Ils ne parlent jamais avec volubilité ou excès, ils gardent leurs idées pour eux de peur de choquer ou de provoquer un débat. Il ne rit jamais trop fort, ne gênent jamais personne.

Ils ont peur.

Ils ne chantent jamais faux parce qu'ils ne chantent pas. Ils se trompent rarement parce qu'ils ne se commettent tout simplement jamais.

Ils ne prennent jamais de risques, ou à tout le moins jamais celui de l'intensité.

Pas de montagnes russes ni aucune autre grosse mécanique pour vous faire perdre la tête et hurler. Le linéaire. Le monocorde. Flatliners. Pas de mauvaises surprises parce que pas de surprises.

FUCK LE FREIN!!!

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