lundi 6 décembre 2010


Does the body rules the mind or does the mind rules the body?

Question philosophique s'il en est une, par ailleurs joliment posée par Morrissey en 1984. Super timing pour nourrir ma crise hormonale d'adolescente.

La réponse devient pressante à chaque fois que je me sens dépassée par la vie.

Les gros malins diront d'ailleurs que ce ne serait ni l'un ni l'autre qui règnerait en maître absolu sur ce que nous sommes, mais bien nos hormones qui décideraient pour les deux.

Mais ça, c'est une réponse simpliste et plate à une énigme infiniment plus complexe.

Les hormones, c'est la réponse béton des tenants de n'importe quelle variante déterministe; à quoi ça sert de m'obstiner, je suis fait de même...

Il est bien pensant que de sous-estimer l'influence de notre corps sur nos agissements. En général, on va en limiter la portée à un «je suis ce que je mange» ou à un «je suis ma maladie», bref, le corps n'est jamais alors qu'un médium servant à véhiculer ce qu'un cerveau n'arrive pas à faire avaler à son bête propriétaire...

Bien pensant tout ça. Ou très judéo-chrétien en fait.

Nous sommes censés aspirer à s'accomplir en tant qu'êtres de raison, ce qui nous amènerait invariablement vers une sagesse intrinsèque et

à un ennui mortel...

Comme tout le monde, je m'imagine à l'occasion heureuse dans un précaire et béat équilibre entre les deux. Vachement précaire car ce n'est jamais bien long avant que l'une de mes antithèses saborde tout ce que l'autre tente de bâtir.

D'ailleurs, j'écris ceci en me rendant compte que j'ai inconsciemment charcuté toute ma tête de la photo. Je cherche probablement à mettre l'emphase sur le physique. Bon, c'est un peu narcissique aussi, mais ce n'est pas ça l'idée...

Je dois être une espèce de tantriste finie...

Je pense que ma tête me permet de fonctionner en société et que mon corps s'occupe de son côté de me faire vivre.

Vous savez vivre? Pas respirer là, vivre.

Si je me sens souvent complètement déconnectée de ma tête, c'est que je choisis généralement de m'incarner complètement dans l'enveloppe que ma maman a conçu pour moi.

Mais être dans son corps, c'est confrontant. Ça l'est car il s'agit alors d'assumer qu'il reflète ce qu'on est et je ne parle pas d'apparats, d'accessoires ou du passage du temps. Je veux dire assumer qu'il porte les marques ou stigmates de ce qu'on a vécu, de ce qu'on est.

Et pour incarner son corps, il faut embrasser le plaisir mais aussi la souffrance. Intensément.

Et lorsque ça devient trop souffrant, on se déconnecte, on se raisonne, on se réfugie alors dans un rationnel rassurant.

En fait, je crois qu'on choisit à certains moments d'être dominé par sa tête et à d'autres par son corps, et ce plus ou moins consciemment.

De toute façon, l'idée c'est qu'on est dominé.

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