samedi 13 novembre 2010


C'est généralement de cette jolie création humaine que je choisis de me gratifier lorsque vient le moment de me couper du reste de l'univers.

Me voici pourtant entourée d'humains. Mais je ne souhaite pas leur compagnie, au contraire. Je me scotche de la musique aux oreilles afin de ne pas être abordée. Je suis là pour observer les bipèdes, pas pour frayer avec eux.

Je veux jouir tranquille du spectacle du grand cirque homo-sapiens.

Si je pouvais être invisible, ça ferait mon affaire.

À défaut de mieux, je reste tapie dans un coin stratégique, en bougeant le moins possible.

J'aime regarder l'homme de la rue. Il est si intéressant lorsqu'il ne se sait pas scruté et analysé.

Les couples qui marchent main dans la main et ceux qui marchent l'un en arrière de l'autre, un vague reproche dans le regard.

La fille avec les longues jambes nues traverse la rue d'un air faussement offusqué d'être l'objet d'attention masculine.

Le gars au capuchon qui quête au feu rouge forme des 8 en zigzaguant entre les voitures. On dirait presque qu'il répète une chorégraphie.

La fille à la terrasse espère visiblement quelqu'un qui ne se manifestera pas: elle passe son temps à sillonner la rue du regard et ça fait plus d'une demie-heure qu'elle tient la même page 2 de son cahier Arts et Spectacles.

La fille avec le long chandail plein de trous a visiblement le béguin pour le grand maigre avec qui elle discute car elle n'arrête pas de jouer avec ses dreads.

Une dame marche trop vite pour ses petites jambes et tire frénétiquement sur sa jupe qui se relève à chaque pas.

Un type me dévisage avec un air de défi lorsqu'il constate que je l'observe.

Il va céder et regarder ailleurs avant moi.

Je sais que c'est vachement pas poli mais c'est très apaisant de faire ça. Ça me rassure sur mes semblables qui me dévoilent alors toutes leurs failles et leurs vulnérabilités.

Quand l'humain est humain.

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