jeudi 17 décembre 2009

«Attention, ça créé une dépendance.»

De son air désabusé, c'est la dernière chose que M. Fido m'a dit avant que je ne quitte sa boutique avec mon nouveau jouet.

On pourrait penser qu'il venait de conclure une vente, mais ce n'est pas vraiment ça. Fidèle à ma routine consommatoire, j'avais préalablement magasiné sur internet, je savais précisément ce que je voulais, je me suis rendue au point de vente, j'ai décliné toutes les offres de gizmo non compris, ai rempli les formalités, payé et ai quitté.

Pas exactement une vente difficile.

Bien qu'elle puisse sembler précipitée, ce fut néanmoins une décision d'achat longuement soupesée.

Je craignais en effet la dépendance. Je ne voulais pas devenir celle qui emmerde des étrangers dans l'autobus avec les banalités de son quotidien. Je ne voulais pas que mon bel objet rutilant me dépouille de ma pudeur. Je ne voulais pas non plus qu'on puisse à l'avenir me rejoindre en tout temps.

Mais surtout, je ne voulais pas précipiter la mort longuement annoncée de l'écrit (celle évoquée dans un billet du 22 juillet; j'entre dans une phase rétrospective on dirait...).

Pourtant, j'y participe. À tout le moins, à sa mort annoncée dans sa forme papier-crayon.

J'ai donc décidé de faire mes devoirs; je me suis pourvu d'une discipline quasi anale me prémunissant contre les méfaits terribles de cette technologie potentiellement envahissante. Une espèce d'étiquette cellulaire:

Ainsi, qu'à cela ne tienne si cela doit me coûter 2 fois 15 sous, mes messages textes ne contiennent que des phrases complètes, ponctuées et conjuguées au meilleur de ma connaissance.

Je respecte m. Employeur qui s'attend à ce que je ferme mon joujou téléphonique pendant les heures de travail (pourquoi diable voudrais-je d'ailleurs l'utiliser, étant alors déjà encombrée d'un téléphone analogique?).

Je ne réponds généralement pas lorsque je suis en compagnie d'une autre personne. Les boîtes vocales, c'est pas pour les chiens. Il me semble que c'est la moindre des courtoisies pour la personne devant nous qui nous fait don de son temps. C'est comme croiser une connaissance dans la rue et ne pas lui présenter la personne qui vous accompagne déjà; c'est vachement rude.

Vive les messages textes! Pas d'étalage de vie privée dans des circonstances inconvenantes. Personne d'ainsi importunée ou réveillée à l'autre bout du signal satellite. Comme pour le courriel, l'Autre prend connaissance de votre besoin de communication au moment qui lui convient et peut vous répondre à 3h du matin si ça lui chante.

Et puis disons-le, quelle belle surprise lorsque quelqu'un vous fait le cadeau d'un message aussi loufoque qu'inattendu alors que vous êtes en train de vous faire chier à choisir entre le pain brun multi-grains et le 9 céréales!

Je suis donc somme toute relativement immunisée de toute dépendance cellulaire. Je peux l'affirmer maintenant que ça fait un bon 9 mois depuis la mise en garde de m. Fido.

C'est d'ailleurs en apercevant ce dernier l'autre soir, perdu dans le fond de sa boutique, dépourvu de tous clients et donc de travail, que j'ai pensé à vous entretenir de ce sujet.

Il parlait dans son cellulaire...

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