samedi 3 avril 2010

C'est visiblement très vieux. Vieux bien que solidement ancré dans mon maintenant.

Je ne sais trop ce que c'est; c'était simplement là, dans mon chemin, abandonné dans un chantier, en-dessous de mon pont. Ça a accroché mon oeil curieux; son vécu, sa texture peut-être.

J'ai un respect infini pour les vieux trucs qui résistent, qui tiennent le coup.

Un respect pour ce que le temps n'a pas réussi à altérer dans sa substance.

L'intégrité malgré la temporalité.

Certes le temps affecte tout. Il détermine la limite. À chaque fois que je me prends à me rappeler que toute chose a une fin, je me ramène invariablement aux mêmes questions:

Quand vais-je atteindre mes limites? Quand vais-je réaliser que j'ai atteint mon point culminant et que mon nez vient de frapper le plafond de mes facultés?

Quand est-ce que ma volonté va se buter à mes jambes qui ne veulent plus d'un kilomètre supplémentaire? Quand est-ce que ma détermination va se heurter à mon Principe de Peter; quand est-ce que je n'arriverai plus à emmagasiner de quoi nourrir ma soif de comprendre?

Et quand tout cela arrivera, vais-je être en déni? Saurais-je en faire mon deuil?

Chaque jour, je suis confrontée à l'urgence d'en faire plus, d'aller plus loin, d'en comprendre davantage; il me semble que le temps nous file tant entre les doigts que je dois maximiser tout ce qui reste sur mon compteur.

Chaque jour est un défi vers mieux et encore, chaque jour je me témoigne cette confiance qui me permet de franchir ce qui me semblait être mon mur.

À chaque nouvelle occasion, j'escalade ce mur qui semblait a priori insurmontable. Je savoure chacune de mes petites victoires, me redresse et me prépare à l'idée que le prochain mur sera peut-être mon Waterloo.

Je me dois à tout prix d'éviter la médiocrité et d'exploiter tout ce que la vie m'a donné.

C'est vraiment idiot, je me rends compte maintenant que j'aurais du ramasser ce truc en fer et le ramener chez moi. C'est un gage tangible de l'impérissable et je veux impérativement de ce genre de témoignages dans ma tanière.

Demain matin, dès la lumière du jour, j'y retourne et je fais l'impossible pour le récupérer.

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