mercredi 7 avril 2010

Vous avez déjà observé l'intérieur d'un 35 mm reflex?

Un savant jeu de miroirs fait en sorte que ce vous verrez dans le viseur correspondra exactement à l'image que vous capterez sur votre pellicule sensible. D'où la bosse triangulaire au-dessus de l'objectif.

Avant, on devait compenser avec ce qu'on appelait l'erreur de parallaxe. Les 35 mm alors utilisés, essentiellement des télémètres couplés, ne comportaient pas ce jeu de miroirs; il fallait donc prévoir que ce qu'on voyait dans le viseur serait en partie amputé sur le produit final. Comme dans les appareils reflex, cela impliquait la même différence de hauteur entre le viseur et l'objectif, mais sans le jeu de miroirs qui permettait de renvoyer dans le viseur une image fidèle de ce qui serait capté.

Tout ceci fut vachement révolutionnaire, à un moment donné.

À une époque immémoriale, je faisais de la photo argentique et c'était un réel défi.

D'abord, l'appareillage était bougrement lourd. Un simple objectif muni d'une focale le moindrement honorable pouvait facilement peser de 500 à 600 grammes. Et c'est sans compter le boîtier...

Allez, pendez-vous ça au cou pendant des heures, vous verrez!!!

Puis c'était capricieux, spécialement lors de grand froid. Le déclencheur restait souvent gelé à l'époque où l'on vivait de vrais hivers.

Comme tout était mécanique, parfois on éprouvait de la difficulté à rembobiner. Si on négligeait d'enfoncer un petit bouton, on risquait de déchirer la pellicule; il fallait être attentif aux moindres sons émis par notre petite boîte à images.

Tout plein de trucs et de boutons à ajuster...

Et puis je ne vous parle même pas du développement!

Bref, il fallait être drôlement passionné pour s'adonner à cet art car c'était DIFFICILE.

J'aime les choses difficiles.

C'est ce qui fait que je m'apprête à incorporer de la belle pellicule sensible dans mon beau Konica Autoreflex TC et de me lancer dans le beau risque de me péter la gueule avec ce magnifique jouet que je n'ai pas utilisé depuis au moins 10 ans.

Le pire est que je ne saurai pas tout de suite si je me suis pétée la gueule. Nous ne sommes pas dans l'instantanéité (j'adore ce mot) du numérique.

Il y avait beaucoup d'anticipation dans l'argentique.

Et de déception.

Mais on éprouvait surtout un réel mérite à savourer le produit final. Quand il était fabuleux, ce résultat était réellement attribuable au doigt sur le déclencheur et non à un quelconque logiciel de calibration.

C'est le plus beau dans les choses difficiles: elles nous forcent à nous dépasser, à donner le meilleur de nous.

Prendre le risque de se péter la gueule à toujours vouloir se pousser dans le cul. Après tout, on aura toujours la consolation d'avoir essayé plutôt que d'être resté tapi dans le coin à douter et à craindre.

Je donne dans les défis ces temps-ci. Je vous en souhaite tout plein.

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