samedi 1 mai 2010


Notre-Dame-de-la-Nuit.

Quelque chose pousse «la fille qui devrait pas sortir seule tard tard le soir» en moi à aller errer à la recherche de l'image qui lui procurera le plus gros orgasme visuel jamais atteint.

La chose est grisante.

Je ne sais par contre pas nommer cette sensation. Disons que la photo me procure la toute-puissance, l'invulnérabilité de l'adolescent idiot qui croit que rien n'est à son épreuve.

Quand je sors traquer, tout devient strictement un PLAN.

Ma réalité change. Je ne perçois plus les autos qui roulent, les déchets dans le recoin ni les feux de circulation pour ce qu'ils sont, soit très certainement de vulgaires marques d'urbanité. Tout devient un potentiel de capture, d'immortalité. J'ai pris l'habitude de désigner mes escapades photographiques sous le vocable de safari.

Je chasse. Je veux m'approprier, dominer mon environnement, le marquer, le changer irrémédiablement.

Mais bien que le geste en soit un d'éminemment solitaire, j'ai BESOIN d'en communiquer le produit métamorphosé.

C'est une pulsion que je me suis avouée. Je ne cherche pas à la maîtriser, ni à en être guérie. Je choisi de capituler.

Quand on rencontre quelque chose plus grand que nature, on s'y soumet.

Mais à chaque fois que je capte, je pense à mon père.

Un inconnu.

Il n'a jamais été là pour avoir tort ou raison; la gamine ne se rappelle que de l'artiste dont la folie lui faisait peur. Il existe bien quelques bribes rapportées de cet homme torturé et tortueux mais rien pour défaire le mythe qu'elle a bâti autour de lui.

Son ADN teinte tout ce que je suis.

Pour le meilleur et bien entendu aussi pour le pire.

Mais je me souviens certes de son intensité. C'est son plus bel héritage.

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