dimanche 28 juin 2009

Quand j'étais gamine, j'adorais devoir aller dans le métro. Lorsque je vivais à Longueuil, St-Hubert ou Boisbriand et que ma maman me traînait dans la grande ville, ça m'impressionnait vachement. De plus, on se tapait la ligne jaune ce qui faisait en sorte que je croyais que toutes les stations étaient sous le niveau de la mer et que ça prenait toujours une éternité pour se rendre à la suivante.

Je collectionnais les transferts de métro, vous savez ces bouts de papier longilignes et grisâtres en voie d'extinction, avec une heure et un nom de station??? Je me rappelle aussi que les adolescents faisaient des blagues sur le texte qui figurait jadis à l'endos de la correspondance; on devait remplacer chaque "correspondance" par "prostituée" et c'était censé être hilarant.

Adolescente, j'allais régulièrement passer des après-midis complets à visiter des stations. J'étais plutôt solitaire, et donc ça me convenait. Pourtant, c'était avant les baladeurs et la ligne bleue et néanmoins, ça me comblait. Je regardais les gens, le design des bancs à chaque station. J'adorais par-dessus tout l'ODEUR du métro. C'est d'ailleurs toujours aussi évocateur pour moi; c'est comme sentir la pitoune qui flotte dans le Lac St-Jean, ça me ramène à des moments précis.

Il y a d'abord le souvenir de mon premier copain qui s'amusait à se promener entre les wagons à travers les portes frontales (ce qui est prodigieusement interdit) et dieu que je le trouvais rebelle! Y'a aussi ma première cuite, assise par terre, de peur de me vider partout si je reste debout. Puis le souvenir précis d'avoir attendu 45 minutes au métro Atwater, à me demander pourquoi on peut bien vouloir se suicider. Puis y'a l'anticipation qui me gagnait à chaque fois que je débarquais au métro St-Laurent pour me précipiter chez Dutchy's Record Cave à me demander quel nouveau vinyle de musique de fuckés j'allais bien pouvoir me procurer cette semaine-là. Je n'oublierai pas non plus le métro Viau dont la 132 faisait un 180 degrés avant d'embarquer sur Pierre-de-Coubertin pour me ramener dans mon St-Léonard lointain. Mais surtout, y'a le souvenir marquant de m'être perdue à la Station Champ-de-Mars, toute seule à 9 ans, avoir paniqué, m'être calmée pour ensuite me rendre compte que j'avais juste pas pris la bonne direction et avoir ensuite été très fière de moi. Ouf, j'ai détesté la station Champ-de-Mars pendant longtemps... Elle me donne encore des palpitations à l'occasion...

J'aime profondément notre métro mais je déplore de ne plus pouvoir y passer des après-midis comme avant. Trop de monde. Parfois, l'envie me prend de m'y remettre, mais ce n'est envisageable qu'un dimanche après-midi où la fréquence de passage des trains est très faible.

Mais l'odeur est toujours là.

4 commentaires:

  1. Cette odeur proviendrait de l'huile d'arachide utilisée pour traiter les sabot en bois des freins des wagons de métro.

    http://www.metrodemontreal.com/faq/index-f.html

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  2. Je sais pas pourquoi mais c'est la notion de sabot en bois qui m'impressionne dans l'explication.

    Par ailleurs, connaissant l'amour démesuré du Québécois moyen pour les arachides, ça ne m'étonne guère plus que ça puisse me troubler.

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  3. Tu devrais essayer une petite prestation lyrique dans le dernier wagon de la ligne Longueuil-Berri... Un sentiment de liberté indicible...

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  4. Un témoignage???? J'en comprends alors que ça puisse juste être un commentaire anonyme...

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